Accompagner

  • Aide alimentaire

Ukraine : des chemins de l’exode au chemin de l’école

Mis à jour le par Olivier Vilain
Céline l’institutrice se penche pour rassurer Viatchelav, anxieux au moment de faire ses premiers pas à l'école française, avec son frère Egor, sous le regard de sa mère Dariaa et de Tatiana, bénévole au Secours populaire.

Tatiana et Marie accueillent à Périgueux une dizaine de réfugiés ukrainiens, avec l’aide du Secours populaire. Des femmes et des enfants, car les hommes sont restés au pays. Nourriture, vêtements, jouets, fournitures scolaires, démarches administratives, loisirs, tout est fait pour repousser les traumas de la guerre, y compris accompagner les enfants durant leur rentrée scolaire dans une école française.

Depuis plusieurs nuits, Milana, 5 ans, et ses parents se sont réfugiés dans la cave de leur maison. Le père est assis sur un matelas de fortune, en face de la petite fille qui lui passe ses bras autour du cou. Elle le regarde avec ses yeux bleus, à la fois incrédule et triste. Il la regarde, l’embrasse, lui parle doucement : il lui dit au revoir ; tout ira bien ; il ne faut pas qu’elle s’inquiète, ils se reverront quand la guerre sera finie, dans une semaine ; une semaine ce n’est pas long, ce n’est rien… En vertu de la loi martiale, il doit rester pour défendre leur ville, Netishyn, située entre Kiev et la frontière polonaise, à une heure de route de la Biélorussie. Milana part tout à l’heure avec sa mère Oksana se mettre à l’abri en France, à 3 000 kilomètres de là, alors que les bombardements s’intensifient tout autour de chez eux, à deux pas de la centrale nucléaire. Malgré le froid, malgré le danger et la peur, Oksana ne veut pas partir, mais son mari finit par la convaincre : « Tu mets Milana à l’abri, une semaine ce n’est rien… » La télévision ukrainienne dit la même chose, la victoire est proche.

Elles sont arrivées en Dordogne sans rien. Rien. Juste les habits qu’elles portaient (…) Il en arrive en permanence.

Christine Bernard, secrétaire générale du Secours populaire à Périgueux

Ce n’est qu’une fois arrivées à Périgueux que la mère et la fille ont compris que personne ne pouvait savoir quand s’arrêteront les combats ni ce qui restera de leur région, de leur pays et qui elles pourront revoir. Comme plus de 3 millions de leurs compatriotes, Milana et Oksana ont traversé le continent. Certains allant même retrouver de la famille établie au Royaume-Uni ou au Portugal. Au total, près de 10 millions de leurs concitoyens ont fui les bombardements et les pénuries d’eau, de nourriture, d’électricité ou de chauffage. Il fait moins 8 la nuit à cette période de l’année dans les plaines du ‘‘grenier à blé de l’Europe’’.

C’est la première fois que la jeune famille se sépare. Chaque soir, Oksana appelle son mari, avec Milana sur ses genoux. Ils échangent les dernières nouvelles du pays, s’assurent que tout va bien, malgré la guerre. Surtout, le père souhaite une bonne nuit à sa fille avant qu’elle ne s’endorme. Oksana évite de revoir sur son téléphone la vidéo des adieux dans la cave… Mieux vaut ne pas penser que c’était peut-être la dernière fois que sa fille serrait son père contre elle… Les dessins de la petite trahissent ses angoisses : on y voit un avion aux contours arrondis, avec des ailes qui dépassent. En dessous, deux ronds menaçants en tombent et se rapprochent d’un toit pentu, crayonné de deux traits ; et dans la maison croquée en quatre lignes, deux personnages, des bâtons surmontés d’un cercle, descendent les trois marches d’un escalier. « Ils vont dans la cave », raconte Milana. Sur d’autres dessins figurent des hommes qui saignent par terre.

Adieux déchirants et peur de ne pas revoir ses proches

« Elles sont arrivées en Dordogne sans rien. Rien. Juste les habits qu’elles portaient », témoigne Christine Bernard, secrétaire générale du Secours populaire dans le département. Rien qu’à Périgueux, les bénévoles de l’association accompagnent 8 familles venues d’Ukraine en catastrophe, comme Oksana et sa fille ; d’autres villes du Périgord en accueillent aussi. « Il en arrive en permanence », ajoute la responsable qui a organisé de nombreuses collectes afin d’avoir les moyens d’agir ici auprès des réfugiés, mais aussi de monter les premières missions humanitaires au plus près de la frontière ukrainienne. Les collectes, aussi bien locales que nationales, permettent aussi de soutenir les partenaires du Secours populaire en Pologne et en Moldavie, qui font face à une situation inédite, ainsi que son partenaire en Ukraine même qui agit auprès des déplacés.

Tatiana, son mari (absent) et David ont fait de la place pour accueillir des membres de leur famille (la mère de Tatiana hors-champ).

Tatiana, son mari (absent) et David ont fait de la place pour accueillir des membres de leur famille (la mère de Tatiana hors-champ).


Cette solidarité est indispensable : « Ils ont besoin de tout. De l’alimentaire aux cours de langue, ou l’organisation de moments pour se détendre et penser, un moment, à autre chose qu’aux proches qu’ils ont laissés là-bas », souligne encore Christine. A côté d’elle, Tatiana approuve. Comme son accent le laisse entendre, elle aussi est ukrainienne. La jeune femme de 38 ans a un secret expliquant son excellente maîtrise du français. « En m’obligeant à pratiquer tous les jours, je peux dire que le bénévolat m’a fait beaucoup progresser. Au début, je paniquais un peu, je ne comprenais pas ce que ‘‘les collègues’’ (rires) me disaient. » Il faut dire qu’elle est bénévole depuis qu’elle est arrivée à Périgueux en 2015, un an après le début du conflit dans l’est du pays, au Donbass principalement.

Je leur ai dit de venir tout de suite, je ne peux pas promettre que tout sera facile ici, mais ils ne seront pas sous les bombes.

Tatiana, bénévole au Secours populaire, arrivée en 2015 et toujours pas régularisée

Oksana et Milana ont retrouvé, dans le logement social qu’occupe Tatiana, au Grenadières, le quartier populaire près de l’hôpital, des membres de leur famille, qui vivent là depuis quelques semaines. Marie, l’amie de Tatiana, accueille une autre partie de la famille, dans le quartier pavillonnaire, situé sur les hauteurs, de l’autre côté de la gare. Celles-ci totalisent une dizaine de femmes, des petites filles aux grands-mères, et de jeunes garçons. Tous les hommes sont restés pour continuer à travailler, pour éloigner les pillards de leur maison ou pour « défendre le pays ».

Quand l’invasion a commencé. Tatiana a été tout de suite prévenue par une amie au petit matin : « Ça tire partout, ça bombarde ! » Elle a immédiatement appelé sa famille pour savoir si quelqu’un était en danger. L’une de ses craintes est que la centrale soit bombardée [une crainte qui semble pouvoir être écartée tant les répercussions seraient catastrophiques]. « Je leur ai dit de venir tout de suite, se rappelle Tatiana, en regardant et la sœur aînée d’Oksana, Alona (37 ans), et leur mère Katerina (59 ans) préparer le dîner, même si je ne pouvais pas leur promettre que tout serait facile en France car moi-même je n’ai toujours pas été régularisée depuis 2015 ; et sans papiers, tu ne peux pas travailler. Mais au moins, ils ne seront pas sous les bombes. » En Ukraine, Tatiana était ingénieure-chimiste à la centrale nucléaire de Netishyn, le principal employeur de la région. Elle y retrouvait chaque matin une partie de sa famille, qu’elle recroisait en général le soir dans son quartier ou ses environs.

Des familles parlant aussi bien le russe que l’ukrainien

La femme de 38 ans a fui l’Ukraine en 2015, avec son mari et son fils. « Quand les combats ont éclaté à l’est, nous avons cru que la guerre civile allait s’étendre partout. Et mon mari ne voulait pas prendre les armes contre ses cousins russophones, c’était hors de question. » Loin des représentations schématiques courantes, les deux langues sont parlées dans la plupart des familles. « Une partie de ma famille est russe et vit en Russie. Ce n’est pas le cas pour mon mari, mais c’est très fréquent. Bon, en ce moment, on n’arrive plus à discuter, quand je leur raconte ce qui arrive aux Ukrainiens, ma famille ne me croit pas. » Les nouvelles du front et les grilles de lectures s’opposent totalement. 

Oksana et Alona discutent des affaires dont elles ont besoin pour elles et leurs enfants. Elles sont parties sans rien. "J'ai tout laissé derrière moi. Tout. Mon mari, mon père, ma maison, mon pays", confie Oksana.

Oksana et Alona discutent des affaires dont elles ont besoin pour elles et leurs enfants. Elles sont parties sans rien. « J’ai tout laissé derrière moi. Tout. Mon mari, mon père, ma maison, mon pays », confie Oksana.


En attendant qu’elle se réconcilient, la vie à Périgueux bat au rythme des informations provenant en permanence d’Ukraine. Alertes, cérémonies funéraires et défilés militaires tournent en boucles sur la télévision nationale. Tout le monde partage à ses proches les dernières vidéos sur les réseaux sociaux. Tatiana a créé un groupe de discussions pour relier toute la famille sur la messagerie Viber. Elle a aussi téléchargé une application qui lui annonce quand, là-bas, les sirènes donnent l’alerte, lorsqu’un bombardement est imminent. Elle envoie un message à tous les membres de la famille, s’assurant que tout le monde est prévenu, puis à l’abri. Les messages fusent. Certains se font attendre. L’angoisse dure de longues minutes. Au fur et à mesure, tout le monde la prévient : ils sont vivants. « J’étais à la mairie l’autre jour, l’alerte m’a saisie. Je me suis mise à pleurer. J’étais incapable de faire quoi que ce soit, sauf pleurer. Je ne dois pas pleurer sinon toutes les femmes s’y mettent et, par contrecoup, les enfants aussi. Il ne faut pas que je pleure. »

J’ai tout laissé derrière moi. Tout. Mon mari, mon père, ma maison, mes voisins, mon travail, mes 30 années de vie.

Oksana, partie avec sa fille Milana

Cela faisait sept ans qu’elle n’avait pas vu un seul membre de sa famille. « Ah, je rêvais de voir ma famille. Ça aurait été la première chose que j’aurais faite si j’avais eu mes papiers, soupire Tatiana. La voir, oui, mais pas dans ces conditions, ça non ! Mais, au moins, ils sont à l’abri ici. » Dans son appartement très clair, qui offre une vue sur les toits de la ville et sur les coupoles byzantines de la cathédrale Saint-Front, il a fallu faire de la place. Au fond, son ado de 13 ans, David, dort dans sa chambre. Le matelas au sol, entre la porte et le bureau, c’est pour Milana. Dans le salon, Oksana et Alona se couchent chaque soir sur les imposants matelas qui empêchent tout mouvement, tandis que leur mère Katerina occupe le divan. La chambre près de l’entrée est réservée pour Tatiana et sa mère, un petit bout de femme de 80 ans qui se déplace difficilement, le dos vouté, jusqu’à la salle de bain et qui préfère rester au calme la journée, porte fermée. Les tout premiers jours, il y avait cinq à six personnes de plus avant que Marie ne les héberge. « Mon mari s’est arrangé pour dormir chez un ami, sinon je ne sais pas comment on ferait. »

Dès le début de l’invasion, Christine a appelé Tatiana pour lui assurer que le Secours populaire allait tout faire pour accueillir les réfugiés ukrainiens, comme l’association le fait depuis toujours, qu’ils soient syriens, africains de l’Ouest, obligés de traverser les périls de la Méditerranée, afghans, albanais, érythréens, etc. Repas, vêtements, aide administrative, cours de français, etc., et surtout beaucoup de chaleur humaine. Grâce à l’association, Tatiana, son mari et leur fils ont même été passer un séjour à Disneyland Paris pour souffler, un peu après leur arrivée. « L’appel de Christine m’a soulagée parce que j’avais dix personnes qui arrivaient chez moi et je ne savais même pas comment j’allais les nourrir. » Son mari multiplie les petits chantiers, en Dordogne, à Bordeaux, à Paris, ou s’occupe des jardins de particuliers, afin de payer le loyer et subvenir aux besoins de la famille. « Quand on n’a pas assez, des amis français nous aident. »

Denrées, vêtements, fournitures scolaires, ordinateurs, aide aux démarches administratives, cours de français…

Quelques jours après leur arrivée chez Tatiana, tout le monde se retrouve au vestiaire du Secours populaire. Avec les bénévoles, Dariia, Katerina et Alona choisissent de quoi préparer l’arrivée des beaux jours. Marie propose des t-shirts, des chaussures à Oksana. Les deux sœurs discutent d’un pantalon et des affaires à prendre pour les enfants. « J’ai tout laissé derrière moi. Tout. Mon mari, mon père, ma maison, mes voisins, mon travail, mes 30 années de vie », soupire Oksana qui n’a eu, avec Milana, que 40 minutes pour se préparer à partir, juste le temps de prendre quelques vêtements et de quoi manger un peu pour le début de leur périple. Dans les allées du vestiaire, les enfants trouvent des jouets, des bonbons. Milana prend des poupées. Viatchelav, le fils de 5 ans de Dariia, met un masque, qu’il montre tour à tour à tous les adultes, et joue avec sa nouvelle épée. Un moment d’insouciance. « J’ai apporté des slips de bain et des entrées pour la piscine municipale. Demain, on verra pour les inscriptions au sport et à la danse », indique la secrétaire générale du Secours populaire. Daria et ses fils sont très contents. Ils ont hâte de pouvoir piquer une tête et se défouler. Avant de repartir chez Tatiana et Marie, les deux ados, Sacha et sa cousine, n’en croient pas leurs yeux. Christine donne à chacun un ordinateur. « De quoi pouvoir continuer à étudier », se réjouit cette dernière avec Tatiana.

Pour se mettre à l'abri, Katerina, Alona, Oksana et Milana viennent de parcourir 3000 km. "Les avions bombardent toutes les nuits pour nous empêcher de dormir".

Pour se mettre à l’abri, Katerina, Alona, Oksana et Milana viennent de parcourir 3000 km. « Les avions bombardent toutes les nuits pour nous empêcher de dormir ».


Durant toute leur traversée de l’Europe, Oksana et les autres ont été sans cesse étonnés de recevoir autant de solidarité. Dans les bouchons causés par l’afflux de voitures à la douane, des riverains et des ONG venaient leur proposer à boire et à manger. De l’autre côté de la frontière, les associations – avec le soutien de partenaires comme le Secours populaire – étaient très organisées. La jeune mère de famille et sa fille ont d’abord dormi dans un gymnase aménagé, puis sur le site d’une usine automobile à Varsovie. Direction Dresde, une ville ayant été rasée en 1945. Là-bas, une Allemande et une Française les hébergent. Puis, elles trouvent un car jusqu’à Strasbourg. Là, un c’est un couple, très ému, qui les accueille chez eux. « Pendant tout ce temps, j’étais avec elles au téléphone pour assurer la traduction », rapporte Tatiana, toujours sur la brèche. Le couple prend toujours des nouvelles de ses protégés et leur a fait savoir récemment qu’en cas de besoin sa porte était toujours ouverte. « Toute cette aide, cette solidarité, c’est tout à fait inattendu pour moi », indique Oksana. D’autant que, comme le dit Tatiana, le bénévolat est très peu développé en Ukraine.

Nous sommes allés dans une agence d’intérim pour que les trois adultes s’y inscrivent. Elles veulent travailler.

Marie héberge une partie de la famille de Tatiana et se démène

Avec toutes les démarches à faire, les réfugiés et les bénévoles de Périgueux ont des journées bien remplies. « La priorité, c’est un logement, du travail et un numéro de Sécurité sociale pour pouvoir se soigner », relève Marie. La mère de Tatiana et Katerina ont des douleurs au dos et au ventre. Il faudra les emmener consulter à l’hôpital, assez vite. Tatiana va les accompagner mais ne sait pas comment être sûre de ne pas avoir une facture énorme à acquitter. Marie emmène les cinq personnes qu’elle héberge à la préfecture. Elles ressortent toutes avec une attestation de demande d’asile et un numéro de Sécurité sociale. « En sortant, nous sommes allés dans une agence d’intérim pour que les trois adultes s’y inscrivent. Elles veulent travailler. Le plus vite sera le mieux, on pourra comme ça déposer une demande de logement social », indique Marie, toujours en courant car les démarches n’arrêtent pas. Inférieure au RSA, leur indemnité de demandeuses d’asile est insuffisante pour obtenir un HLM.

Il faut aussi s’occuper spécifiquement des enfants. La veille, Marie avait fait visiter à Dariia et à ses deux garçons l’école Saint-Martin pour préparer leur rentrée scolaire. « Viatcheslav, pleurait, il refusait d’entrer dans la classe, il appréhende d’être séparé de sa mère », confie Marie. Le soir, le petit pleure encore : il a peur de rester seul à l’école, de ne pas avoir de copains. Sa mère le rassure comme elle peut. Le lendemain matin, toute la famille est prête à l’heure. A 8h, tout le monde monte dans la voiture de Marie, qui démarre, direction le centre-ville et l’école Saint-Martin. Le rectorat a en effet donné des directives pour que les enfants ukrainiens soient scolarisés facilement dans toute l’académie, aussi bien dans le public que dans le privé. « J’ai un peu peur », dit en lançant un regard un peu perdu Egor, qui a deux ans de plus que son frère. Devant le porche de l’école, Céline, l’institutrice, et Myriam, la directrice, attendent les enfants, avec le sourire. Céline se baisse vers Viatcheslav, lui parle doucement dans cette langue qu’il entend depuis dix jours, en lui caressant doucement la joue. Elle le rassure.

Le matin, Viatcheslav et Egor appréhendaient de ne pas avoir de copains avec qui jouer à l’école française

Au bout d’une petite dizaine de minutes, le temps que Dariia et ses fils soit prêts, le moment de se séparer est venu. Myriam est allée chercher des enfants. Une ribambelle de garçons et de filles se tenant par la main arrive avec la directrice et vient accueillir leurs deux nouveaux copains et les entraîne dans la cour. Dariia les regarde longuement s’éloigner. Tout a été organisé au mieux pour cette rentrée des classes particulière : il y a dix jours, ils jouaient encore avec les enfants de leur quartier et n’avaient encore jamais entendu parlé français. « Ils avaient peur de me quitter pour la journée, déjà qu’ils sont séparés de leur père et d’une partie de leur famille. Mais, le premier jour à l’école française, c’est bien pour eux, alors je ne suis pas triste », raconte leur mère, néanmoins émue.

Viatchelav et Egor sont arrivés dans un magasin de jouets ? Non, au vestiaire du Secours populaire. Un moment d'insouciance qui ressemble à leur vie d'avant. Peut-être pourront-ils le raconter à leur père et à leurs copains, quand tout sera fini ?

Viatchelav et Egor sont arrivés dans un magasin de jouets ? Non, au vestiaire du Secours populaire. Un moment d’insouciance qui ressemble à leur vie d’avant. Peut-être pourront-ils le raconter à leur père et à leurs copains, quand tout sera fini ?


Le Secours populaire a apporté les fournitures scolaires. Droit à la scolarisation, développement de l’enfant, etc. Cette scolarisation était la seule bonne décision et les deux frères vont très vite se sentir à l’aise dans leur nouvel environnement, c’est le pari de Marie : « Souvenez-vous comment vous réagissiez quand la maitresse vous annonçait que des nouveaux copains ou copines allaient arriver dans la classe ! » Le pari est réussi. Le lendemain, les deux garçons ont quitté leur mère sur le seuil de l’école, en courant joyeusement. Depuis, l’institutrice envoie à leur mère des photos rassurantes des garçons les yeux rigolards en train de brandir des girafes en carton qu’ils ont découpées et décorées.

Faire leur entrée à l’école française est néanmoins ambivalent pour ces réfugiés. Elle marque la rupture d’avec leur ancienne vie. Et annonce concrètement que la crise actuelle pourrait durer bien au-delà du mois d’avril, contrairement aux annonces du gouvernement ukrainien que suivent assidument sur leur téléphone portable toutes les réfugiées. Toutes rêvent de repartir. « Je veux revoir mon mari le plus rapidement possible, que ce soit chez moi ou ici », souffle Oksana. Le retour peut être compliqué. Tatiana a déjà eu le temps de se confronter à ce problème qu’affronte chaque exilé. Lorsqu’elle a compris que la guerre civile générale qu’elle redoutait n’avait pas lieu, cette dernière s’est demandée si elle n’allait pas retourner vivre dans son pays. « Mais, c’est difficile maintenant que mon fils est à l’école française, qu’il a ses amis, ses copines et qu’il parle mieux français qu’ukrainien. » ♦♦♦



Les bénévoles répondent aux nombreux besoins dans tout l’Hexagone

Dans toute la France, les bénévoles du Secours populaire français se mobilisent pour faciliter la vie des réfugiés. Ils ont apporté des produits d’hygiène, spécialement pour bébés (pour 40 Ukrainiens dans les Yvelines, en Côte-d’Or auprès de 150 réfugiés). En Seine-Saint-Denis, les bénévoles du Blanc-Mesnil et ceux de Loire-Atlantique, ont apporté des denrées alimentaires et des produits d’hygiène, respectivement auprès de 150 réfugiés et de ceux hébergés dans un centre de vacances VVF près de Nantes.
Lorsque les réfugiés sont hébergés chez des particuliers, des membres de leur famille souvent, les bénévoles proposent aussi du mobilier, du petit électro-ménager, de la vaisselle et des jouets pour les enfants, comme en Ardèche à Viviers où la joie illuminait « les yeux et les visages des enfants et de leur mère ». En Corse, c’est le même type d’aide, ainsi que dans les Hautes-Pyrénées où en plus des cours de français sont mis en place, tout comme dans la région de Nice. « L’accueil des réfugiés est inscrit dans notre histoire depuis (…) l’accueil des réfugiés espagnols fuyant la dictature de Franco », rappelle Jean Stellittano, le secrétaire général des Alpes-Maritimes (Nice-Matin, 23.03.22), qui rappelle que des colis alimentaires sont à disposition pour les 600 réfugiés accueillis dans la commune. Dans le Béarn, l’accent est mis sur la communication avec les proches avec la distribution de téléphones mobiles et de cartes SIM.

Documents à télécharger