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Les « Copain du Monde » collectent dans les rues de Bordeaux

Mis à jour le par Olivier Vilain
Mégane, "copine du Monde" de 13 ans, s'active pour collecter des fonds. "Le Secours populaire a beaucoup aidé ma famille. C'est normal de m'impliquer."

Loin des clichés, la jeunesse est solidaire. Dans la grande rue commerçante de Bordeaux, Malina, 12 ans, Margot et Mégane, 13 ans chacune, ont proposé aux passants de contribuer à la grande collecte nationale du Secours populaire, le Don'actions. « Chaque euro donné lui apporte les moyens d’organiser la solidarité », se réjouit Mégane.

Un lundi après-midi de février, les clubs « Copain du Monde » de Bordeaux et de Pauillac (Gironde) se sont donné rendez-vous dans le centre-ville de la métropole qui borde la Garonne. Les trois jeunes filles, et trois bénévoles adultes qui les accompagnent, descendent du tram place de la Bourse, célèbre pour son architecture qui rappelle celle de Versailles, avec ses façades luxuriantes se reflétant dans de larges miroirs d’eau. « Pour cette 30e année du mouvement « Copain du Monde », les enfants « Copain du Monde » en Gironde ont décidé d’être présents sur toutes les campagnes du Secours populaire (Don’actions, Monde, Vacances, Pauvreté-Précarité et Noël) », explique Annie, sa responsable. Dans le département, ils sont 17, « très investis car ils répondent toujours présents quand il y a une initiative ».

Pour chaque initiative, les adolescentes de « Copain du Monde » répondent toujours présentes

Le groupe s’engouffre dans la grande rue commerçante de la ville et bifurque dans la Promenade Sainte-Catherine, qui réunit une trentaine de magasins autour d’une grande cour intérieure. A l’étage, un barnum aux couleurs du Secours populaire a été dressé pour protéger les bénévoles des averses qui font des apparitions régulières durant tout l’après-midi ; tandis qu’au bas des escalators, des familles mangent à l’abri de terrasses couvertes. Annie fait une dernière fois le point avec les jeunes filles. Elle pointe un stylo vers le carnet de tickets-dons, qu’elle vient d’ouvrir en grand sur la table : « Quand quelqu’un se décide pour un ticket-don, vous mettez bien sur le talon son nom, son adresse et son numéro de téléphone. » Malina, Margot et Mégane hochent la tête et s’égaillent vers les badauds qui font du lèche-vitrines.

Bordeaux Copain du Monde Don'actions

Martine (au premier plan) a convaincu la petite Lizzy et sa grand-mère de contribuer au Don’actions.


Cheveux blonds mi-longs, masque chirurgical qui laisse voir ses grands yeux bleux, Lizzy s’arrête au stand du Secours populaire. La petite de 10 ans est en vacances chez sa grand-mère pour quinze jours. Elles sont venues voir le magasin Lego, dont la tour jaune surplombe la Promenade Sainte-Catherine. Sa grand-mère a pris deux tickets-dons après avoir écouté les enfants lui parler de « Copain du Monde ». « Tu vois Lizzy, je l’ai fait pour que tu te souviennes que tous les enfants n’obtiennent pas tout, tout de suite », dit-elle en s’éloignant.

Collier de coquillages au ras-du-cou et bracelets brésiliens aux poignets, Mégane s’éloigne avec Annie vers un groupe de passants. A 13 ans, elle est membre de « Copain du Monde » depuis déjà 5 ans. « Je le suis devenue parce que j’aime aider les autres et quand je suis arrivée en France, le Secours populaire a beaucoup aidé ma famille : nourriture, vêtements et même vacances car je suis partie en colonie – et c’était vraiment bien ! Alors, je sais que c’est important de s’impliquer » La situation de sa mère, désormais caissière, et de son père, qui travaille dans le BTP, s’est beaucoup améliorée depuis leur départ d’Albanie.

Expulsés, Mégane, son frère et sa soeur, ont dormi deux mois sous une tente, à Bègles

Mégane et sa famille sont passées par des moments très durs. « Un jour sa mère m’appelle, se souvient Annie, pour m’apprendre qu’elle venait d’être expulsée de leur appartement pour un problème purement administratif. Je me souviens que je pleurais au téléphone, et ça devait s’entendre dans ma voix. » Mégane, son frère et sa sœur ont dormi pendant deux mois sous une toile de tente, à Bègles. Les parents ne se sont pas laissés abattre, « c’est pas le genre », raconte encore Annie, admirative. A côté d’elle, Mégane fredonne des chansons de « vieux » groupes anglais et des titres plus récents de Renan Luce.

Bordeaux Copain du Monde Don'actions

Collecte de rue, le 14 février, à Bordeaux dans le cadre du Don’actions, la collecte nationale du Secours populaire. Le stand de l’association était bien visible.


« Je suis fière de moi, j’ai convaincu deux personnes de prendre des tickets-dons », lance Margot, un peu plus loin. La jeune fille, débordant de joie de vivre, est venue de Pauillac, avec sa sœur Malina et Martine. Cette dernière a créé dans cette petite ville de 5000 habitants un club « Copain du Monde » en juin dernier. « J’aime en faire partie, dit Margot, qui a enfilé un large t-shirt aux couleurs de « Copain du Monde », parce qu’on m’y écoute. On a pour projet de faire pousser des fleurs dans les jardins solidaires de Pauillac. Ensuite, on les vendra pour payer un petit séjour de 4 jours dans les Pyrénées. »

Le Don’actions représente 50 % du budget de fonctionnement du comité de Pauillac. Les bénévoles ont déjà prévu une soirée dansante le 26 février, à la salle des fêtes, et de livrer des sarments de cabernet, pour les grillades, jusqu’à la fin mars, afin de continuer à collecter. « Ça nous procure plusieurs milliers d’euros qui sont les bienvenus pour venir en aide à 45 familles par semaine », détaille Martine : 45 familles, c’est moitié plus qu’avant le Covid-19. La plupart des personnes suivies par le Secours populaire local sont des retraités pauvres, des jeunes sans emplois, auxquels s’ajoutent des saisonniers de passage. Des situations qui touchent Martine, dont la pension n’est pas non plus très épaisse. « Ah, oui, je continue à faire les vendanges pour arrondir les fins de mois, obligée... »

Le comité de Pauillac aide 50 % de familles en plus depuis l’arrivée du Covid-19

A la fin de la journée, les filles discutent entre elles. La collecte a été dure. Il a plu et les gens n’avaient pas tous envie de s’arrêter. « Pas facile dans ces conditions », dit-elle dans un sourire. Mais elle l’a dit, elle sera là à la prochaine action des « Copain du monde » et y retrouvera ses deux copines. Comme elles, indiquait en 2019 le baromètre de la pauvreté d’Ipsos et du Secours populaire, 60 % des enfants souhaitent rejoindre un mouvement de solidarité comme « Copain du Monde ».

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