La solidarité, notre Terre commune

Mis à jour le par Pierre Lemarchand
Éleveuse nigérienne avec son troupeau, soutenue par HED-Tamat, le partenaire local du Secours populaire. Dagaba, novembre 2021. ©ArtisanProd/SPF

Le Printemps de la solidarité mondiale porte, chaque année, la lumière sur les actions de solidarité internationale conduites, tout au long de l’année, par le Secours populaire et son réseau de partenaires à l’étranger. Ces associations locales, présentes dans environ 80 pays, viennent en aide, au plus près de leurs besoins, aux populations en difficulté.

L’année 2023 s’est illustrée par son lot de catastrophes (notamment les séismes en Turquie, en Syrie et au Maroc, les inondations en Lybie) mais aussi par une escalade des violences liées aux guerres qui ont embrasé de nombreuses parties du monde et jeté sur les routes des millions de personnes déplacées, ôté des vies et déchiré des familles. L’inflation a frappé les plus modestes des ménages pour les précipiter dans la pauvreté et la misère – le peuple libanais en éprouve depuis des années la terrible expérience. Dans ce contexte international, marqué en profondeur par les crises, la solidarité a tracé son chemin : celui d’une entente possible et d’une coopération à l’œuvre entre les êtres, par-delà ce qui, parfois, les divise – leur nationalité, leur confession, leur origine, leur orientation politique. La solidarité populaire est cette « Terre commune », sur laquelle les humains choisissent de semer d’autres graines que celles de la compétition, de la haine et du refus de l’autre ; sur laquelle ils entreprennent de cultiver la paix.

La solidarité est un acte de résistance, une alternative, la porte ouverte à de meilleurs lendemains.

Quand la guerre continue de faire rage en Ukraine, que le 7 octobre dernier a ouvert un chapitre inédit par l’ampleur de sa violence au Proche-Orient et inflige à la population de la bande de Gaza un calvaire pour lequel les mots manquent, que les habitants du Haut-Karabagh ont dû se résoudre à tout quitter pour se réfugier en Arménie, cette solidarité allume des feux dans le noir. Elle s’incarne en actes concrets qui, pour celles et ceux qui les reçoivent, sont irremplaçables, et est l’ambassadrice de valeurs qui sont un rempart contre les nationalismes et les xénophobies qui vont grandissant – en témoigne le nombre croissant d’actions d’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale (ECSI), conduites dans les lieux d’accueil du Secours populaire par ses bénévoles. De même, quand ceux-ci initient une collecte populaire pour une action de solidarité internationale, ils réunissent concrètement les fonds indispensables à la conduite d’un projet, certes, mais incarnent aussi, vives, les valeurs d’entraide et d’humanisme. La solidarité est bien un acte de résistance, une alternative, la porte ouverte à de meilleurs lendemains.

Protéger d’abord, accompagner ensuite, émanciper enfin : ces trois étapes sont celles d’une solidarité qui envisage les êtres par le prisme de tous leurs besoins et aspirations, appelle leur dignité.

Souvent née de et dans l’urgence, la solidarité populaire s’ancre ensuite dans la durée, dans un esprit d’émancipation de chacun et de développement des peuples. Ainsi, l’exemple de notre partenaire arménien Winnet est éloquent : si l’heure est, encore aujourd’hui, à la mise à l’abri et la reconstruction psychologique des familles déplacées de force du Haut-Karabagh, est déjà compté le temps de la réinsertion sociale et professionnelle, par la formation et l’accompagnement aux activités génératrices de revenus. Protéger d’abord, accompagner ensuite, émanciper enfin : ces trois étapes sont celles d’une solidarité qui prend le temps, envisage les êtres par le prisme de tous leurs besoins et aspirations, appelle leur dignité. Trois temps, comme l’on se relève progressivement, sûrement. 

Basée sur le tissage de liens étroits entre le Secours populaire et ses partenaires associatifs locaux (des femmes et des hommes qui connaissent mieux que quiconque la réalité du terrain, y agissent au plus près), elle permet, sur les cinq continents et quelque 80 pays, la mise en place de programmes qui améliorent durablement la qualité de vie des personnes en difficulté. Contribuer à la sécurité alimentaire des peuples (comme au Nicaragua ou en Côte d’Ivoire), promouvoir l’éducation et la formation (par exemple au Niger et en Serbie), permettre l’accès à l’eau et à l’énergie (ainsi, à Madagascar ou encore au Maroc) ainsi qu’aux soins (Cuba, Palestine, Haïti) : tels sont quelques exemples de programmes soutenus par le Secours populaire et mis en oeuvre par ses partenaires dans les différents pays.

La solidarité découle d’un souhait partagé de bâtir une société qui se fonde sur la justice sociale et qui s’attache à un égal accès aux droits humains et aux ressources qu’offre notre planète.

La solidarité découle d’un souhait partagé de bâtir une société qui se fonde sur la justice sociale et qui s’attache à l’égal accès de toutes et tous aux droits humains et aux ressources qu’offre notre planète. Justice sociale et justice environnementale sont deux luttes qui ne peuvent plus être conduites séparément : ce sont d’abord les plus fragiles qui sont frappés par les conséquences du dérèglement climatique. Ces enjeux communs sont le terreau de ce réseau mondial dans lequel s’inscrit le Secours populaire, où se partagent les savoirs, s’échangent les expériences, se concrétise l’entraide – ainsi, en février 2023, les premières denrées alimentaires et les premières couvertures que les sinistrés d’Alep et de Latakia en Syrie ont reçu de la part du Secours populaire leur ont été remis par les jeunes volontaires de son partenaire libanais, DPNA. Cet apprentissage mutuel se retrouve, entre autres, au cœur du projet des villages « Copain du Monde », où des enfants de pays différents se retrouvent pour échanger sur la solidarité et imaginer des actions concrètes pour construire un monde plus juste. En la toile tissée de ce réseau de partenaires, la solidarité n’y connaît aucune frontière et est inconditionnelle – nul ne saurait en être exclu. Celui qui reçoit et celui qui donne s’y fondent en un même geste, qui s’appelle l’humanité.