Quand la solidarité réconcilie les Humains et la Terre

Mis à jour le par Pierre Lemarchand
Ontora cultive son jardin, réhabilité après le passage du cyclone Amphan grâce aux efforts conjoints du Secours populaire et de son partenaire au Bangladesh, GK Savar. ©Munir Uz Zaman / SPF

Pour lutter contre la pauvreté, le SPF et ses partenaires internationaux s’appuient souvent sur des programmes d’agriculture. Ceux-ci relevent le défi de s’adapter aux conséquences du dérèglement climatique et promeuvent des pratiques vertueuses afin de protéger l’environnement.

Parmi les projets de solidarité internationale soutenus par le Secours populaire et conduits par ses partenaires locaux, nombreux sont ceux qui mettent en leur cœur le travail de la terre. Faisant écho aux travaux du millier de délégués qui se sont retrouvés au Congrès du SPF à Lyon à l’automne 2021 pour réfléchir à la poursuite d’une solidarité « populaire, durable et planétaire », ces programmes mettent les humains à l’initiative de leur développement et en harmonie avec leur environnement. Ils leur permettent de s’émanciper d’une condition souvent misérable tout en renouant un lien vertueux avec une planète meurtrie.

« Cultiver bio, c’est bon pour ma santé, celle de mes enfants, celle de ma famille » : Claudia, jeune paysanne accompagnée et formée par la coopérative salvadorienne La Canasta Campesina, brandit fièrement ses aubergines, laitues et ciboulette. Ivan, qui cultive une parcelle dans le même village pauvre de Comasagua, réalise son engrais avec des déchets 100% naturels. Tous deux vendent le surplus de leur production et augmentent ainsi leur niveau de vie. Et n’abondent plus l’exode rural, qui gonfle les poches de misère, de pollution et de délinquance des grandes villes. « La planète est notre bien commun. Il est donc de notre devoir de prendre soin d’elle où que nous vivions », semble répondre à Claudia Leydy Pech, présidente de l’association mexicaine Muuch Kambal, tandis qu’elle promeut une apiculture biologique. A ses côtés, les communautés mayas œuvrent à la valorisation des semences indigènes pour la production et la consommation de productions agro-écologiques, respectueuses de la biodiversité de la péninsule du Yucatán et génératrices de revenus pour les habitants.

Niger : HED-Tamat, un arbre dans le désert
Une éleveuse, soutenue par l’association HED-Tamat, auprès de son troupeau – Dagaba, Niger, Novembre 2021. ©ArtisanProd / SPF

Être résilient par rapport aux chocs environnementaux

« Les populations doivent abandonner certaines pratiques et en adopter de nouvelles qui leur permettent d’être résilientes par rapport aux chocs environnementaux, tels les sécheresses », avance Mohamed Akser de l’association nigérienne HED-Tamat, qui aide les populations touarègues à continuer de vivre du maraîchage et du pastoralisme dans un environnement soumis aux dérèglements climatiques grâce, notamment, à ses programmes d’accès à l’eau. L’AMSCID, dans le cercle de Yélimané au Mali, creuse le même sillon, quand il octroie des terrains aux femmes afin qu’elles puissent les cultiver, tout en bénéficiant de formation pour apprendre à lire, écrire et compter.

« Tandis que sortent de terres céréales, fruits et légumes s’épanouissent des humains dignes, émancipés. »

Tandis que sortent de terres céréales, fruits et légumes s’épanouissent des humains dignes, émancipés. Les personnes handicapées qui se voient offrir par l’association kosovare Handikos une serre peuvent elles aussi vivre dignement du fruit de leur travail et concourir à l’économie du foyer. Quand les bangladais de GK Savar permettent aux populations les plus pauvres de cultiver, pêcher et élever dans la forêt de mangrove des Sundarbans tout en respectant sa biodiversité, quand les cubains de l’ACPA aident de jeunes paysans à s’adapter aux sécheresses croissantes, cela procède d’un même respect : celui de la dignité humaine comme de l’environnement.

(Cet article a paru dans le numéro 375 de Convergence, le magazine d’information du réseau du Secours populaire français.)

Quand la solidarité réconcilie les Humains et la Terre
Une paysanne accompagnée par l’association salvadorienne La Canasta Campesina prépare la mise en vente de sa production – Comasagua, El Salvador, décembre 2018. ©Francis Roudière/SPF