Préservation de la planète, protection des droits humains

La dégradation de l’environnement est une bombe à retardement. Le Secours populaire intervient dans de nombreux pays pour protéger les populations des catastrophes climatiques et assurer un accès à l’eau et à l’autonomie alimentaire, tout en préservant les milieux naturels.

L'accès à l'eau occupe une part importante dans les programmes menés par le Secours populaire dans le monde.

Calais, près de l’entrée du tunnel sous la Manche. Jean-Marc Sergheraert, secrétaire du Secours populaire français de Lomme (Nord), arrête sa camionnette. Comme chaque mois, il a parcouru avec quelques bénévoles les 100 km qui séparent les environs de Lille de la « jungle », immense bidonville où survivent 6 000 migrants et réfugiés, dont beaucoup de mineurs totalement démunis. L’équipe du SPF décharge quantité de manteaux, de bonnets, de pantalons ou de paires de chaussures. « Ils nous ont été fournis par des gens soucieux de ne pas gaspiller les vêtements dont ils se séparent. Nous apportons ainsi aux réfugiés et aux migrants de quoi se réchauffer et conserver leur dignité », explique Jean-Marc Sergheraert. Afghans, Irakiens, Syriens, Érythréens et Soudanais sont arrivés dans le Calaisis après avoir fui la guerre et la répression. Les plus nombreux ont été contraints de trouver un abri dans une autre région de leur pays ou de se réfugier dans un pays limitrophe… La dégradation de l’environnement est une autre cause de déplacement forcé : entre 2011 et 2014, plus de 83 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont dû quitter leur lieu de vie, selon les Nations unies (ONU), à cause de sécheresses, d’inondations ou encore d’ouragans. Compte tenu de la dégradation des écosystèmes et du réchauffement climatique, jusqu’à 1 milliard de personnes supplémentaires pourraient prendre les chemins de l’exode d’ici à 2050, selon les projections de l’Organisation internationale pour les migrations. À elle seule, l’inondation de zones côtières de pays très peuplés, comme l’Indonésie ou le Bangladesh, pourrait affecter 220 millions d’individus.

Une campagne contre la déforestation du Sahel

Protection de l’environnement, gestion économe des ressources naturelles, accès à l’eau et développement durable font partie intégrante des programmes de solidarité menés par le Secours populaire en Amérique latine, en Afrique ou en Asie. Dès 1973, le SPF a envoyé des semences à ses premiers partenaires, les instituteurs de Haute-Volta (actuel Burkina Faso) pour améliorer la nutrition des enfants, victimes de la sécheresse. Dans la foulée, les bénévoles ont réuni les ressources nécessaires pour forer des puits. En 1976, ils lancent une grande campagne contre la déforestation du Sahel, réunissant des fonds pour y replanter 100 000 arbres. « Un environnement préservé est la condition nécessaire pour que les droits humains soient effectifs », analyse Corinne Makowski, secrétaire nationale du SPF, chargée de la solidarité mondiale. Vivre dignement dépend d’une production agricole locale suffisante pour tenir jusqu’aux nouvelles récoltes.

Les plus pauvres sont aussi tributaires de la richesse de la faune et de la flore. « La sensibilisation au développement durable nous permet de faire un pont entre nos actions en France et à l’étranger, de montrer l’interdépendance des hommes. Et ce, quelles que soient leurs origines et leurs conditions de vie », ajoute Corinne Makowski. « La solidarité, nous la pratiquons aussi bien en France qu’à l’international. Il y a un lien entre les situations que nous rencontrons ici et là-bas », confirme Ismaïl Hassouneh, secrétaire national du SPF. Ainsi, à Lomme, les bénévoles ont créé une recyclerie et collectent toute l’année des vêtements. « Ceux qui sont d’une qualité irréprochable sont distribués à Calais ou mis en vente dans nos locaux, à petits prix. Ceux qui sont abîmés sont vendus à une entreprise qui en fait de nouveaux tissus », détaille Jean-Marc Sergheraert. L’équipe récupère aussi des meubles, les retape et les revend au prix de l’occasion. L’argent ainsi collecté finance les activités de solidarité, y compris un orphelinat au Cambodge. Dans ce pays, qui compte 15,3 millions d’habitants, la population ne dispose, en moyenne, que de 3 dollars par jour, selon la Banque mondiale.

Situé à Phnom Penh, la capitale, l’orphelinat accueille trente enfants et leur assure des cours d’anglais et de khmer, ainsi que des activités manuelles et sportives. La French Foundation for Cambodian Children, le partenaire du SPF, gère l’institution et finance cette dernière grâce à une recyclerie de ferrailles, de cartons et de papiers. En décembre dernier, sept jeunes bénévoles de Lomme et de Roubaix se sont rendus sur place pour découvrir l’orphelinat et échanger sur les différentes manières de valoriser les déchets. « Nous les soutenons financièrement, mais nous profitons de leur expérience plus ancienne en matière de récupération », expose Fabrice Belin, secrétaire général du SPF de Roubaix.

Les bénévoles sont confrontés directement à la question environnementale lorsqu’ils portent assistance aux victimes de catastrophes naturelles, comme en 2010 quand la sécheresse a frappé le Sahel et la Corne de l’Afrique, l’année suivante. Depuis une décennie, les événements climatiques extrêmes se multiplient.

L’accès à l’eau, une priorité

Ainsi, les cyclones deviennent plus fréquents, plus violents. « Nous sommes obligés d’adapter nos actions de solidarité afin que leurs effets soient durables », analyse Sébastien Thollot, secrétaire général du SPF du Rhône. En novembre 2013, le typhon Haiyan a fait plus de 9 000 morts aux Philippines. Peu de temps après, le SPF du Nord et son partenaire local, la Fondation Mirasol, ont lancé un programme sur l’île de Busuanga : 200 femmes gagnent de nouveau leur vie, grâce à l’atelier communautaire de vannerie qui a été rebâti. Leurs porte-monnaie, leurs cache-pots ou encore leurs cloisons en roseau tressé sont commercialisés jusqu’à Manille, la capitale. « Le bâtiment résiste aux typhons et pourra servir d’abri », explique Jean-Louis Callens, secrétaire général du SPF du Nord. Le Secours populaire a aussi reconstruit une école qui accueille plus de 350 élèves. « Nous y avons apporté des sanitaires et un accès à l’eau potable afin d’assurer une bonne hygiène et d’empêcher la propagation des maladies », précise Sébastien Thollot.

L’accès à l’eau et la préservation de cette ressource indispensable à la vie sont des priorités, comme l’illustrent les actions du SPF en Haïti depuis 2010. « L’accès à l’eau représente l’objectif de la moitié de nos programmes dans le monde », indique Alain Salinière, de la commission solidarité mondiale. Au Maroc, les bénévoles du Puy-de-Dôme coordonnent la construction d’un château d’eau pour alimenter les villages de Timkit et Tidoa, isolés dans le Haut Atlas. Au Vietnam, le SPF s’est investi, à partir de 1975, dans l’accès à l’eau potable, tout en menant une longue campagne pour sensibiliser à la nécessité de brûler les déchets des hôpitaux d’Hanoï et d’Hô-Chi- Minh-Ville. Dans plusieurs villages de Bac Can et Cao Bang, deux régions très isolées, les bénévoles du Rhône s’impliquent depuis vingt ans avec la Croix-Rouge vietnamienne. « Nous y avons financé un réseau d’adduction d’eau », rappelle Sébastien Thollot. Les femmes n’ont ainsi plus à porter de lourds jerricans à travers la montagne et grâce au système de filtration qui élimine une partie des bactéries, les infections des yeux ont diminué.

Érosion des terres

Le SPF favorise aussi l’autonomie alimentaire. D’ici à la fin du siècle, 200 millions de personnes pourraient basculer dans la sous-nutrition à cause de l’érosion des terres arables, du manque d’irrigation et de l’augmentation de la salinité des sols qu’entraîne le réchauffement du climat. Au Salvador, dans la commune de Comasagua, l’association développe un projet d’agriculture familiale fondé sur la production biologique et s’est vu décerner le label COP 21, qui distingue les initiatives portées par la société civile. « Avant, nous ne cultivions que du maïs et des haricots, qui étaient de plus en plus souvent attaqués par des maladies liées au réchauffement climatique », observe Ever Valle, cultivateur à Comasagua et président de la coopérative Canasta campesina, partenaire local du SPF. Désormais, 1 700 familles sont devenues autonomes dans leur alimentation et sur le plan économique. De leur côté, les bénévoles d’Auvergne ont choisi de s’investir à Madagascar, l’un des pays les plus pauvres au monde. Ils soutiennent notamment la création d’un élevage de porcs à 15 km d’Antananarivo. Ainsi, 29 familles se nourrissent mieux et augmentent leurs revenus en commercialisant en partie leur production. « Nous étudions l’extension de cette expérience et la création de deux élevages de poulets, à Toamasina et à Antsirabe », souligne Aubane Saboureau, du pôle de solidarité internationale à Clermont- Ferrand. Ce type d’actions a de grandes répercussions : la Commission des Nations unies pour le commerce et le développement a rappelé que le soutien aux paysans et aux exploitations familiales réduit trois fois plus la pauvreté que le développement du secteur des services.

Convergence 347, Philippines

Aux Philippines, le Secours populaire
et la Fondation Mirasol, son partenaire local,
ont permis à 200 femmes de l’île de Busuanga
de gagner de nouveau leur vie
grâce à la reconstruction de l’atelier
de vannerie qui avait été détruit
par le typhon Haiyan en 2013.
Photo : SPF59

Témoignages

Ariane Ascaride, comédienne, marraine de l'édition 2016 de la campagne Printemps de la solidarité mondiale

Prendre conscience aujourd’hui de l’entraide à l’échelle de la planète est plus qu’une nécessité, c’est un devoir de vie. Il n’est plus permis d’oublier la moitié de la population mondiale. Nos destins sont liés à jamais et pour toujours. Nous ne pouvons rester sourds et indifférents à la crise des migrants et des réfugiés. Nous avons encore besoin de vous, de dons, de votre solidarité, pour sauver des vies.

Ariane Ascaride,
comédienne, marraine de l’édition 2016
de la campagne Printemps de la solidarité mondiale
Photo : Richard Schroeder /
Contour by Getty Images
Ariane Ascaride, comédienne, marraine de la campagne Printemps de la solidarité mondiale

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