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Naïade Delapierre, une artiste engagée avec le SPF pour le Liban

Mis à jour le par Anne-Marie Cousin
L'exposition de l'artiste Naïade Delapierre est destinée à ce que les difficultés des Libanais soient entendues du plus grand nombre.

Du 17 mars au 21 mars, le Secours populaire lance sa campagne de solidarité internationale dans ses locaux à Paris. L’occasion pour l’association de mettre en lumière les difficultés rencontrées par le Liban. Naïade Delapierre, jeune artiste franco-libanaise y présentera son exposition Beirut 6 :06 p.m. Rencontre.

Beirut 6:06 p.m. est le nom de votre exposition. Pourquoi ce nom ?

Toute l’exposition est centrée sur l’explosion qui a eu lieu à Beyrouth, le 4 août 2020, à 18h06. C’est pour cela que j’ai choisi ce nom d’exposition. Il est impactant et, pour les visiteurs, il permet instantanément de savoir de quoi il s’agit. Je n’ai pas seulement voulu représenter cette catastrophe, mais aussi le Liban dans sa globalité. C’est un pays qui est en destruction. Il a été dévasté au fil des années par les bombardements, la guerre ou encore la corruption. C’est un événement qui reste très récent ; avec la pandémie du Covid-19, il n’a pas été assez médiatisé. L’objectif est de conscientiser le plus de personnes possibles. Je souhaitais le remettre sur le devant de la scène ; pour moi il a été trop vite oublié.

Tous les dons issus de cette exposition seront reversés au Secours populaire français. Quels sont vos liens avec le SPF ?

J’ai eu l’occasion de découvrir le Secours populaire par le biais de ma mère. En 2013, lors de son spectacle À corps et à cris, les bénéfices avaient déjà été reversés au Secours populaire. L’année dernière, nous avons participé au Festival des jeunesses musicales de Méditerranée, au grand théâtre de Bastia. Les bénéfices récoltés ont aussi été reversés au Secours populaire pour aider le Liban. L’objectif est qu’avec l’aide du Secours populaire, DPNA, son partenaire au Liban, pourra utiliser cet argent de la meilleure des manières. Je ne voulais pas que cet argent passe entre les mains d’une banque ou de l’État car il aurait pu être détourné. Le Secours populaire est laïc, je sais que cet argent récolté sera redistribué à parts égales et de la meilleure façon.

Plasticienne, vous mettez votre art au service d’une cause humanitaire. Pensez-vous que l’art puisse jouer un rôle important pour changer les choses ?

Bien sûr ! Je pense que l’art a énormément d’impact au sein de notre société. La culture, les vestiges ou encore les arts plastiques permettent le devoir de mémoire. L’art permet d’évoquer des sujets sensibles sans nécessiter de mots. Cela me permet d’extérioriser toutes les émotions que je peux ressentir. À travers l’art, je peux m’exprimer en y ajoutant cette touche de beauté alors que c’est un événement très douloureux. Pour nous les artistes libanais, l’esthétique et la poésie sont essentiels à travers nos œuvres. Passer par cette beauté nous permet de mettre un masque sur les émotions que nous pouvons ressentir. C’est une facilité, plus que les mots, pour parler de ce drame qui nous a tous marqués. La destruction est toujours source de renaissance au Liban. Le Phénix renaîtra de ses cendres.   

Après cette exposition à Paris, quels sont vos projets pour les mois à venir ?

L’idée est de faire une exposition sous forme de tournée. J’espère pouvoir exposer mon travail à Beyrouth en 2024 et particulièrement la semaine du 4 août pour rendre hommage aux victimes de cette terrible catastrophe. Je suis actuellement en recherche d’un lieu et ce projet me prend beaucoup de temps. Par ailleurs, je travaille à Saint-Gaudens en Haute-Garonne en service civique dans un centre d’art contemporain. Cette expérience m’offre la possibilité de découvrir différents domaines du milieu de l’art et de poursuivre mon apprentissage artistique. Je suis aussi en réflexion et recherche pour une prochaine exposition sur la gestation.

 

 

 

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