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Les migrants ? « Ils n’ont que nous ! »

Mis à jour le par Olivier Vilain
Plus de 600 mineurs migrants isolés ont été aidés en 2019 par la permanence qui leur est dédié à Lyon.

Se confiner pour échapper au virus… Les migrants, les demandeurs d’asile et les déboutés n’ont plus de chez soi. Ils ont tout quitté, espérant une vie meilleure en Europe. Avant le confinement, leurs conditions de vie étaient déjà très difficiles. Elles le sont devenues plus encore alors que certaines associations ont suspendu leur activité, par sécurité. Conscients de l’enjeu, les bénévoles du Secours populaire continuent d’intervenir et étendent même leurs actions auprès de ce public extrêmement vulnérable.

À Bourg-en-Bresse, les résidents du foyer Renoir se sont retrouvés dans le dénuement au début du confinement. Certaines associations ont fermées, notamment parce que leurs bénévoles âgés – très majoritaires — ont dû arrêter de s’exposer. « Nous avons été prévenu de la situation. C’est un endroit où nous n’intervenons pas habituellement », signale Carole Vilain, la secrétaire générale de la fédération de l’Ain du Secours populaire.

La solidarité matérielle dépasse l’alimentaire

Une équipe a donc transporté quinze jours de nourriture pour les 31 familles de migrants (52 adultes, 34 enfants) qui viennent d’Afrique et Europe de l’Est. Des savons ont été aussi apportés afin de lutter contre l’épidémie dans cet univers confiné où les habitants ne disposent que de douches et de cuisines communes… « Certaines familles ne disposent pas d’aide de l’État, nous allons donc les suivre à l’avenir », souligne Carole, Vilain même après la fin du confinement.

Noël et Rajan font un atelier pâte à sel avec deux bénévoles, Jeanne et Aléna, dans le village de vacances qui accueille une cinquantaine de migrants dans la campagne non loin de Clermont-Ferrand.

Noël et Rajan font un atelier pâte à sel avec deux bénévoles, Jeanne et Aléna, dans le village de vacances qui accueille une cinquantaine de migrants dans la campagne non loin de Clermont-Ferrand.

À Angoulême, les migrants sont placés à l’hôtel depuis le début du confinement pour lutter contre l’épidémie. « Pour nous assurer qu’il n’y ait aucun mineur étranger isolé dehors et qu’ils favoriser la poursuite de leur formation, nous en logeons dans un circuit associatif élargi, explique Bouchra Rafik Azzam, secrétaire générale de la fédération des Charentes du Secours populaire. Plusieurs de nos bénévoles en accueillent chez eux. » En parallèle, les bénévoles fournissent des affaires de puériculture (couches, trousseaux pour bébé, body, draps, serviettes…) aux familles de migrants qui en ont besoin.  

Dans le Puy-de-Dôme, la préfecture a relogé, à 30 minutes de Clermont-Ferrand, dans un village de vacances des migrants qui étaient hébergés dans une école désaffectée. La promiscuité y était très pénible et les conditions sanitaires mauvaises. Pour aller aux toilettes, il fallait traverser la cour, même la nuit… Les autorités ont demandé au Secours populaire d’assurer le suivi des 13 familles (55 personnes en tout). Jeanne et Aléna, deux bénévoles, sont sur place 24 heures sur 24.

Séance de devoirs en mobil-home pour Salomé et Anastasia, avec l'aide de Jeanne et de Aléna.

Séance de devoirs en mobil-home pour Salomé et Anastasia, avec l’aide de Jeanne et de Aléna.

En plus de vérifier les conditions logistiques, les deux jeunes femmes assurent le suivi médical, « les rendez-vous pour les dents liés aux privations surtout », aident les enfants pour leurs devoirs, organisent des cours de français pour les adultes qui en ont besoin. Elles font tout pour que ce séjour se passe bien. « Dans ce cadre, les résidents sont apaisées et reprennent des forces », relève Aléna. Elles sont secondées par les migrants eux-mêmes.

À Dunkerque, à Angoulême ou à Clermont-Ferrand, les migrants et les réfugiés donnent comme à l’habitude des coups de mains dans les permanences du Secours populaire ou durant les actions dans les camps de réfugiés. Ils font eux aussi partie de la grande chaîne de la solidarité, comme le souligne Nicole Rouvet, secrétaire générale de la fédération du Puy-de-Dôme : « Ils nous aident depuis le premier jour. Ils participent à tout. »

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