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Plan pauvreté : urgence pour les familles monoparentales

Mis à jour le par Olivier Vilain
Nezha (à gauche) et ses deux enfants sont accompagnés par les bénévoles de Lyon. Ils sont confrontés à des moments difficiles, comme une famille monoparentale sur deux.

Une sur deux connaît la précarité. Les familles monoparentales sont très vulnérables, comme l’a rappelé le « plan pauvreté » présenté mi-septembre par le gouvernement. Les bénévoles du Secours populaire français les accompagnent sur le plan matériel et leur apportent leur écoute.

« C’est dur, vraiment très dur. Je dois me débrouiller seule avec mes enfants », témoigne Nezha, dont le filet de voix se transforme brièvement en sanglots lorsqu’elle fait le point, chez elle, avec Michèle, secrétaire générale au comité du 8e arrondissement de Lyon du Secours populaire. Comme Nezha, sa fille, adolescente, et son fils, plus jeune, 900 000 personnes vivant en familles monoparentales sont aidées par le SPF, soit près d’un tiers du public accueilli par ses bénévoles.

Une extrême vulnérabilité

Depuis le départ de son mari, il y a deux ans et demi, cette trentenaire doit faire face aux dépenses courantes mais aussi régulariser des arriérés de loyer, d’électricité et d’impôts avec son maigre salaire de 1300 euros, augmenté d’une pension alimentaire qui s’est faite attendre. Nezha et ses enfants sont confrontés à la pauvreté, comme une famille monoparentale sur deux une fois payées les dépenses incompressibles (loyer, charges, énergie…), selon le ministère des Solidarités et de la Santé.

Au libre-service alimentaire du 8e arrondissement de Lyon, Nezha retrouve une équipe de bénévoles dévoués.

Au libre-service alimentaire du 8e arrondissement de Lyon, Nezha retrouve une équipe de bénévoles dévoués.
© Pascal Montary / SPF

« Avec le choc, (…) j’ai perdu pied »

« Avec le choc de la séparation et la chute de mes revenus, j’ai perdu pied », se souvient Nezha, qui s’est rendue au libre-service alimentaire du SPF de son quartier. « Trop d’arriérés, trop de remboursements, j’ai compris que je ne pouvais plus nourrir mes enfants. » Là, elle vient chercher de la nourriture auprès de Bernadette et Zoulika, deux bénévoles très accueillantes, et des vêtements à petit prix. La jeune femme, employée dans une cantine scolaire, a surtout trouvé une écoute « d’autant plus bienvenue que pendant plusieurs mois je m’étais effondrée, je n’étais même pas en mesure de travailler ».

Des aides pour redémarrer

Amin son fils de 11 ans a bénéficié d’un programme de soutien scolaire, l’année dernière. Alors en CM2, il recevait tous les mercredis la visite d’Enzo, un étudiant, qui l’aidait pour ses devoirs, mais aussi à reprendre confiance en lui. Avec l’aide des bénévoles, la famille est aussi partie en vacances. Une semaine en Ardèche à pédaler ou à chanter lors des soirées karaoké.  « Après deux ans passés à pleurer, ça nous a aidé à redémarrer », confie Nezha.

De l’écoute et du respect

Il n’y a pas que les séparations qui déstabilisent les familles, mais aussi l’absence d’emploi et de formation, pour Elisabeth, la migration, pour Nyambuu ou Fatou, qui viennent de Mongolie et du Sénégal. Auprès de nos bénévoles, elles ont toutes trouvé l’écoute et l’aide nécessaires pour élever seules leurs enfants et faire respecter leur place dans la société.

Les familles monoparentales font régulièrement le point sur leur situation, de manière confidentielle, et dans le respect mutuel.

Les familles monoparentales font régulièrement le point sur leur situation, de manière confidentielle, et dans le respect mutuel.
© Pascal Montary / SPF