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Les libres-services de la solidarité, une étape dans l’accompagnement des personnes

Mis à jour le par Anne-Marie Cousin
Lors du XXVe congrès en décembre 1995, les personnes aidées disposaient d'un chéquier pour faire leurs achats au libre-service.

Depuis 1994, le Secours populaire français a développé une nouvelle pratique de solidarité, les libres-services. Abandonnant le colis, il offre le choix des produits et permet un véritable accompagnement.

1 826 090 personnes ont été aidées par le SPF sur le plan alimentaire en 2017. Pour cela, la majorité d’entre elles ont été accueillies dans des libres- services de la solidarité, lieux où l’on peut choisir des produits alimentaires. Initiée dès octobre 1994, cette nouvelle formule est destinée à rompre avec la traditionnelle distribution des colis. Dans le journal Convergence, daté d’octobre 1994, les donateurs sont informés de l’évènement, « Une nouvelle race de magasins a ouvert ses portes  pour une journée seulement le 12 octobre à Toulon, Lille, Lyon, Paris et Caen.» Mis en place  à l’origine grâce à un partenariat avec une chaîne  d’hypermarchés ce dispositif est aussi le fruit d’une réflexion de l’association en matière d’aide, et de solidarité respectant la dignité des personnes.

Un libre-service géant

Ce nouveau concept dédié à l’aide alimentaire, fut largement médiatisé lors du XXV e congrès du SPF qui s’est tenu à Bercy, les 21,22 et 23 décembre où pour l’occasion était organisé un libre service géant. Celui-ci accueillait sur deux jours 16 000 personnes, invitées à faire leurs choix parmi de nombreux produits festifs de Noël. Cette date marque le point de départ de la naissance des libres- services sur l’ensemble du territoire. Le principe est simple :  mettre en rayons tous les produits pour qu’ils soient disponibles sont à disposition par catégories. Les bénévoles ne distribuent plus, mais invitent les personnes aidées à choisir parmi différents produits.Dix ans après, lors du comité national du 18 mars 2005, Jacqueline Mérigot alors secrétaire nationale chargée de la solidarité en France, présentait un premier bilan de ce dispositif, « Aujourd’hui les libres services sont nombreux. Le Secours populaire a su s’emparer de ce concept destiné à rompre avec l’idée d’assistanat. Il permet notamment de rencontrer les gens deux fois, lors de la remise du chéquier et après. Le choix de choisir est réaffirmé comme condition du maintien de la dignité, de même que la participation financière.» Cette révolution, comme le disaient les bénévoles, dans les pratiques de solidarité existe aujourd’hui quasiment dans toutes les fédérations et comités. Bien que nécessitant plus de moyens, des locaux mieux adaptés, plus de bénévoles et des produits plus diversifiés, cela n’a pas empêché l’association de développer cette action, bien au contraire et de contribuer ainsi à renforcer l’accès à une alimentation diversifiée et à des produits d’hygiène ou destiné à la petite enfance.

Le colis, devient une exception

Dans le département du Finistère par exemple, c’est en février 1999, que le premier libre service est créé. Le comité de Daoulas décide de se lancer le premier dans l’aventure. Depuis tous les comités et antennes de la fédération, soit 27 structures disposent d’un libre service. Les colis d’urgence restent en revanche une exception utilisée lors de situations extrêmes.« Il nous a fallu dix-sept ans pour couvrir tout le Finistère. Il  y a deux ans l’antenne de Landivisiau, près de Morlaix, ouvrait son libre-service. Je me souviens des réticences du début, mais aujourd’hui tous les bénévoles sont acquis à la cause du libre service. Ils sont mêmes fiers de mettre en avant cette formule. Pivot de la solidarité, elle permet un véritable accompagnement des personnes. » explique Annie Marin secrétaire départementale du Secours populaire dans le Finistère. Comme elle, l’ensemble des bénévoles ne peut s’imaginer faire autrement. Et même, si certaines disparités demeurent sur le fonctionnement et sur les modalités, le principe d’un accueil de qualité reste la règle. Dans son rapport d’ouverture au XXV e congrès, Julien Lauprêtre présentait ainis la philosophie des libres-services : « Porte d’entrée de toutes les solidarités, le libre-service permet au Secours populaire de franchir une étape fondamentale. Nous passons de la charité à la solidarité.»

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