Les personnes aidées par le Secours populaire Île-de-France, ces héros face au quotidien

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Au sein de leurs publications, de leur communication, les journalistes et les associations de solidarité mettent en avant la situation d’urgence actuelle pour « les personnes les plus exposées face à l’épidémie du coronavirus ». Il est aussi possible de voir « les personnes les plus démunies », « les personnes les plus vulnérables ». Mais en réalité qui sont-elles ? Qui sont ces personnes soutenues par le Secours populaire Île-de-France quotidiennement depuis le début du confinement ?

Les premières personnes auxquelles il est facile de penser, ce sont les personnes se trouvant à la rue, les personnes sans abri. Celles-ci dépendantes des associations et des quelques pièces des passants pour vivre (ou survivre) se retrouvent dans des rues désertées sans pouvoir respecter les recommandations en matière d’hygiène et les restrictions de déplacement. Plusieurs associations de solidarité ont dès le début du confinement alerté le gouvernement, les personnes sans abri étant verbalisées car elles se devaient de rester confinées chez elles. Un chez soi ? Faudrait-il en avoir un et c’est là où se trouve le problème, à l’heure où rester chez soi est le meilleur moyen de se protéger soi-même et les autres. Fin mars, la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur le droit à un logement décent, Leilani Farha mettait en avant que « le logement a rarement autant été une question de vie ou de mort, il est devenu la première ligne de défense face au coronavirus ». Pour essayer de protéger ces personnes, l’Etat a réquisitionné en territoire francilien hôtels, gymnases, même parfois internats. De plus, suite aux demandes des associations, le gouvernement a accepté de reporter la trêve hivernale de deux mois, jusqu’au 31 mai pour éviter d’augmenter le nombre de personnes sans logement et cela permet aux hébergements ouverts cet hiver de le rester. Cependant, les actions réalisées ne sont pas suffisantes pour toutes les protéger efficacement de l’épidémie. Uniquement sur Paris, on estime que plus de 3 600 personnes sont contraintes de vivre dehors.

Alors depuis le début de la crise, pour ne pas abandonner ces personnes, le Secours pop IDF s’organise. Sur Paris, les maraudes sont maintenues à la même fréquence habituelle pour maintenir le lien et leur distribuer des produits de première nécessité. Dans d’autres départements, alors qu’elles n’existaient pas avant, des maraudes exceptionnelles s’organisent. A Champigny sur Marne, elles ont dorénavant lieu deux fois par semaine en collaboration avec d’autres associations.

Au sein des personnes aidées par le SPF en Île-de-France, nombreuses sont celles aussi logées dans des hôtels sociaux, et notamment des familles avec parfois de très jeunes enfants. Ces hôtels sociaux sont dispersés sur toute la région et souvent dans des secteurs ruraux où il est impossible de se déplacer à l’heure actuelle avec la suppression des transports en commun. Il est essentiel que les associations se rendent dans les hôtels pour organiser des distributions de colis d’urgence composés de denrées alimentaires et de produits d’hygiène. Pour les familles, le Secours pop IDF se mobilise à l’aide de dons matériels pour leur proposer des produits bébé. Les fédérations départementales s’occupaient chacune de plusieurs hôtels sociaux en termes de distribution, mais depuis mi-mars, elles sont aussi sollicitées par d’autres associations pour assurer ces distributions dans des hôtels sociaux supplémentaires. De nombreuses personnes qui n’étaient pas accompagnées avant la crise par le SPF sont maintenant soutenues par l’association grâce aux nouvelles livraisons effectuées.

C’est le cas, de même, des campements et des squats éparpillés sur le territoire. Le Secours populaire apportait un soutien régulier, notamment dans le Val d’Oise, à une dizaine de ces lieux, le nombre de personnes y vivant oscillant entre une dizaine à plus de 80 personnes. Aujourd’hui, le SPF est sollicité par les préfectures et les mairies pour aller organiser des distributions dans plusieurs de ces camps franciliens. Le défi est de taille car les besoins sont énormes et la sécurité des bénévoles souvent difficile à assurer.

De manière fréquente, il est possible de retrouver dans la rue, au sein de ces hôtels sociaux, de ces camps, de nombreux sans papiers et demandeurs d’asile, population oubliée. Les centres d’accueil de demandeurs d’asile ont dû fermer pour certains et sans les permanences d’accueil des associations ouvertes, ils se retrouvent perdus dans l’imbroglio des démarches administratives françaises. C’est aussi pour eux que sont mis en place des numéros d’urgence et des permanences téléphoniques au Secours populaire, pour que les bénévoles puissent continuer à les accompagner.

Il serait possible de poursuivre encore longtemps. Nous pourrions parler des séniors en situation d’isolement qui ont maintenant peur de sortir de chez eux et que les bénévoles appellent régulièrement pour garder un lien social, des étudiants coincés dans leurs appartements de 9m2 en résidence auxquels nous distribuions des colis d’urgence, des familles monoparentales qui sont nombreuses aux distributions alimentaires de l’association.

Nous pourrions aussi parler de toutes ces nouvelles personnes qui se présentent à la porte du Secours pop IDF depuis le début de la crise car elles ont perdu leur emploi. Nombreuses étaient en CDD ou en intérim, certaines sont mêmes encore employées mais attendent toujours le soutien financier du gouvernement en cas de chômage partiel. Les stocks des structures du SPF se vident face à la demande exponentielle. En Seine-et-Marne, c’est 40% de demandes d’aide alimentaire supplémentaire. A Paris, le nombre de personnes aidées est multiplié par deux.

Finalement cet article a simplement mis en lumière les personnes oubliées en période normale, dont les difficultés sont accrues et exposées au grand jour lors de cette crise du covid19. Face aux journées difficiles qui se succèdent, elles continuent à lutter. Est-ce qu’elles aussi ne sont pas des héros du quotidien ?