Don’actions : le comité de Die réinvente la solidarité de proximité

Mis à jour le par Olivier Vilain
Françoise est l'une des dix bénévoles du comité de Die qui sont présents sur le marché, de bon matin ce 1er mars, pour proposer des tickets de Don'actions.

Le mercredi 1er mars, les bénévoles du comité de Die dans la Drôme se sont retrouvés sur le marché du village afin de proposer à la vente des tickets de Don'actions. Face à une pauvreté qui croît, le comité local du Secours populaire doit se doter de moyens supplémentaires. C'est ce que permet le Don'actions, une opération qui met en lumière le lien fort qui unit les bénévoles et les habitants.

« Un petit ticket-don : participez à la solidarité ! C’est vraiment local : tout ce que nous récoltons va au comité », lance, carnets de Don’actions en main, Françoise, l’une des dix bénévoles du comité de Die, qui ont investi, dès 9 heures mercredi 1er mars, le marché de cette commune de 4 718 habitants située au cœur du Vercors (côté Drôme), au bout du plateau, à la limite de la Drôme provençale.

Sur ce marché en plein air d’une quarantaine de stands (principalement de petits producteurs locaux) dispersés au pied de l’église, les « tuniques bleues » sont bien visibles. « Personne ne s’échappe : on les a pris en cisaille ! », rigole Margot, qui porte, comme tous les bénévoles, la chasuble bleu saphir du Secours populaire. En cette froide matinée d’hiver réchauffée par un soleil bienvenu qui prend progressivement ses aises, les chalands déambulent en petit nombre, mais le contact avec les bénévoles est direct, bienveillant, souvent amical – on prend des nouvelles des uns et des autres – et tourne parfois à la galéjade : « Françoise a été très persuasive : elle nous a sauté dessus », ironisent Malik et Lola, un jeune couple de Saint-Andéol, qui fait tranquillement ses courses avec son enfant en poussette. « C’est une action à portée locale », résume Malik, qui achète un ticket de Don’actions auprès de bénévoles qui se sont rassemblés autour de leur stand prêté par la mairie. « Je soutiens : trois tickets au nom d’Alain et Martine », renchérit Alain venu au marché avec son épouse. « Nous habitons le même village [que Françoise] », glisse-t-il.

Les besoins de la solidarité explosent

Résultat : en fin de matinées, 40 carnets de 10 tickets se sont écoulés en moins de trois heures. Depuis le début de cette campagne Don’actions lancée le 3 janvier au niveau national, les bénévoles du comité de Die ont vendu, à l’issue de cette collecte, 95 des 100 carnets qui leur ont été attribués. Il n’en reste que cinq pour la collecte prévue vendredi 3 mars au matin sur le marché de Luc-en-Diois, où le comité vient d’ouvrir une antenne. De quoi donner du cœur à l’ouvrage aux 90 000 bénévoles du Secours populaire qui vont jusqu’au 24 mars redoubler d’initiatives dans toute la France pour rencontrer des donateurs, faire connaître leurs actions auprès du public et expliquer les besoins de la solidarité qui explosent.

Comme dans la Fédération de la Drôme, où leur nombre a augmenté de 30 % – en particulier dans le comité de Montélimar, qui a accueilli 110 réfugiés ukrainiens –, les personnes aidées, touchées de plein fouet par l’inflation et la crise énergétique, sont toujours plus nombreuses à pousser les portes du SPF : plus de 3 millions dans toute la France en 2022 alors que ses comités doivent faire face à l’envolée de leurs frais généraux – entre autres des factures d’essence, d’électricité utilisée pour le chauffage des locaux, les chambres froides… À Die, le comité accueille 20 % de familles en plus, notamment des personnes qui travaillent et des retraités qui n’arrivent pas à s’en sortir. Tous les quinze jours, il reçoit dans son local prêté par la mairie une cinquantaine de familles (près de 200 personnes, dont trois réfugiées ukrainiennes : deux femmes seules et une avec enfant) qui viennent sur rendez-vous retirer leur colis d’aide alimentaire. Avant ou après la distribution, elles peuvent participer à une séance de relaxation dispensée bénévolement par une professeure de yoga ou chiner dans le Vestiaire, qui vend à prix solidaires des vêtements de seconde main triés parmi les dons et remis à neuf par les bénévoles.

La vitrine du comité

Inauguré le 5 avril, l’espace solidaire de Die, la Boutique comme l’appellent affectueusement les bénévoles, va permettre d’élargir la palette de ses actions et de renforcer sa visibilité auprès des habitants. « C’est notre vitrine », plaisante Monique, la responsable qui gère ce nouveau lieu avec une équipe motivée de dix bénévoles : six titulaires et quatre remplaçants. Située dans la principale rue commerçante, piétonnisée, à 200 m de l’église, elle vend du linge de maison, de la vaisselle, des livres, CD et DVD et du petit électroménager révisé qui proviennent de dons. Et bien sûr, pendant la campagne, les derniers tickets Don’actions du comité.

« On refait régulièrement la vitrine, cela plaît bien ! Nous y mettons tout notre cœur : on y croit », s’enthousiasme Josette, qui tient ce mercredi la boutique avec Sylvie. Et les habitants – comme les touristes l’été, notamment des Hollandais – sont au rendez-vous. « Ce qui se vend le plus, ce sont les verres : ils n’ont pas le temps de prendre la poussière ! Cela marche, surtout les jours de marché : les gens commencent à nous connaître. » 

Don’actions : le comité de Die réinvente la solidarité de proximité

Les « tuniques bleues » du Secours populaire sont visibles sur le marché et l’énergie de ses bénévoles bien connue des habitants de Die. Le Don’actions dote le comité local de moyens pour faire face à une pauvreté grandissante sur le territoire. ©Jean-Marie Rayapen

 

Cette proximité avec les habitants du « Pays Diois » a favorisé la réussite de la collecte sur le marché. D’autant plus que ses résidents – principalement des retraités et des trentenaires baba-cool, pour certains néoruraux – sont sensibles aux actions de solidarité et se mobilisent tout de suite et pour toutes les causes : ils ont notamment hébergé des réfugiés ukrainiens.

En témoignent leurs encouragements adressés aux bénévoles présents sur le marché pour la collecte. « Vous êtes nombreux, c’est bien ! », lance un donateur. « Deux euros un ticket, c’est rien », reprend un autre alors que deux trentenaires se proposent comme bénévoles pour la préparation des colis alimentaires du jeudi matin. Anne, une donatrice ponctuelle, qui tient son vélo à la main, s’arrête pour acheter 25 tickets d’une valeur de 50 euros : « Je [leur] donne du travail, s’amuse-t-elle. Je connais le Secours populaire de Die : je sais ce qu’ils font. » Un peu plus tard, un homme fait un don de 10 euros, sans prendre de ticket. Un apiculteur, qui tient un stand sur le marché, a même acheté un ticket-don. « C’est un petit pays : il y a un vrai contact, une relation directe avec les personnes en situation de précarité », résume Guy, secrétaire général du comité qui compte une quarantaine de bénévoles, dont 25 actifs. « Die est un gros village : tout le monde se connaît, confirme Denis, ‘bénévole de base’. L’argent [issu de la collecte] reste sur place. »

Un lien privilégié

Les projets du comité pour faire grandir la solidarité ne manquent pas, notamment pour l’antenne de Luc-en-Diois, qui fonctionne depuis six mois, où une permanence y est assurée tous les quinze jours, pendant laquelle une partie des colis alimentaires est distribuée. « Cela permet d’accueillir toutes les personnes excentrées des villages alentour », souligne Yvonne, la bénévole responsable de cette antenne, qui soutient une dizaine de foyers. Martine et Jean-Pierre, deux bénévoles, livrent les autres colis alimentaires directement chez les bénéficiaires non motorisés du Haut-Diois. Ce lien privilégié permet de mieux connaître leurs besoins et de leur proposer d’autres actions comme l’aide aux vacances qui a bénéficié à l’une de ces familles.

L’argent collecté lors du Don’actions financera également ses actions pour la rentrée scolaire (bons d’achat de fournitures scolaires), les sorties dans le cadre des Journées bonheur (entrée gratuite dans l’un des sites touristiques de la région), les vacances et Noël – colis amélioré avec des produits de fête comprenant un bon de 30 € par enfant et un pour acheter une bouteille de gaz. Face aux nouveaux besoins, le comité a mis en en place une aide énergétique au coup par coup pour aider à payer les factures de chauffage (électricité, bois et fioul), d’eau et sous forme de bons d’achat de bouteilles de gaz pour cuisiner : plus de 110 ont été financées en 2022. Du jamais vu !

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