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A Mâcon, le Don’actions tombe à pic

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Alors que le nombre de personnes aidées ne cesse d’augmenter, les moyens du comité de Mâcon sont en baisse. Une situation à laquelle les bénévoles font face et qui, loin de les décourager, les a même incités le samedi 3 février à s’inviter au Super U de Prissé, pour diffuser des carnets de Don’actions et collecter des produits alimentaires et d’hygiène.

Après avoir installé les deux points de collecte aux deux entrées de la galerie marchande, Claudine, Bernard, Jacqueline, Laurent et Simone sont prêts à accueillir les premiers clients. Aujourd’hui, l’équipe de bénévoles du comité de Mâcon est présente pour collecter des produits alimentaires et d’hygiène ainsi que pour le Don’actions, la campagne de collecte nationale de l’association. Et ces deux collectes, comme nous l’explique Claudine, la secrétaire générale du comité, sont essentielles pour le Secours populaire. « Alors que les demandes ne cessent d’augmenter (plus 35 % en trois ans), nos moyens baissent également. La loi antigaspi a réduit les dons des grandes surfaces, les dons du SEAA* diminuent aussi. Seule la générosité du public est stable. C’est pourquoi nous avons décidé de renouer avec les collectes alimentaires comme il y a quelques années. »

« Aujourd’hui c’est collecte matérielle et financière »

Mais collecter uniquement des produits ne suffit pas, c’est pourquoi certains gilets bleus se voient confier la responsabilité de diffuser des carnets de Don’actions. Car comme l’explique Bernard, le trésorier du comité : « Aujourd’hui, au programme, c’est collecte financière et matérielle ; nous avons besoin des deux pour faire vivre la solidarité ». Ainsi, aujourd’hui, les clients sont invités à soutenir le Secours populaire en offrant des produits alimentaires ou en participant au grand jeu solidaire du Don’actions, voire les deux à la fois. C’est presque une nécessité pour les bénévoles de mener les deux de front, car alors que l’année ne fait que commencer, il y a déjà 19 familles d’inscrites en plus par rapport à l’année 2023. Et même si certains bénévoles se sont demandé si mener les deux opérations en même temps n’allait pas poser problème aux clients, le point de midi au changement d’équipe de bénévoles démontre le contraire.** Les deux collectes fonctionnent bien. Et si certains acceptent de participer au jeu solidaire du Secours populaire, c’est essentiellement pour soutenir l’association, très peu sont intéressés par les lots à gagner.

« Il faut être solidaire, les accidents de la vie peuvent toucher tout le monde. On peut tout perdre du jour au lendemain, ne plus rien avoir et se retrouver à la rue. ». C’est ce qui motive la générosité de cette institutrice qui, après avoir déposé des friandises et du chocolat dans les caisses de Simone, se laisse tenter par deux tickets de Don’actions. Elle, qui voit dans les petits villages où elle enseigne des enfants dont les parents n’ont pas toujours les moyens de faire face à toutes les dépenses, a fait le choix d’acheter de quoi leur faire plaisir. Et même si beaucoup semblent pressés en ce premier samedi matin de février, des familles prennent quand même le temps de discuter. Hélène est questionnée par une dame qui vient de déposer des produits d’hygiène dans le caddie et qui se propose de venir la semaine suivante dans les locaux de l’association pour y déposer des vêtements que son fils ne porte plus. Et quand elle s’interroge sur ce que fait le Secours populaire de ces dons, Simone lui répond tout simplement : « En ce qui concerne les vêtements que l’on reçoit, ils sont vendus dans notre vestiaire aux personnes aidées, à des prix très accessibles ». Et de préciser que « chaque année, la participation demandée aux personnes aidées rapporte la somme de 6 000 euros au comité. »

Durant toute une journée, les clients du magasin ont rencontré une équipe de bénévoles dynamiques.©Jean-Marie Rayapen/SPF

Un peu plus loin, un couple de retraités, tout juste installé dans la région, explique en quoi il est important de participer à la hauteur de ses moyens. Ayant connu il y a plus de 20 ans des difficultés financières quand ils habitaient Toulouse, ils se disent reconnaissants de l’engagement des bénévoles. « Nous avons eu besoin d’être aidés. Alors aujourd’hui, à chaque fois que nous croisons une association de solidarité, nous donnons. C’est un juste retour des choses. » Alors que l’inflation ne cesse de peser sur les ménages, pour les plus fragiles elle est quasi insurmontable. Finir le mois se pense dès le 15, pour la grande majorité des familles soutenues par le Secours populaire à Mâcon comme partout ailleurs. Cette réalité, Antony Vincent, directeur du magasin, la constate également. Les clients consomment autant mais différemment, et leurs achats en premier prix ont augmenté et représentent actuellement 15 % à 20% du panier moyen. Et même si l’an passé la direction du magasin a fait un don de 15 000 euros au Secours populaire, son directeur a bien conscience que la loi anti-gaspillage, qui permet la vente à prix réduits des produits à dates courtes, a impacté la quantité des dons. Cette journée de mobilisation est aussi l’occasion pour les bénévoles de faire connaître leur association et ses actions. Eh oui, faire de la solidarité coûte. Il faut avoir un local, des véhicules, envoyer des courriers… Une réalité souvent méconnue par le grand public, mais qui est très vite comprise. Ce jeu solidaire destiné à collecter des fonds durant trois mois est une campagne essentielle pour le Secours populaire et permet chaque année de développer la solidarité. « L’année dernière, nous avons diffusé 25 carnets ; cette année, avec les demandes en augmentation, nous avons décidé de nous fixer un objectif de 40 carnets. Car l’argent est tout autant nécessaire que les dons matériels », explique Claudine, responsable du comité depuis deux ans maintenant. Cette générosité et cette empathie est une vraie reconnaissance pour l’équipe de quinze bénévoles venue ce jour-là. Bien qu’il ne soit pas toujours facile de faire la solidarité quand les moyens manquent, leur volonté et leur énergie est toujours au rendez-vous. En témoigne le bilan des actions conduites par le comité en 2023 : aide aux devoirs pour les enfants, cours de français pour les migrants-réfugiés accueillis, vacances, distribution de jouets à Noël, projet au Népal…. Et pour l’année 2024, qui commence tout juste, les idées ne manquent pas. « Cette année, nous aimerions organiser une Journée bonheur pour des séniors. Nous ne l’avons jamais fait alors que nous accueillons beaucoup de retraités qui ne sortent jamais faute d’argent. »