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Père Noël vert et Saint-Nicolas : association de bienfaiteurs

Mis à jour le par Olivier Vilain

Pour cette fin d’année, le Secours populaire de Nice a apporté des centaines de cadeaux aux enfants vivant à Liège, en Belgique, dont les parents sont regroupés au sein d’un collectif de familles monoparentales, dont beaucoup sont précaires. Une quinzaine de comités du Secours populaire ont participé à l’opération, à chaque étape du traineau du Père Noël vert. Petits et grands ont eu des étoiles plein les yeux.

La camionnette du Secours populaire fait le tour du dernier rond-point, devant le foyer culturel Prévers, du nom d’un élu du début du XXe siècle qui a développé des logements pour les travailleurs de Liège, quand la région résonnait aux sons de la mine et des hauts-fourneaux. Les enfants réunis sur le terre-plein devant l’établissement en briques rouges ne contiennent pas leur joie : ils font des signes de la main et chantent « Viens Saint-Nicolas », les parents prennent des photos.

Le traineau du Père Noël vert arrive enfin

Le Père Noël vert est au volant. Il se gare, ouvre sa portière, en fait le tour et aide la véritable vedette de ce 6 décembre à sortir à son tour : Saint-Nicolas, avec sa grande barbe blanche, sa grande mitre et sa longue crosse épiscopale. Le duo s’engage sur le tapis rouge qui relie leur « traineau » à l’entrée de la salle. Le Père Noël vert et Saint-Nicolas passent devant le grand sapin décoré de guirlandes lumineuses, saluent les enfants. Ils se sont massés sur le parcours et chantent de plus belle. La joyeuse équipe entre dans la salle où 200 enfants sont invités à passer une après-midi dont ils vont se souvenir longtemps.

A l’entrée, une machine à barbe à papa accueille généreusement les invités. Partout, des guirlandes zèbrent la salle d’un mur à l’autre. La joie se lit sur tous les visages. Il faut dire que tout a été préparé minutieusement par plusieurs dizaines de bénévoles, comme Christopher, Stéphanie ou Aline. « Mon plaisir à moi, c’est d’imaginer puis de voir tous ces enfants émerveillés », dit cette dernière en recomptant les derniers cadeaux. Sur la droite, Saint-Nicolas et le Père Noël vert se sont assis dans un coin de la salle, entourés de ballons de toutes les couleurs, de caisses de clémentines, qui diffusent une odeur légère de fête de fin d’année.

Une pluie de cadeaux pour 200 enfants

Tout autour, les enfants voient des piles de peluches, de jeux de société comme le Monopoly ou le Triomino, de grands livres de contes, l’île des pirates de Playmobil, des dinosaures, des châteaux de princesse… Noellia, 6’ans et demi, vient de poser à côté de Saint-Nicolas, tandis que le Père Noël vert lui déposait dans les bras de grands paquets rouges de forme triangulaire : « Je suis très contente ! », confie-t-elle dans un sourire.

L’ambiance était à la fête tout la journée. A la fin du spectacle, Marie-Claire Mvumbi, fondatrice de COFAMON, le Collectif des familles monoparentales, a invité les enfants sur la scène. @J-M Rayapen / SPF

C’est une Saint-Nicolas un peu particulière néanmoins. Le Père Noël vert est venu prêter main-forte. Il est parti avec son traîneau de Nice, a remonté la vallée du Rhône, est passé par l’Alsace, la Lorraine, avant la Normandie et le Nord. « En tout, une quinzaine d’étapes, le long desquelles les bénévoles du Secours populaire ont chargé le traineau de jouets neufs », explique Stéphane Chennevas-Paule, directeur administratif du Secours populaire des Alpes-Maritimes, à l’origine du projet. En passant par Fourmies, ancien haut-lieu du textile du nord de la France, la troupe des Pascrécelles a décidé d’apporter elle aussi des jouets. Les bénévoles de la région de Nice ont noué un partenariat avec le collectif belge COFAMON, il y a deux ans, après que les inondations ont ravagé cette partie de la Wallonie.

En Belgique, la Saint-Nicolas est centrale

« Il y a trois cadeaux par enfant », explique la très dynamique et très engagée Marie-Claire Mvumbi, fondatrice de COFAMON, le Collectif des familles monoparentales, partenaire belge du Secours populaire. « En Belgique, la Saint-Nicolas est encore plus la fête des enfants que Noël, qui est plus familial : à l’école, les enfants se demandent, les uns les autres, ce qu’ils ont reçu. Le soir, ils téléphonent à leurs parrain / marraine, à leur famille, pour le leur raconter aussi. Tandis que leurs parents les prennent en photos avec leurs cadeaux et les postent dès le soir sur leur compte Facebook. »

Tout un rituel accompagne l’approche du 6 décembre : chaque soir, les enfants mettent leurs souliers sous le sapin. « Les parents y sont très attachés, Marie-Claire Mvumbi. Ils aiment voir le visage de leurs enfants s’illuminer quand ils découvrent que Saint-Nicolas ‘‘est passé’’ dans la nuit : il a bu le lait qui était dans le pot et ses rennes ont croqué dans la carotte à côté. »

Grosse pression pour les parents solos

La pression est donc très importante pour les parents qui n’ont pas les moyens d’offrir des cadeaux. C’est le cas de Stéphanie, 40 ans, qui est venue avec ses trois filles Calia, 8 ans, Giulia, 6 ans, et Athéna, 1 an et demi. Les petites ont toutes la joie de vivre, les yeux brillants et malins. Giulia et Calia attendent de s’approcher de Saint-Nicolas et tournent leurs têtes blondes du côté de la grande scène sur laquelle la troupe des Pascrécelles donne un spectacle de chansons et de danses de Noël.

Livres de contes, jeux de société, figurines de dinosaures ou château de princesse, les enfants étaient gâtés. Au centre de toutes les attentions, ils étaient rayonnant. @J-M Rayapen / SPF

Les deux sœurs n’en perdent pas une miette. En invalidité maladie, leur mère Stéphanie a beaucoup de mal à joindre les deux bouts : « Je ne peux pas me permettre tout ce que je voudrais avec mes enfants », regrette-t-elle sobrement : « Seule, sans travail et avec trois enfants, je ne peux pas me permettre d’acheter des cadeaux. Aujourd’hui, fêter la Saint-Nicolas, c’est merveilleux ! » Les enfants reprennent en cœur « Petit Papa Noël », « Vive le vent » ou « Les Rois mages (en Galilée) ».

Si tous les adultes présents à la fête ne sont pas dans la même situation financière, ils sont en revanche tous parents solos. « Ils doivent assumer seuls l’éducation de leurs enfants. On sait qu’ils sont quatre fois plus exposés à la pauvreté que les autres familles, aux fins de mois difficiles mais même sans cela être seul à s’occuper d’enfants c’est une grande pression », explique Marie-Claire qui a fondé le Collectif des familles monoparentales, il y a 8 ans, quand elle s’est retrouvée seule avec ses deux enfants. Aujourd’hui, il rassemble 5 000 adultes et offre un espace de sociabilité et d’entraide : colis alimentaires, sacs de granulés de bois pour le chauffage, chasse aux œufs à Pâques et Journée des oubliés des vacances.

« Le loyer, l’essence, la nourriture, tout augmente ! »

Sophie, mère célibataire, membre de COFAMON

« COFAMON, pour être honnête, c’est un soutien moral ; et le colis alimentaire, deux fois par mois, nous aide énormément », confirme Stéphanie, en allant reprendre sa place devant la scène pour profiter du spectacle. En chemin, elle passe devant le buffet, tenu par les bénévoles, qui propose de belles ‘‘assiettes de Saint-Nicolas’’, composées de bonbons, de mandarines et de chocolats. Les mères de famille ont préparé, chez elles, des crêpes, des cakes salés aux potirons, des pains d’épices, des gaufres wallonnes. Petits et grands se régalent.

Reprenant les chansons entonnées sur scène, Stéphanie s’arrête au buffet. Conductrice de bus, elle confirme la difficulté de pourvoir aux besoins mêmes basiques de sa famille : « Sans les colis alimentaires, on serait obligés de manger des pâtes, une fois les factures payées. » Parmi l’équipe qui tient le buffet, Sophie est venue avec sa fille Maeli, 8 ans. La petite est très contente du jeu Harry Potter et de la peluche que lui a remis Saint-Nicolas. Grande et énergique, Sophie est aide à domicile et fait des extras dans la restauration le week-end : « Le loyer, l’essence, la nourriture, tout augmente ! » Le colis alimentaire et les granulés de bois lui permettent de souffler : « Ici, je me sens bien. Tout le monde connait les mêmes difficultés et tout le monde met la main à la pâte, ça fait vraiment du bien », dit-elle tout en passant une assiette de spéculos maison à une volée d’enfants ‘‘affamés’’.

Calia et Giulia vont tout raconter

Au moment du final, enfants et parents applaudissent à tout rompre la troupe des Pascrécelles. Secrétaire général du Secours populaire à Marly, près de Valencienne, Fabien Boschetti est venue avec le traineau du Père Noël vert pour assurer la livraison. Il n’a rien manqué de l’après-midi festive. Des étoiles plein les yeux, il réfléchit à haute voix : « Pour l’année prochaine, on pourrait faire participer plus de comités du Secours populaire tout au long de la route empruntée par le traineau du Père Noël vert. » Une idée qui plait à Marie-France, ravie de ce premier succès et qui sait qu’elle peut compter sur l’engagement de ses bénévoles. Calia et sa petite sœur Giulia se dirigent vers la sortie en aidant leur mère à diriger la poussette. Dans les vapeurs de barbe à papa, elles se réjouissent à l’avance de tout ce qu’elles vont raconter à leurs copines le lendemain dans la cour de l’école.