Liban : une jeunesse s’engage pour son pays

Mis à jour le par Anne-Marie Cousin
Les jeunes bénévoles de DPNA se mobilisent quotidiennement pour apporter une aide matérielle aux personnes vulnérables.

Début juin, une mission du SPF s’est rendue au Liban pour rencontrer DPNA, le partenaire du SPF sur place. L’occasion pour l’association de faire le point sur les projets en cours et de rencontrer des Libanais soutenus par l’association. A son retour, Thierry Robert, secrétaire national, a répondu à nos questions.  

Un an après l’explosion qui a détruit le port de Beyrouth, vous vous êtes rendu au Liban pour rencontrer les bénévoles et les responsables de DPNA, votre partenaire au Liban. Vous avez passé du temps avec les équipes de DPNA sur le terrain. Que pouvez-vous nous dire de ces volontaires et de leurs actions ?

 

Les volontaires de DPNA sont essentiellement des jeunes et ils sont très engagés. Ce qui les anime, c’est de permettre à leur pays de sortir au plus vite de cette crise. Ils ont à cœur d’accompagner les populations les plus vulnérables du Liban, notamment les enfants. Actuellement, l’activité de notre partenaire repose sur l’engagement régulier de 1000 volontaires bénévoles. La façon d’agir de notre partenaire s’appuie beaucoup sur des partenariats associatifs de terrain, des centres de quartier, des centres de santé, des hôpitaux, des centres de formation. Il est aussi en relation avec le PNUD et l’Unicef sur certaines de ses activités. Implantés dans différents quartiers de Tripoli, Saïda, Tyr et Beyrouth, les volontaires et partenaires relaient les actions de DPNA. Par exemple, les distributions alimentaires d’urgence qui se déroulent en ce moment sont faites par des bénévoles de DPNA, mais aussi par leurs partenaires dans les quartiers qui assurent le suivi des familles. Ces jeunes ont conscience que l’avenir de leur pays est incertain, mais à aucun moment ils ne donnent le sentiment de baisser les bras, bien au contraire. Volontaires et résistants, ils savent que des changements sont nécessaires pour leur pays mais que cela repose sur des décisions qui ne leur appartiennent plus. Beaucoup de jeunes volontaires nous disent que rester au Liban aujourd’hui est un acte de résistance, car en effet nombreux sont ceux qui pensent partir à l’étranger. Ce que l’on appelle la fuite des cerveaux touche ce pays de façon massive. Lors d’une de mes rencontres avec ces volontaires, l’un d’entre eux, âgé d’à peine 16 ans, m’a fait part de ses questions sur son avenir : « Nous, on est jeunes, on s’interroge quel chemin suivre, rester ici ou partir tenter notre chance ailleurs »

Alors que le pays traverse une crise sans précédent, comment s’organise aujourd’hui la solidarité avec la population ?

Aujourd’hui, la situation des Libanais est terrible ; plus d’un Libanais sur deux vit sous le seuil de pauvreté. La FAO et le PAM alertent sur l’insécurité alimentaire du pays. La précarité gagne du terrain. Il n’y a pas de pénuries alimentaires, mais les familles n’ont plus les moyens de s’acheter de quoi manger. Seuls les médicaments manquent parfois et il faut attendre des heures pour se procurer de l’essence. Certaines personnes ne mangent plus à leur faim et ne font plus qu’un ou deux repas par jour, tellement la nourriture est chère. L’aide alimentaire d’urgence distribuée par DPNA est nécessaire : c’est un moyen de maintenir la population hors de l’eau et de permettre le lien social et le vivre ensemble. Nous avons répondu au cri d’alerte lancé par notre partenaire en février dernier et mobilisé l’ensemble de nos collecteurs pour rechercher les fonds et venir en aide aux populations. Avec 100 euros, nous pouvons subvenir aux besoins d’une famille de 4 personnes pendant un mois. La solidarité qui unit nos deux associations depuis de nombreuses années doit se poursuivre et s’amplifier dans les mois à venir car la crise que traverse le Liban est loin d’être terminée.

 

Quelles sont les principales actions conduites par DPNA actuellement ?

 Il y a bien sûr l’aide alimentaire mais aussi un volet sanitaire important, lié notamment à la crise du Covid qui n’épargne pas cette région du monde. Les volontaires agissent quotidiennement sur le terrain dans des centres de santé ou à l’hôpital de Saïda et sensibilisent les familles pour qu’elles se fassent tester et vacciner. Dernièrement, DPNA s’est inscrit dans le « Marathon de la vaccination », dont l’objectif est de convaincre du bien-fondé de la vaccination. Pour venir en aide aux personnes vulnérables du souk (vieille ville) de Saïda, DPNA a mis en place un vaste programme de réhabilitation qui englobe différents volets dont la reconstruction de 500 logements mais également le soutien à 150 PME.  Alors que des aides matérielles sont distribuées, un accompagnement pour que des jeunes et des femmes retrouvent une activité est aussi mis en place. Le soutien est pris au sens large et concerne tous les secteurs de la vie économique et sociale. C’est d’ailleurs pour cela que, depuis quelques semaines, une assistance juridique vient de se créer, offrant des coups de pouce financiers si besoin, l’aide d’un avocat ou encore du soutien pour des médiations. Le choix de faire du « cash for work » est toujours d’actualité. C’est ce que DPNA a mis en place pour la réhabilitation du port de Beyrouth il y a un an maintenant. Ce dispositif offre à de jeunes Libanais de travailler en échange d’un salaire et d’une formation. Ce programme est soutenu par le PNUD.

Lors de votre mission, vous avez visité les villages « Copain du Monde » de Benwati et de Jezzine. Les activités de ces villages vont-elles être maintenues durant l’été ?

Oui, cet été les villages « Copain du Monde » accueilleront des enfants et cela malgré la crise que traverse le pays. Au programme de ces villages, la promotion de la paix mais aussi des activités ludiques. Durant leur séjour, les enfants âgés de 8 à 14 ans apprendront à s’aimer, notamment grâce à la promotion des valeurs de paix, d’échanges et de solidarité. Dans un pays comme le Liban, la place des villages « Copain du Monde » a valeur de symbole, cela est un vrai plus dans un pays où les loisirs sont souvent relégués au second plan. Pour DPNA, le volet éducatif est important. Les enfants libanais sont les citoyens de demain. La création d’un troisième village est d’ailleurs à l’étude, et celui-ci devrait voir le jour l’année prochaine. Le Secours populaire se propose d’y contribuer (la fédération nationale du SPF des Électriciens Gaziers a déjà fourni des tentes de 25 m2). Nous recherchons pour cela des soutiens financiers et invitons à collecter.

 

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