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Liban : Une aide alimentaire d’urgence pour nourrir l’espoir

Mis à jour le par Pierre Lemarchand
Une équipe de jeunes volontaires de DPNA effectuant une distribution de colis alimentaires pour les familles démunies à Beyrouth

En réponse au cri de détresse de son partenaire DPNA, le SPF lance un appel à la générosité publique pour le Liban, qui continue de s’enfoncer dramatiquement dans une crise économique et sociale sans précédent. Un fonds d'urgence de 130 000 € est d’ores et déjà débloqué, afin de soutenir DPNA dans un programme d’aide alimentaire massive à destination de 150 000 familles. L’objectif est impérieux : aider ces familles à survivre. Fadlallah Hassouna, directeur de l’association DPNA, témoigne.

« Je suis une mère et mon cœur souffre, mais je n’accepterai jamais que mon enfant ait faim ». Les mots sont inscrits en caractères noirs sur une longue banderole blanche tenue par des mères de familles. Ce 21 mars, c’est la fête des mères et, au Liban, des centaines d’entre elles manifestent à travers tout le pays. Ici, à Jiyeh, petite ville côtière située entre Beyrouth et Saida, la colère et l’affliction se mêlent dans les slogans : affliction quant à la pauvreté qui gagne le pays et colère contre une classe politique dépassée par la crise économique et engluée dans ses querelles confessionnelles. La rencontre prévue le lendemain entre le président Aoun et le ministre Hariri ne suscite aucun espoir au sein d’une population désabusée.

« L’échec de la rencontre d’aujourd’hui entre le Président de la République et le Premier ministre a balayé tout doute possible quant à la situation du pays », témoigne, le lendemain, Fadlallah Hassouna, directeur de l’association DPNA, partenaire du Secours populaire au Liban« Le peuple libanais vit dans une situation d’insécurité, d’anxiété quant aux menaces de chaos et de conflits. La situation au Liban est devenue très dangereuse sur les plans politique, sécuritaire et social, et bien sûr économique en raison de la flambée du taux du dollar. Par conséquent, la réponse aux besoins de base est essentielle pour assurer la sécurité. »

Un appel de détresse et à l’aide internationale

DPNA (Association pour le développement de l’homme et de la nature) a lancé un appel de détresse et à l’aide internationale, afin de pourvoir à l’achat de denrées alimentaires de première nécessité, auquel a répondu aussitôt le Secours populaire français, en débloquant un fonds d’urgence de 130 000 €. Depuis l’explosion du port de Beyrouth survenue le 4 août dernier, qui symbolise dramatiquement l’effondrement de tout un pays, les volontaires de l’association ont redoublé d’efforts pour venir en aide à une population que la misère gagne inéluctablement. Selon l’ONU[1], 55% des plus de quatre millions de Libanais vivent à présent sous le seuil de pauvreté, quel que soit leur niveau d’éducation, contre 28% un an plus tôt. Inflation monstre (les prix ont bondi de 145%[2]) et chute vertigineuse des salaires : comment se nourrir quand le salaire moyen se situe autour de 65 € par mois ?

« Avant la crise, les familles parvenaient à se nourrir de trois repas par jour, mais à présent, ce n’est plus qu’un seul repas. Et elles ont épuisé les aides familiales ou amicales. Elles sont au désespoir et dans une grande insécurité alimentaire », s’inquiète Fadlallah Hassouna. DPNA a ainsi identifié 150 000 familles ne pouvant plus subvenir à leurs besoins et menacées par la faim, vivant dans les régions de Beyrouth, Tripoli et Saida. « Nous avons un réseau de partenaires au sein de la société civile, des associations comme des municipalités, dans les zones urbaines et rurales. C’est ainsi que nous avons pu établir une liste très fournie des familles les plus pauvres de ces zones, détaille Fadlallah Hassouna.  Dans cette liste, on trouve les familles qui ne peuvent plus accéder à leurs petites économies, en raison de l’effondrement du système bancaire. Y figurent aussi les familles qui souffrent du chômage en même temps que de la baisse de leur pouvoir d’achat, ou encore des familles où la maman est seule pour s’occuper du foyer. »

Il y a urgence à préserver la paix

Tandis que les manifestations rythment le cours chaotique de l’existence des Libanais, les émeutes et les pillages se multiplient. Jamais on n’a vu autant de poubelles fouillées, de routes bloquées, de feux allumés dans les rues. La crise sanitaire achève de rendre la situation intenable, quand l’argent manque pour être admis à l’hôpital ou se fournir en oxygène à domicile et que les contaminations atteignent à nouveau des chiffres record, malgré de longues et épuisantes semaines de confinement. Aujourd’hui, l’exaspération et la tentation des extrêmes sont à leur comble.

Il y a urgence à préserver la paix. C’est ce à que les équipes de volontaires de DPNA s’attèlent : œuvrer pour la sécurité alimentaire est œuvrer pour la sécurité tout court. « Pour pourvoir à la sécurité alimentaire de ces familles, nous nous concentrons sur les produits de base (lait, féculents, céréales, conserves, sucre, etc.) qui répondent à des besoins essentiels, sans oublier des légumes frais », précise le directeur de DPNA. Pour la constitution de ces colis alimentaires, d’une valeur de 100 €, DPNA travaille avec des producteurs locaux. « Nous traitons avec des grossistes libanais de confiance, qui ont une comptabilité saine, sont contrôlés, bénéficient d’une bonne réputation et fournissent des produits de qualité. En lien avec nos partenaires locaux, les volontaires de DPNA procéderont à la distribution des colis alimentaires, de porte à porte, de la main à la main. »

Après l’explosion du port, des explosions populaires de la faim

Le travail des volontaires de DPNA a commencé et il demeure immense. Les volontaires ont estimé que 100 € permettent de soutenir une famille de 5 personnes pendant 1 mois. L’objectif de soutenir 150 00 familles durant les trois mois du printemps sur le plan alimentaire requerra l’énergie de l’ensemble de l’association libanaise en même temps qu’un soutien massif de la communauté internationale. « Depuis que nous avons lancé cet appel, le SPF est pour l’instant la seule association à s’engager à nos côtés. Mais nous attendons les réponses d’autres partenaires et bailleurs de fonds », espère le directeur de DPNA. 

Pour sa part, le SPF, dans la foulée de l’envoi de ce premier fonds de 130 000 €, initie une grande mobilisation de ses bénévoles et donateurs afin de collecter les moyens nécessaires à la solidarité et alerte l’opinion publique sur le drame que vit le peuple libanais en appelant à la générosité publique. Une mission est d’ores et déjà sur place, depuis le 19 mars et pour deux semaines, pilotée par le Docteur Ismaïl Hassouneh, secrétaire national du SPF. Présent après l’explosion chimique du port, le Secours populaire tient à être également présent, fraternellement, aux côtés de son partenaire DPNA lors de ces explosions populaires de la faim qui secouent le Liban. 

20 € permettent à DPNA de fournir à 1 personne de quoi se nourrir durant 1 mois

« Le peuple français a toujours été aux côtés du peuple libanais et, au cours de l’histoire, son soutien s’est révélé indispensable. Le SPF, en particulier, a mené des dizaines de campagnes de solidarité pour les Libanais. La situation n’a jamais été aussi difficile qu’aujourd’hui, les taux de chômage, de décrochage scolaire et de pauvreté n’ont jamais été aussi élevés, les personnes souffrant de la faim n’ont jamais été aussi nombreuses, s’émeut Fadlallah Hassouna. Nous appelons les Français à continuer aujourd’hui cette tradition de solidarité et d’entraide entre les peuples français et libanais. Et les remercions pour leur soutien qui ne s’est jamais démenti. Nous espérons que c’est la dernière épreuve que devront affronter le Liban et les Libanais. »

S’il est urgent d’agir, rappelons à nouveau qu’il est concrètement possible de le faire. 20 euros : c’est ce qui permet aux volontaires de DPNA, en une solidarité efficace et chaleureuse, d’aider une personne à se nourrir pendant 1 mois. « Chaque Français peut sauver une famille, contribuer à la survie d’un étudiant, et ceci en restant chez soi, en faisant un don au Secours populaire ! », appelle le directeur de DPNA. « C’est une chose possible, que d’aider une famille à subvenir à ses besoins et à préserver sa dignité. Soyez assurés que les personnes les plus fragiles, ici au Liban, ressentent la présence lointaine mais fraternelle de ceux qui les soutiennent par-delà les frontières. »

 

Fadlallah Hassouna, Président de DPNA

 

 

Chaque Français peut sauver une famille, en faisant un don au Secours populaire ! Soyez assurés que les personnes les plus fragiles, ici au Liban, ressentent la présence lointaine mais fraternelle de ceux qui les soutiennent par-delà les frontières.

(Fadlallah Hassouna, directeur de DPNA)

 

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