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«L’hiver dernier, nous sommes restés des jours sans chauffage»

Mis à jour le par Olivier Vilain
Edith

Ce n’est pas la meilleure période de la vie d’Edith. Cette mère de famille qui élève seule ses enfants est au chômage après la faillite de la boulangerie bio qu’elle avait montée avec son ex-compagnon, à Poitiers. Pour la Journée mondiale du refus de la misère, ce 17 octobre, Edith témoigne de ses difficultés : manque de revenus, démarches incessantes à entreprendre, suspensions régulières des allocations pendant les contrôles répétés des CAF et, surtout, la hausse des prix historique. Comme cette femme courageuse, ils sont des millions à ne pas pouvoir joindre les deux bouts, malgré tous leurs efforts et tous leurs espoirs.

« Pour la rentrée scolaire, je n’ai pas pu prendre toutes les fournitures pour mes 4 enfants car l’allocation de rentrée m’a permis de régler en urgence une partie des factures en souffrance, comme l’électricité et le téléphone. Après avoir payé le loyer, le téléphone, les assurances, il ne reste plus rien pour mes 4 enfants et pour moi le 10 du mois. L’été se passe sans que je ne puisse rien faire avec eux ou pour eux, faute d’argent, alors qu’il fait beau et chaud. La vie n’est pas facile quand on voit ses enfants avec des chaussures pleines de trous, même les soldes c’est compliqué.

« Il faut toujours se battre, mais on n’arrive plus à sortir la tête de l’eau. C’est comme ça depuis que je me suis séparée de mon compagnon avec qui j’avais lancé une boulangerie bio à Poitiers. Tout l’alimentaire est hors de prix. En 2021, c’était déjà compliqué pour donner des fruits et des légumes à mes enfants, parce que j’essaie de leur donner des choses correctes. Mais avec les prix actuels, ce n’est plus possible, même si nous avons envie d’en manger. Nous ne mangeons que ce que nous donnent les bénévoles. En plus, je dois toujours payer ma livraison de fioul de janvier dernier.

« Je n’ai pas pu remplir ma cuve de fioul. »

« En 2015, je remplissais ma cuve avec un fioul à 0,49 € le litre. Il coûte maintenant plus de 1 €. Ma facture s’élève à 1000 €, c’est énorme, et encore je n’ai pas pu remplir ma cuve et nous avons passé cet hiver plusieurs jours sans chauffage, il faisait 9 degrés dans la maison, le temps que je trouve un fournisseur qui accepte l’étalement des paiements. Il me reste deux mensualités…

« Pour percevoir l’argent de la CAF, ça a été très long, très compliqué. Les contrôles prennent du temps et vous ne percevez rien pendant ce temps. Avec tout ça, j’ai accumulé de la dette. Du coup, nous risquons d’être expulsés.

« Je n’étais pas partie en vacances depuis 14 ans. Cette année, nous avons passé une semaine au camping à la Tranche-sur-Mer grâce au Secours populaire. J’ai beaucoup aimé les animations, la piscine, aller à la plage à pied, cette sensation de bien-être, même si le sable était brûlant, je ne l’avais pas eue depuis si longtemps. On peut penser qu’une semaine ne n’est pas beaucoup, que ce n’est rien mais mes enfants ont kiffé ! Quand les bénévoles me l’ont proposé, je croyais que c’était juste pour les enfants, comme une colonie, mais non, c’était pour toute la famille. Sur le moment, je n’avais pas bien compris car je ruminais en même temps tous mes problèmes. J’en avais vraiment plein la tête.

« Je ruminais mes problèmes. J’en avais plein la tête. »

« Je ne ménage pas mes efforts. J’ai commencé un mini potager, quelques tomates et quelques fraises parce qu’il faut quand même acheter les graines, etc. Ça ne marche pas toujours mais on apprend aussi en se trompant. En 2015, j’avais monté avec mon compagnon de l’époque une boulangerie bio à Poitiers. On ne s’est jamais aussi bien entendu que quand on travaillait ensemble, mais il a fait un burn out et ça a été le début d’une descente aux enfers à la fois professionnelle et personnelle.

« Quand on perd tout, c’est la dépression, les cachets… J’ai pu faire une formation sur l’estime de soi, afin de reprendre confiance en moi. Puis, j’ai fini par trouver un CDD comme agent périscolaire dans les cantines. J’ai fait 6 heures par semaine pendant trois mois. Je veux reprendre un travail. J’ai envoyé plusieurs cinquantaines de CV, sans réponse… je compte aussi passer mon permis. Il me le faut. Avec tout ça, je tente de garder le moral et l’humour, ne serait-ce que pour les enfants. »

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