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Des jeunes toulousains engagés

Mis à jour le par Olivier Vilain
Les enfants souhaitent très majoritairement s'engager contre la pauvreté, jugée "injuste".

Une partie des jeunes vit dans un foyer à faible revenu, frappé par le chômage ou soumis au travail précaire. Plutôt que de se laisser abattre, ils multiplient les actions de solidarité. Reportage à Toulouse (Haute-Garonne).

Au collège Bellevue, un partenariat a été noué avec le Secours populaire. « Toute l’année, nous explorons en cours la société qui nous entoure à travers le prisme de la pauvreté. Nous nous interrogeons : qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que cela représente ? », souligne Régis Boselli, professeur d’histoire-géographie à la peau tannée par le soleil. Une initiative pédagogique bienvenue alors que les privations liées à la pauvreté affectent 14,1 % de la population, selon les calculs de l’Insee. Au total, 8,9 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté monétaire (1 041 euros par mois en 2017).

Cela fait plusieurs années que l’enseignant, avec plusieurs collègues, propose à ses élèves ce type de sensibilisation. « En début d’année, ils résument en général la pauvreté à l’extrême précarité, représentée par les personnes sans domicile fixe ou les migrants. Peu à peu, ils élargissent leur scope à d’autres situations plus proche d’eux », constate-t-il. Malgré son air poupin que lui donne ses taches de rousseur, Yanis, en 5e, est l’exemple type de cette prise de conscience : « Je ne supporte pas d’entendre des gens dire que les chômeurs vivent bien. C’est faux. On a vu en cours qu’un tiers des chômeurs sont vraiment pauvres. »

Des situations proches

Marie est en 3e. Très vive, elle ouvre de grands yeux sur le monde qui l’entoure. « La pauvreté, ce n’est pas seulement être sans logis. (…) Au collège, je vois bien que des amis n’ont jamais d’habits neufs. » Elle a aussi été très touchée par l’une de ses copines qui l’a chez sa sœur à fêter son anniversaire : « Elle avait honte de me montrer où elle vit. »

Les bénévoles du Secours populaire viennent au collège faire des ateliers plusieurs fois dans l’année pour présenter leurs actions. Les élèves participeront à une course de relais en novembre prochain afin de collecter des fonds pour deux associations dont le Secours populaire. « C’est normal, parce que la pauvreté augmente », remarque Adeline, une copine de Marie qui a un sourire lumineux, qui réfléchit à faire des maraudes pour venir en aide aux SDF mais aussi « parler avec eux, mieux connaitre leur vie ».

Des initiatives multiples

En dehors de l’école, les élèves s’impliquent aussi dans des actions locales. Marie fait des collectes de vêtements dans son village. « Au niveau du village, on voit les gens qui vont mieux grâce à nos initiatives. » Yanis, lui, organise en famille des maraudes dans les rues de Toulouse. « À Noël, on a fait une cinquantaine de gâteaux, des sandwichs et nous sommes allés les distribuer à des gens qui dorment dans la rue. » La famille avait aussi apporté du café bien chaud, du chocolat et des couvertures de survie. Une initiative peu commune. « Mon père me dit : ‘‘On ne sait jamais, si un jour nous en arrivons là, toute aide sera bienvenue’’. » 

Comme Yanis, 62 % des jeunes craignent de connaitre un jour la pauvreté. C’est pourtant l’âge auquel ils pourraient être insouciants et rêver de devenir chanteuses, avocates, vétérinaires ou commerçant.

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Témoignages

Tous les ans, au collège, nous menons des actions solidaires parce que la pauvreté augmente. Dans deux mois, nous allons faire un marathon pour collecter des fonds pour le Secours populaire et une autre association. J’aimerais bien participer à des actions de ces associations, certaines collégiennes le font. Je souhaite avoir des échanges avec des personnes sans logis, savoir comment elles vivent et comment les aider.

Adeline, solidaire au collège Bellevue à Toulouse (Haute-Garonne).

La pauvreté, ce n’est pas seulement être sans logis. Je ne la vois pas dans ma famille ou dans mon village, mais au collège, oui, des amis n’ont jamais d’habits neufs ou alors une de mes copines m’a invité à fêter son anniversaire chez sa sœur : pas chez elle, parce qu’elle a honte de montrer où elle vit. La pauvreté c’est aussi monsieur et madame tout le monde, à découvert parce qu’ils ne sont pas assez payés. Ces derniers mois, plein de femmes et d’hommes contestent pour prouver qu’ils ne sont pas seuls, qu’il faut agir.

Je suis jeune, je ne sais pas encore tout ce qu’on peut faire, mais je compte aider dans la mesure de mes moyens. Mes copines, j’essaie de dédramatiser, de leur dire qu’elles vont s’en sortir, qu’elles ne sont pas seules. Je trouve que les adultes connaissent plus de choses que les enfants ou les ados. Mais nous observons mieux ce qui se passe autour de nous, donc on réagit à des choses qu’ils ne voient même pas.

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