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Un été au goût d’embruns et aux couleurs de la joie

Mis à jour le par Olivier Vilain
Le 10 juillet, 45 adultes, enfants, personnes isolées, étudiants sont invités, à La Rochelle, pour une journée avec le skipper Léo Bothorel, entre pique-nique et sortie en mer.

Après une année marquée par l’inflation, adultes et enfants ont besoin de souffler, de changer d’air. Les bénévoles s'impliquent plus que jamais pour défendre leur droit aux vacances, en famille, en colonie, en famille de vacances..., afin que cette période estivale leur permette de se ressourcer.

« Avant d’être en contact avec le Secours populaire français, je me contentais de prendre l’air dans le quartier, ça ne laisse pas le même souvenir que d’aller nager dans l’eau salée de l’Océan », observe Annie-France. La jeune femme est aide-soignante en psychiatrie et vit à Melun avec son fils de 9 ans. Ses heures supplémentaires ne suffisent pas pour payer la nounou, la cantine, la voiture. « Sans parler de la nourriture et du loyer qui ont augmenté ». Comme Annie-France et son garçon, des milliers et des milliers de personnes souffrent de la hausse des prix et souvent de la précarisation du travail.

D’après les études du Crédoc, près d’un Français sur deux n’est pas parti en vacances l’année dernière. « Les vacances sont les premières dépenses sur lesquelles les gens font une croix et beaucoup ne voient même plus comment on pourrait les aider », explique Ayse Tari, secrétaire générale de la fédération de Corrèze. Il n’empêche qu’avec le Secours populaire, Annie-France a pu faire découvrir la mer à son fils.

Les vacances sont les premières dépenses sur lesquelles les gens font une croix

Les bénévoles se démènent pour permettre à un maximum de personnes de connaître les joies de ce moment de coupure, de repos, de découverte, d’approfondissement des relations avec ses proches. Pour donner de l’élan, le Secours populaire français lance sa campagne « Vacances d’été », le 31 mai, lors d’une « Journée bonheur » à Paris : 250 vacanciers (enfants, familles, étudiants, personnes isolées, retraités) sont invités. Venant d’Île-de-France et des départements alentour, ils vont faire une visite touristique en bus panoramique, un déjeuner en croisière sur la Seine et la visite du musée du quai Branly – Jacques Chirac. Bref, pour eux, cette journée dans la capitale sera inoubliable.

Après des Journées bonheur dès le début de l'été, à partir du 15 août les bénévoles proposeront la Journée des oubliés des vacances. Une bouffée d'oxygène après une année marquée par l'inflation.

Après des Journées bonheur dès le début de l’été, à partir du 15 août les bénévoles proposeront la Journée des oubliés des vacances. Une bouffée d’oxygène après une année marquée par l’inflation.


L’organisation de la campagne « Vacances d’été » est importante. Les bénévoles collectent, à l’image des enfants « Copain du Monde » du Calvados qui ont organisé un loto pour financer des séjours. Dans tous les départements, ils s’activent pour que le droit aux vacances, reconnu par la loi du 29 juillet 1998, soit vivant : des séjours séniors contre la solitude, des séjours jeunes et adolescents pour l’autonomie, des Village « Copain du Monde » favorisant la découverte de cultures différentes.

Par ailleurs, dans certains cas, les bénévoles aident des enfants à partir en colonie « pour que les parents soufflent et parce qu’au moins leurs enfants auront eu des vacances », analyse Ayse Tari à partir des entretiens de préparation aux vacances menés avec les familles. La formule des Journées bonheur, inaugurée après les confinements, continue d’être développée (grottes de Lascaux, parcs de loisirs, bases nautiques…) et à partir du 15 août les traditionnelles Journées des oubliés des vacances battront leur plein pour des milliers de personnes qui jusque-là n’ont pas pu quitter leur domicile de l’été.

« Partir, c’est vital » pour Georgette, qui prépare ses vacances avec l’aide de l’équipe de Vesoul

Pour Georgette, « partir, c’est vital » et Nadia, elle, se dit « heureuse quand [ses] enfants sont heureux », autour d’une piscine, en bord de mer ou en train de visiter une région qu’ils ne connaissent pas. Vivant à Vesoul, une petite ville de Haute-Saône qui vit au rythme de ‘‘l’usine’’ Peugeot, ces deux femmes sont en train de préparer le départ de leur famille respective dans le Languedoc avec l’aide de la très dynamique équipe du Secours populaire. Des vacances en familles sont aussi organisées. Les bénévoles les aident à définir leurs projets et à lever tous les freins au départ (voir le reportage à Vesoul).

Huit jeunes de 18 à 25 ans, confrontés à la précarité, ont découvert les sensations du saut en parachute, le 12 juin, avec les bénévoles de l’Essonne. Ils se sont entraînés et ont décollé de l’aérodrome de Saint-Florentin (Yonne).

Huit jeunes de 18 à 25 ans, confrontés à la précarité, ont découvert les sensations du saut en parachute, le 12 juin, avec les bénévoles de l’Essonne. Ils se sont entraînés et ont décollé de l’aérodrome de Saint-Florentin (Yonne).


« Les personnes qui ne partent pas avancent principalement des raisons financières mais pas seulement. Il y a aussi l’absence de voiture, le mauvais état du véhicule qui ne permet pas de faire de longs trajets, l’absence de permis automobile, la peur de l’inconnu ou encore la peur du regard des autres en dehors du cadre qui leur est familier… », explique Anne-Laure Dalstein, sociologue et fondatrice du cabinet Etéicos qui a réalisé en 2022 une étude sur les bienfaits des départs en vacances pour les personnes qui en sont habituellement privées (pour le compte de Vacances & familles).

Cet été, le Secours populaire a relancé les familles de vacances, qui avait été mises sur pause avec le Covid-19. « On reprend en douceur pour des séjours de 11 jours », souligne Eva, chargée de mission vacances dans l’Hérault. L’équipe a été reconstituée et va accueillir des enfants de Haute-Garonne, du Rhône et des Yvelines pour un été qui leur laissera de bons souvenirs. A Biville-sur-Mer (en Seine-Maritime), Didier et Christine sont impatients d’accueillir Raphaël, qui vient depuis plusieurs années et la petite Makagba, qui a passé ses premières vacances avec le couple l’année dernière.

Des jeux, du camping, de l’écoute, la recette simple du bonheur par Didier et Christine

Les vacances, c’est simple, pour Didier et Christine : ils demandent aux enfants « ce qui leur plait comme activité, on joue beaucoup aux jeux de société et on part au camping en Bretagne ou visiter les châteaux de la Loire et leurs jardins ». Simple, efficace, rodé. Pour Raphaël et Makagba, c’est la formule du bonheur.

 

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