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En Bretagne des séniors savourent la vie de château

Mis à jour le par Anne-Marie Cousin
Le 27 juillet, 40 seniors des Côtes d'Armor ont participé à une Journée bonheur

Cet été dans les Côtes-d’Armor, le SPF a organisé huit Journées bonheur. Enfants, familles et séniors profitant ainsi de bols d’air et de découvertes. Le 27 juillet, 40 séniors ont passé la journée dans le domaine de la Roche-Jagu. Reportage.  

« Les séjours d’une semaine n’ayant pu se faire à cause de la crise sanitaire, nous avons décidé d’organiser des sorties à la journée. Nous devions partir une semaine en Alsace mais nous avons annulé. Nous avons réfléchi à des activités de courtes durées et au sein de notre département, qui est riche de sites intéressants », nous explique Annick Mauger, la responsable de la campagne vacances du Secours populaire des Côtes-d’Armor. Malgré un temps incertain et un peu couvert, le groupe est au complet ce lundi 27 juillet. Venus de Saint-Brieuc, Guingamp et Lannion, les seniors présents aujourd’hui sont heureux d’être là et de profiter de cette sortie. Après une heure et demie de car, les uns et les autres découvrent ou redécouvrent le domaine de la Roche-Jagu. Château médiéval surplombant le Trieux et situé dans un parc de 70 hectares, classé jardin remarquable depuis 2005. De quoi s’offrir un véritable bol d’air et un voyage dans le temps.

« Nous ne faisons pas beaucoup de sorties »

Magalie accompagne sa maman, et se souvient du lieu grâce à une sortie scolaire qui remonte à plus de quinze ans. Elle invite sa mère à la suivre pour découvrir l’immense domaine et ses jardins aux herbes aromatiques. Un peu fière de faire la « guide touristique », elle lui décrit toutes les plantes en s’aidant des panneaux mis à la disposition des visiteurs. De leur côté, Jacques et sa femme se dirigent vers le château et les remparts pour admirer la vue sur le Trieux. Ce jour-là, quelques bateaux sillonnent la rivière. « Avec nos faibles moyens nous ne faisons pas beaucoup de sorties, sauf avec le SPF. Nous avons 1 500 euros de revenus pour deux. Ma femme ne touche que 320 euros d’allocations, elle n’a pas travaillé car elle a élevé nos deux enfants. C’est difficile de se priver. Quand nous allons en ville, on évite les rues avec des commerces pour ne pas être tentés. »
Jacques, ancien de la marine marchande, a fait plusieurs fois le tour du monde, mais comme il aime le dire : « Il n’y a pas plus beau pays que ma Bretagne ». Aujourd’hui, avec sa femme, ils disent pouvoir respirer car, pendant le confinement, ils ne voyaient personne. Leurs angoisses étaient omniprésentes et les images à la télé leur faisaient peur. Comme l’explique Micheline, sa femme, « Je n’allumais plus la télé, c’était trop dur. Et puis nous étions très inquiets pour notre fils aîné qui a perdu son travail dès le début du confinement. Nous ne pouvions pas l’aider et ça, pour des parents, c’est un sentiment difficile à assumer. On se sent un peu coupable. »
Comme eux, les retraités de notre pays n’ont pas toujours la vie facile. C’est d’ailleurs ce qu’avait mis en avant le Baromètre IPSOS/SPF réalisé en 2017 par le Secours populaire. Près de la moitié des seniors redoutaient alors de connaître la pauvreté et, pour plus de la moitié des personnes âgées, les loisirs étaient inaccessibles en raison de revenus trop modestes.

Le SPF est toujours là quand il faut !

Trois ans après, cette réalité est malheureusement toujours d’actualité. Pour Michel, 68 ans, retraité de la Poste et célibataire avec une petite retraite, le seul loisir qu’il s’offre est la plage des Rosaires, à sept kilomètres de Saint-Brieuc. « Je n’aime pas la solitude, avec différentes associations de la ville, j’ai une activité par jour. Comme ça, je vois tout le temps du monde. Avec le Covid c’était dur de rester seul chez moi. » Aujourd’hui, il a le sentiment de revivre et tient à remercier le SPF « qui est toujours là quand il faut ! »
Après les balades du matin au cœur des palmerais et des allées de camélias, la pause repas rassemble quasiment tout le groupe. Instant de convivialité et de partage mais encore très imprégné de l’actualité, notamment du retour du Covid en Bretagne.
Une fois le pique-nique rangé, la découverte des jardins se poursuit avec l’espace des jeux d’eaux et des labyrinthes naturels. Des arbres et des plantes qui ravissent le regard et l’odorat. Alors que certains préfèrent le plein air d’autres font le choix de visiter l’intérieur du château. Au rez-de-chaussée, Marie-Jeanne et Annie, deux amies de Lannion qui se connaissent bien, admirent la maquette du domaine et découvrent ainsi l’immensité du lieu qu’il est parfois difficile d’imaginer. Et même si cela manque de lumière selon elles, « c’est incroyable de voir des cheminées aussi grandes », s’étonnent-elles. Mais à la lecture des panneaux, elles comprennent que les animaux étaient cuits en entier à la broche. Ainsi tout s’explique…

Se libérer l’esprit quelques heures

Aujourd’hui, grâce à cette Journée bonheur, Marie-Jeanne aura oublié un peu ses soucis. En effet, pour elle, la période du Covid a été extrêmement douloureuse car son fils de 45 ans est décédé brutalement. Hospitalisé à Lannion, elle n’a pas pu aller lui rendre visite. C’est les larmes au bord des yeux qu’elle nous raconte cette période plus que difficile pour elle. Alors, participer à cette sortie c’est pour elle bien plus qu’un bol d’air : c’est se libérer l’esprit quelques heures.
En fin de journée, alors que tout le groupe se retrouve pour reprendre le car, Annick annonce qu’une prochaine Journée bonheur est programmée le 6 août sur l’Île de Bréhat. Sans hésiter Annie, Marie-Jeanne, Jacques, Michel et Magalie lèvent la main pour s’inscrire. Une autre belle sortie en perspective …

 

Des séniors découvrent et savourent la vie de château

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