Sondage Ipsos / SPF 2017 sur la pauvreté des seniors

Face au nombre croissant de personnes âgées se présentant dans ses permanences, le SPF s’inquiète de la pauvreté qui affecte de plus en plus cette partie de la population. En 2017, près de la moitié des seniors redoutent de connaître la pauvreté.

En 2017, près de la moitié des seniors redoutent de connaître la pauvreté.

Depuis 2010, l’association a constaté une augmentation de près de 50 % des demandes d’aides, venant particulièrement des femmes de plus de 60 ans. S’il est incontestable que la France a l’un des systèmes de retraites les plus performants, la détérioration des conditions de vie des seniors est manifeste dans les permanences d’accueil de l’association et paraît s’aggraver considérablement.

Beaucoup de nos aînés ayant travaillé toute leur vie sont désormais contraints de rechercher un soutien matériel à cause de leurs revenus trop faibles, en dessous du seuil de pauvreté, avec des retraites, des pensions de réversion ou allocations vieillesse (Aspa) autour de 800 euros. Fait marquant aussi, les personnes âgées n’ayant pas encore atteint l’âge ou les droits à la retraite connaissent également la précarité de l’emploi ou encore sont dans l’obligation de travailler pour survivre.

Le phénomène inquiète : aujourd’hui, près d’un senior sur deux (49 %) s’est déjà dit qu’il était sur le point de connaître la précarité. C’est un peu moins que pour l’ensemble des Français, mais cette inquiétude a augmenté de manière significative chez les plus âgés par rapport au premier baromètre Ipsos-SPF en 2007 (+4 points).

Parmi les seniors les plus modestes, 40 % n’ont pas les moyens de se procurer une alimentation saine leur permettant de faire trois repas par jour.

Parmi les seniors dont les revenus sont les plus modestes
(inférieurs à 1 200 euros), 58 % ont connu la pauvreté.
Les personnes âgées qui touchent de petites pensions de retraite ont du mal à faire face à l’augmentation des produits de première nécessité ou de l’énergie, aux charges liées au logement, aux dépenses de santé mal ou pas remboursées.

Un équilibre impossible

Dans un tel contexte, comment s’étonner que près d’un senior sur deux déclare ne pas parvenir à équilibrer son budget ? Ces difficultés financières influent en particulier sur leur accès à la santé. Ils sont 39 % à avoir le plus grand mal à payer certains actes mal remboursés par la Sécurité sociale et 31 % à financer une mutuelle, soit une augmentation notable de 6 points par rapport à l’année dernière.

Si les personnes de 60 ans et plus vivent pour beaucoup un quotidien difficile, si, parfois, il leur faut une force hors du commun pour conserver leur dignité malgré les épreuves, ils sont incontestablement pour leur entourage un soutien, notamment financier.

Pour plus de la moitié des personnes âgées aux revenus modestes, les loisirs sont inaccessibles.

C’est le cas des plus aisés (68 %), mais aussi des plus vulnérables : 61 % de ceux dont le revenu mensuel net du foyer est compris entre 1 200 et 2 000 euros aident leurs proches. Ils sont 67 % à donner de l’argent aux associations, dont 33 % régulièrement. Là encore, les plus démunis sont nombreux à vouloir faire un geste financier pour la solidarité (55 % quand le revenu net du foyer est compris entre 1 200 et 2 000 euros, 38 % en dessous de 1 200 euros).

Beaucoup consacrent aussi leur temps aux autres, que ce soit pour leurs petits-enfants ou pour une association. Plus d’un quart (27 %) s’occupent d’une personne dépendante, dont 16 % régulièrement. Impliqués socialement, contribuant à soutenir leur famille, les seniors sont inquiets de devenir une charge pour elle : 56 % redoutent de ne pas pouvoir faire face à leur propre dépendance ; les plus pauvres sont 74 % à nourrir cette angoisse.

Une majorité des retraités est particulièrement inquiète quant à sa capacité à faire face financièrement à une éventuelle dépendance.

L’observatoire de la pauvreté du Secours populaire français est un repère pour l’opinion publique. Il est aussi l’occasion de faire un large écho aux témoignages bouleversants d’un quotidien cruel, vécu par des millions de Français. Le détail du baromètre Ipsos-SPF met en évidence des chiffres qui doivent interpeller les pouvoirs publics : la pauvreté prend racine et celle des personnes âgées paraît s’installer alors que depuis la création de la Sécurité sociale en 1945 tout avait été entrepris pour l’éradiquer.

Le SPF, face à ce constat, rappelle l’importance de tendre la main à celui qui est dans le besoin, le rôle fondamental de la solidarité dans nos sociétés : contribuer à faire relever la tête à ceux qui souffrent, agir collectivement pour faire reculer la misère et la désespérance sociale.

Sondage réalisé par téléphone du 23 juin au 1er juillet 2017 auprès de 1 005 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus, ainsi que sur un échantillon de 277 seniors permettant de disposer au total de 565 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 60 ans et plus. Sondage réalisé selon la méthode des quotas : sexe, âge, profession de la personne de référence du foyer, région et catégorie d’agglomération.

Ce rapport a été élaboré dans le respect de la norme internationale ISO 20252 : « Études de marché, études sociales et d’opinion ». Comme pour toute enquête quantitative, cette étude présente des résultats soumis aux marges d’erreur inhérentes aux lois statistiques.

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Témoignage

Pierre Arditi, comédien et parrain de la campagne Pauvreté-Précarité du SPF

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