Hed-Tamat lutte pour la scolarisation au Niger

Mis à jour le par Olivier Vilain
La scolarisation au Niger est très faible. Les jeunes sont peu voire pas formés du tout.

Depuis 2001, le Secours populaire soutient son partenaire nigérien Hed-Tamat. Ce dernier œuvre à la scolarisation dans un pays où les deux tiers des jeunes sont peu ou pas du tout formés.

Avec son habit touareg traditionnel, Mohamed Akser, secrétaire général de Hed-Tamat, ne passe pas inaperçu. Le 20 novembre dernier, pour une journée sur les droits de l’enfant, il présentait à des petits rouennais les actions de son association aussi bien dans le creusement de puits que dans le domaine de l’école. Les questions venant de l’auditoire fusaient : « Chez toi, les enfants ne sont pas tristes quand ils ne vont pas à l’école ? » « Qu’est-ce qu’ils font durant la journée alors ? » « C’est comment la vie dans le désert ? » À chaque fois, Mohamed Akser leur répond en présentant des photos, des schémas très clairs. Il s’acquitte de l’exercice avec le sourire.

Le Niger est un pays pauvre, l’argent public qui va au secteur scolaire est insuffisant pour couvrir les besoin en infrastructures (transport, bâtiments, etc.), en équipements scolaires (tables, livres, cahiers, etc.) et pour assurer la formation des enseignants. Face à ces réalités et confrontés à la dureté de la vie, les parents trouvent que l’école n’est pas essentielle et en retirent souvent leurs enfants, notamment les filles. Résultat les trois quarts des filles de 15 à 19 ans ne savent ni lire ni écrire. Et plus généralement, les deux tiers des moins de 25 ans ont un niveau de formation très faible.

Des salles de classes et des livres

Les partenariats entre Het-Tamat et le Secours populaire ont commencé en 2001. « On a agi d’abord sur l’accès scolaire avec la construction de salles de classes à Agades, dans le nord du Niger, et la formation de maîtres d’école. Parallèlement, nous menons des réunions publiques et avons créé une compagnie théâtrale pour sensibiliser les parents, souvent analphabètes, aux bienfaits de l’école ». Avec ce type de programme, Het-Tamat a constaté un quasi-doublement de la proportion d’enfants scolarisés : « Elle passe de 4 à 7 sur 10. »

Ensuite, l’association a construit une bibliothèque pour les 420 élèves de l’école de Timia et l’a doté de livres, avec l’aide du Secours populaire et de son conseil régional de Normandie. De même, pour permettre aux élèves de mieux se nourrir le midi, des poulaillers ont été mis en place dans deux écoles. Avec la fédération des Yvelines du Secours populaire, Het-Tamat a creusé 100 puits maraîchers, pastoraux ou villageois et planter des arbres, notamment des arbres fruitiers, pour empêcher le desséchement des cultures. Parallèlement, des enfants du Niger sont venus en France participer à des Villages copains du Monde, avec le soutien du conseil de Région Occitanie du Secours populaire.

La bibliothèque scolaire de Timia a été construite et équipée avec l'aide du Secours populaire.

La bibliothèque scolaire de Timia a été construite et équipée avec l’aide du Secours populaire.

La faible pratique de la lecture chez les enfants limite leur capacité d’apprentissage. « Sans lecture, pas de compréhension de la langue française et donc des cours dispensés, car ils le sont dans cette langue », relève Mohamed Akser. Pour y remédier, Hed-Tamat et le Secours populaire, notamment ses fédérations de Haute-Normandie et du Haut-Rhin, ont développé les malles de lecture. Des collectes en France servent à constituer, là-bas, un ensemble pédagogique constitué d’une malle de rangement et de livres.

On y trouve « Mamadou et Bineta », des dictionnaires, des atlas, des manuels, des Bescherelle, des contes, des romans illustrés, des ouvrages de sciences… « Nous amenons une malle à chaque école que nous soutenons. » Le choix des titres est réalisé en accord avec chaque enseignant, ainsi que le comité de l’école qui réunit professeurs et parents d’élèves. Les petits se servent de ces malles comme d’une bibliothèque : les livres sont à lire chez eux ou à l’école durant une séance de lecture surveillée par les maîtres.

Des internats en projet

Ce programme concerne dix écoles, soit près de 1050 élèves de 6 à 14 ans, des filles pour près de la moitié. Les effets sur l’apprentissage sont notables. « Le taux de réussite aux examens est désormais de 95 % en moyenne, alors qu’il n’atteignait pas 50 % avant ce programme ». Ce support pédagogique renforce le travail des maîtres, qui sont alors plus motivés, et encourage les parents à renouveler leur confiance à l’école.

Hed-Tamat va passer à une nouvelle étape, après avoir identifié « dix autres écoles à fournir ». Plus ambitieux encore, l’association veut implanter des internats en milieu nomade afin d’assurer la continuité de la scolarisation des petites bergères et des petits caravaniers. Il y a tout à faire aussi bien en terme d’infrastructures (salles de classe, dortoirs, latrines, cuisine, éclairage), d’alimentation (vivres, matériel de cuisine), que de petits matériel de classe (tenues, nattes). Aux vues des résultats des deux dernières décennies, Mohamed Akser se dit confiant.