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Baromètre Ipsos-SPF 2018, une intensification de la pauvreté

Mis à jour le par import
Comme Lydie, beaucoup de femmes sont victimes de la pauvreté

L’intensification de la pauvreté en France en 2018 poursuit une tendance inquiétante. Plus d’un tiers des Français y a été confronté comme les chiffres du nouveau baromètre Ipsos-SPF le montrent et ils sont nombreux à redouter l’avenir difficile réservé à leurs enfants.

Plus d’un tiers des Français a été confronté en 2018 aux privations multiples avec toutes les souffrances que cela comporte. Ils étaient 37 % en 2017, ils sont désormais 39 % (+ 2 points) à avoir connu un moment de leur vie une situation de pauvreté. L’intensification de la pauvreté en France poursuit une tendance inquiétante. La crise économique de 2008, la plus grave depuis l’après-guerre a favorisé une accentuation des inégalités. Ce qui entrave la mobilité sociale des plus modestes, quand on est né au bas de la structure sociale, la reproduction sur plusieurs générations demeure un destin probable.

Les personnes pauvres, de plus en plus pauvres

Les interviewés dont les revenus actuels sont les plus faibles sont 65 % à avoir été pauvres. Ce chiffre est inquiétant, car il est sans conteste le marqueur d’une intensification de la pauvreté et de ses risques d’irréversibilité. Depuis plus dix ans le baromètre Ipsos-SPF pointe une augmentation constante de ce chiffre.

Indicateur-phare du baromètre Ipsos-SPF, la proportion de personnes affirmant leur crainte de la pauvreté, même si celle-ci ne se transforme pas toujours en réalité, est toujours très forte chez les Français. Ils sont 59 % a avoir connu la pauvreté ou à s’être dit qu’ils étaient sur le point de la connaître. Un chiffre qui continue d’augmenter ; (+ 2 points depuis 2016). Quand on compare ce chiffre à celui de 2007, avant le début de la crise, à cette époque moins d’un Français sur deux faisait part alors d’une telle angoisse.

Les Français inquiets pour leurs enfants

Les bastions contre la pauvreté que constituaient communément l’emploi ou la cellule familiale ne sont plus une garantie contre la précarité au quotidien. Les Français expriment cette crainte, et disent redouter des lendemains incertains pour leurs descendants : 81 % considèrent en effet que le risque que leurs enfants connaissent un jour la pauvreté est plus élevé que pour leur génération.

Si la situation financière d’une partie des Français semble connaître une légère amélioration par rapport en l’an dernier, notamment au niveau de l’épargne, pour autant, il reste toujours un socle de 7 % qui déclarent s’en sortir de plus en plus difficilement. Il s’agit un peu plus souvent de femmes (8 % d’entre elles sont dans cette situation), de personnes âgées que de jeunes. A l’occasion notamment de la parution de baromètres  Ipsos-SPF 2013 et de 2017, le Secours populaire alertait déjà sur des situations dramatiques rencontrées par les mères seules, qui déclaraient nombreuses que le 15 du mois, elles n’avaient plus rien à donner à manger à leurs enfants. L’association faisait état en 2017 de la précarité de beaucoup de séniors, de plus en plus nombreux à devoir travailler après 60 ans afin de pouvoir survivre.

Toujours plus de difficultés pour les plus pauvres

Si les difficultés liées aux retombées de la crise de 2008 semblent s’estomper pour une catégorie de Français, elles restent néanmoins bien réelles et en progression au sein des populations les plus modestes. Les bénévoles du Secours populaire français soulignent une détérioration notoire des conditions de vie des plus pauvres et un accroissement du nombre des personnes accueillies. Dans certains départements, on observe une augmentation des demandes d’aide allant jusqu’à 50 %.

Les difficultés financières ont des conséquences concrètes : les dépenses de logement et d’énergie sont aussi un problème, 57 % parviennent difficilement à payer leurs dépenses d’énergie et 45 % leur loyer, leur emprunt immobilier ou les charges de leur logement. Les restrictions dans le domaine de la santé constituent un exemple insupportable : 38 % des sondés déclarent avoir des problèmes à payer certains actes médicaux mal remboursés par la Sécurité sociale. Si les difficultés sont là encore en léger recul pour l’ensemble des Français, elles progressent chez les plus pauvres : 56 % + 6 points pour ceux dont le revenu mensuel net du ménage est inférieur à 1 200 euros. Disposer d’une mutuelle santé reste également compliquée pour une proportion importante de foyers modestes.

Malgré leur rôle salvateur, les vacances sont la plupart du temps sacrifiées pour de nombreux ménages : 41 % des Français déclarent qu’ils ont du mal à s’offrir une fois par an en vacances, dont 19 % beaucoup de mal. Là aussi, si globalement ces difficultés reculent, elles sont en augmentation chez les plus pauvres, 67 % soit + 2 points pour les foyers dont le revenu mensuel net est inférieur à 1 200 euros.

Restrictions dans le domaine de l’alimentaire

L’alimentation est loin d’être un poste de dépense préservé. Au contraire, face aux dépenses contraintes, comme le logement ou l’énergie, elle est de plus en plus souvent une variable d’ajustement. 

Quand on interroge les Français, les difficultés pour s’alimenter est pour eux l’indicateur-clé de la pauvreté : 86 % d’entre eux pensent qu’on est en situation de pauvreté quand on éprouve régulièrement d’importantes difficultés pour se procurer une alimentation saine et équilibrée. Or, l’alimentation est loin d’être un poste de dépense préservé. Au contraire, face aux dépenses contraintes, comme le logement ou l’énergie, il est de plus en plus souvent une variable d’ajustement. Ajustement qui peut être quantitatif (manger moins, sauter un repas…) et/ou qualitatif (manger moins équilibré, moins de produits frais…).

Un Français sur cinq a du mal à se nourrir sainement

21 % des Français ont du mal à se procurer une alimentation saine pour assurer trois repas par jour. Ces difficultés sont encore plus importantes pour les plus précaires : près d’une personne sur deux, 48 %, dont le revenu mensuel net du foyer est inférieur à 1 200 euros éprouve des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine pour faire trois repas par jour.

Difficile de s’alimenter à l’école quand on est un enfant pauvre

Il suffit de s’entretenir avec les parents d’enfants accompagnés par le SPF pour entendre les difficultés rencontrées pour payer les frais de cantine. Beaucoup des enfants de ces familles pauvres ne prennent pas trois repas par jour. En France, en 2018, 19 % des parents d’enfants de moins de 18 ans rencontrent des difficultés financières pour payer la cantine. C’est le cas d’une majorité de parents issus de foyers très modestes.

Or, mettre à disposition des services pour les enfants les plus pauvres est un moyen de réduire les inégalités et de favoriser ainsi une meilleure mobilité sociale, comme le démontre notamment l’étude Healthy School Meals and Educational Outcomes (Repas scolaires sains et résultats éducatifs) dirigée par les universitaires Michèle Belot et Jonathan James, qui atteste que les élèves – notamment les plus défavorisés – bénéficiant d’un déjeuner équilibré sont dans de meilleures conditions pour apprendre. Ce qui contribue ainsi à une égalité des chances un peu plus effective afin de parvenir à une meilleure mobilité sociale.

Les Français convaincus de l’importance de l’aide alimentaire aux plus démunis

La première aide est très souvent alimentaire. Elle est souvent une réponse d’urgence et est donc d’autant plus vitale. Pour assurer cette aide sur tout le territoire, l’association s’appuie sur des collectes et sur le Fonds européen d’aide aux démunis (FEAD).

Les Français ont bien compris toute l’importance de l’aide alimentaire : 92%  des Français estiment qu’il est impératif de  préserver le financement de l’aide alimentaire aux plus démunis, 84 % sont convaincus que la distribution de l’aide alimentaire permet de repérer d’autres problèmes vécus par les personnes (problèmes de logement, d’accès à la santé, de décrochage scolaire…).

Face à ce qu’ils constatent des situations de pauvreté en Europe, les Français jugent durement l’action de l’Union européenne : 3 Français sur 4 considèrent qu’elle ne s’investit pas beaucoup dans la lutte contre la précarité et la pauvreté. Parmi eux, 39% estiment même que ce n’est « pas du tout » le cas, soit 21 points de plus qu’il y a 9 ans. (précédent sondage IPSOS – SPF).

L’aide alimentaire est plus qu’une situation d’urgence, 89 % des Français l’affirment : elle est une rencontre, elle permet de briser l’isolement, qui détruit les êtres dans leur humanité, elle favorise la création du lien social. « Le FEAD sera renégocié en 2020, doit dès aujourd’hui être défendu pour garantir l’accès du plus grand nombre une aide alimentaire diversifée », souligne Sébastien Thollot, secrétaire national du Secours populaire français.

Les personnes interrogées fixent le seuil de pauvreté à 1 118 euros

Les Français pensent qu’avec un revenu inférieur à 1 118 euros mensuel, on peut être considéré comme pauvre. Ce montant interpelle du fait de sa proximité avec le Smic, tout en restant supérieur au seuil de pauvreté « officiel » calculé sur la base de 60% du revenu médian national qui s’élève à 1 015 euros en 2015 selon l’Insee. En 2015, près de 9 millions de Français se situaient en dessous de ce seuil pauvreté officiel. Leur nombre est donc encore plus important si l’on retient le seuil de 1 118 euros avancés par les Français dans le baromètre.

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