Deux décennies de partenariat avec El Karamat

En Mauritanie, l’association El Karamat a vu le jour en 1998. Grâce à son partenaire de longue date, le Secours populaire a mené et mène de nombreuses actions pour l’autonomisation des femmes dans la partie la plus pauvre de ce pays. Une région où vivent de nombreux anciens esclaves.
El Karamat a commencé par agir auprès des familles, leur portant une aide alimentaire et menant campagnes contre les endémies. Ses interventions se concentrent dans la région enclavées de l’Hodh El Gharbi, au sud de la Mauritanie. Y vivent dans la plus grande pauvreté d’anciens esclaves. L’association milite pour les droits humains, en particulier ceux des femmes. Discriminations et violences persistent à leur égard, notamment à travers des mutilations, les mariages forcés, les viols et d’autres formes d’abus sexuels.
Protéger les droits des femmes
En 2012, avec le soutien du Secours populaire, El Karamat a mis sur pieds des missions d’évaluation afin de mettre au jour les problèmes auxquels les villageoises étaient exposées. Puis, a mené des ateliers de sensibilisation contre l’excision. Pour favoriser la scolarisation des filles, assignées à des tâches domestiques, l’association a installé des moulins et dispensé des formations en meunerie en février 2015.
Parallèlement, le Secours populaire a soutenu financièrement un projet d’élevage et de maraîchage dans sept villages qui souffrent de la sécheresse. Dans chaque localité, une coopérative de 50 femmes a été créée pour mettre en valeur un hectare de terre. Chaque collectif de paysannes a creusé un puits et aménagé un bassin pour le bétail et un autre pour irriguer les parcelles, via un réseau de tuyaux fonctionnant par goutte à goutte.
« L’idée à l’origine du programme est de diminuer l’insécurité alimentaire de ces communautés déshéritées, dont les repas étaient constitués traditionnellement de viande, de lait et de céréales », explique Fatma Bent Abdallah, présidente d’El Karamat, décédée récemment.
L’autonomie alimentaire donne des ailes
Les paysannes cultivent désormais plusieurs légumes – tomates, carottes, navets, oignons, betterave, gombos, pommes de terre douce, choux –, ainsi que des fruits (melons, pastèques), qui leur apportent, ainsi qu’à leurs proches, les vitamines et les oligo-éléments nécessaires à l’entretien d’un bon état de santé et au développement infantile.
« Ça a changé la vie de ces familles ! Les villageoises vendent régulièrement leurs surplus de fruits et de légumes sur les marchés, distants de 40 à 100 kilomètres, auxquels elles se rendent en taxi-brousse », précise Fatma Bent Abdallah. El Karamat organize la formation technique des femmes. Son éventail va du maraîchage au stockage des récoltes – afin de les protéger des vagues régulières de criquets –, jusqu’à la commercialisation de la part de la production qui n’est pas consommée sur place.
Ces paysannes sont désormais convaincues de leur capacité à donner un avenir à leurs enfants. Elles ont choisi d’ouvrir une salle de classe avec les bénéfices tirés de leurs activités. Pour Fatma Bent Abdallah, « c’est une belle manière de continuer à renforcer la collectivité. » Ces coopératives maraîchères diminuent la vulnérabilité des populations du Hodh El Gharbi et réduisent la fréquence des appels d’urgence à la solidarité mondiale.


Dans le sud de la Mauritanie, prises de vue des projets menés avec l’association El Karamat.
Liens
- Fatma Bent Abdallah était une femme solidaire
- En Mauritanie, favoriser l’autonomie des femmes
- Mauritanie, mobilisation pour endiguer la grave crise alimentair
Témoignages
Nos projets ont consisté à défendre les femmes contre les pratiques d’excision et à leur gagner le droit à l’égalité dans une société où les traditions séculaires sont fortes. La dignité est la chose la plus importante à défendre.
Fatma Bent Abdallah, présidente de l’association mauritanienne El Karamat, partenaire du SPF