Copain du Monde

Don’actions : l’énergie des « Copain du Monde » de Perpignan

Mis à jour le par Olivier Vilain
A Perpignan, les enfants des familles aidées par le Secours populaire s'impliquent avec le sourire dans les actions de solidarité ©J-M. Rayapen / SPF

Dans la métropole des Pyrénées-Orientales, le Secours populaire est en train de constituer un club « Copain du Monde ». Les enfants qui se réunissent depuis septembre dernier s’impliquent beaucoup dans la campagne de collecte du Don’actions alors que les besoins de solidarité sont au plus haut dans le département.

À Perpignan, les enfants « Copain du Monde » s’égaillent dans les rues alors qu’un soleil baigne la ville dans une douceur précoce, en ce tout début du mois de mars. Dounia, Maram, Zohra et leurs amies se rendent au Super U du quartier du Bas-Vernet, tandis qu’en face, de l’autre côté de la rue, les garçons se dirigent vers la boulangerie.

Une quinzaine d’enfants très motivés par la solidarité

Devant les deux magasins, les deux groupes d’enfants proposent aux passants de participer à la grande collecte nationale du Don’actions. Dounia, 11 ans, a déjà son discours bien rôdé. Elle indique aux gens qu’ils peuvent gagner « beaucoup de choses » en prenant un ticket-don qui sera peut-être gagnant lors des tirages au sort, au niveau du département, puis à nouveau au niveau national. La petite, au regard brillant et au sourire espiègle, n’oublie pas d’encourager les participants au Don’actions à faire un don pour permettre au Secours populaire d’organiser plus de sorties pour Dounia et ses amis.

Plus largement, les dons collectés à travers toute la France, de janvier à mars, durant cette campagne, par des bénévoles de tous âges permettent au Secours populaire d’assurer son indépendance et de consolider ses actions de solidarité. Avant d’aborder les gens qui entrent dans le Super U, Dounia a demandé un peu d’attention aux autres filles, qui ont entre 9 et 12 ans, disposées en arc de cercle devant elle : « Le ticket, là, se découpe bien sur les pointillés après avoir noté le nom, le prénom et l’adresse des gens. » L’équipe de filles est extrêmement efficace.

Les passants ont été très réceptifs à la présence des enfants leur expliquant la portée du Don’actions ©J-M. Rayapen / SPF

Kaoutar et Lilia abordent un jeune homme venant du parking. Il les écoute et promet de revenir avec du liquide à la fin de ses courses. Peu de temps après, il revient et donne 10 euros, évoquant ses parents. « Quand ils étaient jeunes, ils ont eu besoin du Secours populaire. Maintenant, ça va mieux et donc c’est à mon tour de contribuer. » Un peu plus tôt, c’était Catherine, une retraitée dynamique, qui a fait un don tout en prenant un ticket-don. « La situation s’aggrave, les gens ont moins d’argent, alors j’ai envie d’aider un peu. Pour ça, je fais des dons régulièrement. »

Elles ont l’habitude de faire des collectes, à l’image de Dounia. « Depuis le début de l’année, j’amène régulièrement des carnets de tickets-dons à l’école. J’en ai proposé à mon professeur, qui en prit trois, au directeur et à mes copines. Après, tout le monde en a voulu. » Depuis septembre, le Secours populaire essaie de constituer un club « Copain du Monde » en réunissant à Perpignan les enfants des familles qui viennent aux permanences d’accueil, avec les « mercredis du bonheur ». « Chaque semaine, une vingtaine d’enfants sont présents, mais pour le moment, il n’y a pas encore de noyau stable et chacun vient de manière un peu irrégulière », analyse Léa, responsable de l’initiative, qui compte bien arriver à ses fins.

+33 % d’aides alimentaires dans les Pyrénées-Orientales

Durant ces « mercredis du bonheur », les bénévoles proposent des randonnées du côté des Corbières ou du Canigou, des sorties au cinéma ou en centre-ville au Castillet, l’ancienne porte fortifiée en briques rouges, datant du 14ᵉ siècle et devenue l’un des emblèmes de la métropole catalane. « La plupart des enfants n’y sont jamais allés, alors qu’ils sont souvent nés ici », précise Sandrine Da Silva. Les enfants ont aussi achevé un cycle d’initiations aux premiers secours avec la venue devant le siège de la fédération du Secours populaire de trois camions de pompiers, toutes sirènes dehors et gyrophares enclenchés, pour un exercice grandeur nature et une série d’ateliers.

L’argent collecté lors du Don’actions dans les Pyrénées-Orientales va servir à faire face aux frais de fonctionnement qu’occasionne la distribution de l’équivalent de 30 000 repas en 2024. « Nous avons enregistré une augmentation de 33 % des demandes alimentaires entre 2022 et 2023 et elles ne sont pas redescendues ensuite », détaille Sandrine Da Silva, la secrétaire générale du Secours populaire dans le département. L’afflux de demandes s’explique en partie par l’arrivée de réfugiés ukrainiens et davantage encore par l’envolée de l’inflation.

Une mâtinée de collecte marquée par la bonne humeur, la joie de se retrouver et d’œuvrer pour la solidarité ©J-M. Rayapen / SPF

Les dons collectés par les équipes de bénévoles dans le département permettent aussi de couvrir les zones blanches, où l’association n’est pas implantée, afin de répondre aux nombreux besoins qui y sont exprimés aussi bien dans l’accès à la culture, à l’alimentaire, aux loisirs, etc. Le Secours populaire va remplacer une autre association, qui a fermé ses portes à Font-Romeu et vient de s’implanter à Bompas, une commune à 10 minutes en voiture de la métropole des Pyrénées-Orientales.

À Bompas *, le Secours populaire a ouvert une nouvelle antenne à l’automne dernier et y a installé son local de stockage des denrées alimentaires. « On l’a ouverte, il y a quelques mois, dans une zone blanche », souligne Sandrine Da Silva. Il a fallu trouver ce local parce que l’ancien a changé de propriétaire. Les coûts du nouvel emplacement sont un peu plus élevés. La campagne de collecte du Don‘actions contribue à assurer les coûts de fonctionnement de cet espace de 800 m², le temps que l’activité de l’antenne couvre toutes les dépenses avec la vente de meubles récupérés et des braderies permanentes de vaisselle, d’outils de jardinage, de petit électroménager. Janine et Éric, les deux responsables, sont confiants car l’antenne est de plus en plus fréquentée et l’on entend très souvent parler catalan.

L’antenne de Bompas deviendra « un lieu d’échanges »

Petit à petit, la nouvelle antenne deviendra « un lieu chaleureux de rencontres, d’écoute et d’échanges », comme l’explique Janine, à travers de nombreuses initiatives : braderies, barbecues solidaires, ateliers de réparation… Comme dans chaque antenne du département, trône un superbe vélo électrique qui sera le premier lot du tirage au sort local du Don’actions. L’un des gagnants sera peut-être parmi les gens qui ont pris un ticket-don auprès de l’équipe de « Copain du Monde » au quartier du Bas-Vernet. Dounia et ses copines devant Super U et les garçons devant la boulangerie ont convaincu 67 personnes en un peu plus d’une heure.

* Antenne de Bompas : 7 avenue de la Têt à Bompas. Contact : 04 26 48 79 92 Ouverture le mardi et le mercredi de 14 h à 16 h 30, le vendredi de 9 h à 12 h et tous les deuxièmes samedis du mois.