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Des « Journées bonheur » tout l’été

Mis à jour le par Olivier Vilain
Les bénévoles font le maximum pour aider aux départs en vacances des personnes précarisées alors que la crise actuelle risque de faire battre tous les records de non-départs.

Les conséquences de l’arrêt massif de l’activité économique de mars à mai vont se faire sentir pendant de longs mois. Habituellement, 40 % des Français ne partent pas en vacances, surtout par manque de moyens. Cette année, probablement moins de la moitié pourra s’évader à cause d’une récession et d’un niveau de chômage historiques. Dans ce contexte, les bénévoles font le maximum pour que les familles aux revenus les plus faibles ne soient pas privées de cette bouffée d’oxygène.

« Comme tout le monde, on serre les dents parce qu’on n’aura pas de quoi partir en vacances cet été », récapitule Naïma, femme de ménage, en arrêt maladie, dont le mari, magasinier, a connu deux mois de chômage partiel. « Moi, je resterai faire des travaux à la maison », dit pudiquement David, qui reconnaît que le confinement l’a contraint à des dépenses supplémentaires, avec  ses deux fils en permanence à la maison. « Et deux adolescents, ça mange… »

Une crise sociale historique

Après n’avoir pas pu sortir pendant deux mois, les personnes accompagnées par les associations ont encore plus envie de partir, de s’aérer et de tourner la page des souffrances de la précarité, même pour un bref moment. « L’année dernière, nous avions été tout un groupe en camping à Lacanau, c’était très agréable. Là, mes quatre enfants ont envie de grand air et moi de souffler », confie Naïma, qui espère partir une nouvelle fois avec le Secours populaire.

Les bénévoles vont s’adapter aux conditions sanitaires pour continuer à faciliter le départ en vacances des personnes aidées habituellement et celles qu’ils accueillent depuis la mi-mars. « Nous allons respecter les restrictions de circulation ainsi que les mesures sanitaires parce que nous ne voulons rendre malade personne, et agir dans la mesure de nos moyens parce que tout le monde a besoin de rire et de voir ses enfants courir », relève Nicole Rouvet, secrétaire générale de la fédération du Puy-de-Dôme. L’ANCV, partenaire du Secours populaire, a décidé d’aider le financement des départs en vacances en prenant en charge les séjours à partir d’une nuit passée hors du domicile, contre quatre habituellement.

 

Les personnes accompagnées par les associations ont encore plus envie de partir.

Les traditionnels temps forts de l’été n’auront pas lieu, faute d’autorisations sanitaires. Ils seront remplacés par une multitude de petites initiatives. « Avec l’alimentaire, les vacances sont notre priorité, car les gens font face à des situations très difficiles », déclare Vincent Bordas, de la fédération de Gironde. Partout, les bénévoles vont aider les séjours en familles et les départs en colonies.

Les enfants risquent de beaucoup moins partir en vacances, faute d’alternatives comme les colonies dont le nombre sera très faible par rapport à d’habitude. « Nous allons favoriser les sorties et les petits séjours en bases de loisirs pour que les familles coupent un peu avec leur quotidien et parce que cela va être compliqué, pour elles, de faire des activités avec les enfants, faute de moyens financiers ou d’accessibilité », annonce Aline Grillon, animatrice en développement à la fédération des Yvelines.

Moment de détente, moment de découvertes, de jeux et d'échanges, les vacances sont primordiales pour le développement des enfants.

Moment de détente, moment de découvertes, de jeux et d’échanges, les vacances sont primordiales pour le développement des enfants.

Des journées à la mer, dans des bases nautiques ou aux parcs de loisirs seront organisées, des visites culturelles aussi. « L’arrivée, depuis le début de l’épidémie, de nouvelles bénévoles éducatrices spécialisées, nous permet d’ajouter à nos différentes initiatives des activités sportives », explique Christine Bernard, secrétaire générale de la fédération de Dordogne.

Des journées de bonheur

Les Journées des oubliés des vacances ne donneront pas cette année l’occasion de grands rassemblements, mais offriront de nombreuses sorties. En Gironde, elles seront locales, avec des petits groupes et appelées « les Journées déconfinées des oubliés des vacances ». En Auvergne, elles seront transformées en « Journées bonheur », durant lesquelles « les familles découvriront des lieux emblématiques de leur département », raconte Nicole Rouvet.

Les préparatifs par les bénévoles ne s’arrêtent pas à l’été. La fédération de l’Ardèche organise, pour la cinquième fois, un séjour pour 50 retraités en pension complète dans le centre Cap’Vacances de Port-Barcarès (Var). Il aura lieu du 3 au 10 octobre, les vacanciers visiteront les marchés locaux, profiteront de soirées dansantes et de promenade en bateau. Le séjour est soutenu par l’ANCV.

Les bénévoles vont aider les personnes frappées par la précarité à passer le cap de la crise. Leur mobilisation est générale et toute leur énergie est mise en œuvre pour que le plus grand nombre puisse s’évader.

Les vacances sont une période de découverte. Des sorties culturelles seront organisées.

Les vacances sont une période de découverte. Des sorties culturelles seront organisées.

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