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Vacances d’été : plus nécessaires que jamais après 14 mois de crise

Mis à jour le par Olivier Vilain
Loin des tensions du quotidien, Laetitia, Emma et Maël profitent de ces cinq jours dans le Jura en famille.

Le Secours populaire a invité 120 personnes lors d’un long week-end de l’Ascension pour le lancement de sa campagne « vacances d’été 2021 ». Laetitia et ses deux ados se sont ressourcés dans le Jura, loin du Covid et des difficultés quotidiennes.

« C’est vert. Tellement vert qu’on dirait le Brésil. » C’est l’image de l’Amazonie qui vient tout de suite à l’idée de Maël quand il découvre les bords du lac de Vouglans, une retenue d’eau émeraude de 35 kilomètres, entourée de profondes forêts de résineux, située dans le sud du Jura. Il était invité avec sa sœur Emma, 17 ans, et sa mère Laetitia à passer cinq jours, à cheval sur le week-end de l’Ascension, à l’occasion du lancement de la campagne Vacances du Secours populaire.

Quelques jours pour prendre du plaisir

Cinq familles ont profité du grand air et du calme absolu de ce coin de nature où seules les volutes des oiseaux, qui se répondent en permanence d’une branche à l’autre, se font entendre. Venant toutes de la région Bourgogne-Franche-Comté, ces vingt personnes sont accompagnées à l’année par l’association et ont été invitées – grâce à un partenariat avec les VVF – au village de vacances de Maisod, dont les bungalows parsèment un coteau donnant directement sur l’énorme masse d’eau.

« C’est un très beau cadeau ; c’est trop ! », confie au bord des larmes Christelle, venue avec ses trois grandes filles de Montchanin (Saône-et-Loire). En 13 ans, ce sont ses premières vacances. « On a tous besoin d’évasion ; et vous encore plus que nous. Il faut accepter d’être gâté. Vous allez apprécier ce séjour, faites-nous confiance », lui répond de manière bienveillante Monique Augé, responsable régionale du Secours populaire qui avait fait le déplacement pour les accueillir. Les discours culpabilisant les travailleurs pauvres et les allocataires des aides sociales ont des effets délétères…

Autour du lac de Vouglans, la nature foisonne. Les occasions d'apprendre et de s'émerveiller sont multiples.

Autour du lac de Vouglans, la nature foisonne. Les occasions d’apprendre et de s’émerveiller sont multiples.


Dans ce contexte de pandémie, les enfants et les familles confrontées à la pauvreté et à la précarité sont les premières victimes de la crise économique et des restrictions de sorties. Mal-logement, manque de ressources et isolement rendent cette crise éprouvante et affectent largement la santé mentale, comme le documentent semaine après semaine les enquêtes de Santé Publique France. La campagne « Vacances d’été » du Secours populaire revêt, dans ce contexte, un caractère particulièrement important, après plus d’un an de contraintes et de restrictions. Les enfants et leurs familles ont plus que jamais le besoin de s’évader, sortir et se projeter.

Au moment de quitter son petit HLM, à Dijon, Laetitia était, au contraire, pressée de profiter de cette parenthèse enchantée. Rien ne pouvait venir à bout de sa bonne humeur, pas même l’averse fugace, qui s’est déclenchée au moment de ranger les bagages de la famille dans le coffre de sa Clio bleu foncé. « Qu’il pleuve ou qu’il fasse beau, rien ne va nous empêcher de prendre du plaisir. » Une partie du coffre était remplie des courses que la mère des deux ados avait faites : « Les trois quarts proviennent du Secours populaire. » En attendant que Laetitia termine sa formation de naturopathe, la famille vit avec le RSA et d’allocations familiales.

Enfin, le relâchement pour toute la famille

Les trois vacanciers ont laissé tout cela loin du Jura et ont très vite changé de rythme sous l’effet de l’espace et d’une immense bouffée d’oxygène. « Heureusement, se réjouit Laetitia, car le confinement, la peur du virus, l’incertitude du lendemain, nous ont fait beaucoup du mal. » Sweat-shirt beige clair et pantalon en toile noire, Emma converse souvent avec son copain Bastien, resté à Dijon. « Le confinement, en 2020, m’a fait perdre pied, observe la jeune fille, blonde et souriante. Le fait de ne plus voir mes amis. De rester chez moi, sans perspective, ça a été trop dur. » Heureusement, avec l’attention que lui porte sa mère, l’adolescente va mieux. « Ici, ce que je préfère, c’est vraiment voir au réveil le lac, toute cette nature. C’est le souvenir le plus fort que je ramènerai avec moi. » « Ça fait tellement de bien ! , acquiesce sa mère. La première chose que je fais le matin est d’ouvrir en grand les rideaux de ma chambre. » La famille s’est lancée à la découverte des chemins de randonnées.

Le confinement, la peur du virus, nous ont fait beaucoup du mal. 

Laetitia, se confiant à la descente du Louisiane 

Le chemin fait une boucle dans les bois et, après plusieurs heures de marche détendue, en passant par des prairies et des villages, il débouche sur le haut d’une falaise, surplombant le lac sur lequel se détachent les voiles blanches de plusieurs bateaux. « Alors les enfants, interpelle Laetitia, vous voyez, ce n’est pas indispensable de partir loin, quand on voit tout ça. Il y a plein d’endroits à découvrir en France. » Emma et Maël acquiescent, absorbés par le spectacle et profitent de la pause pour récupérer, avant de repartir en direction de leur chalet. Au retour, c’est encore leur mère qui propose des parties de jeux de société : « Qui veut faire une partie de Color addict ? » Elle a acheté ce jeu à la « grande braderie de la Fnac » organisée tous les ans à Dijon au profit du Secours populaire.

Après plusieurs parties dans la bonne humeur et contre toute attente, Maël a encore besoin de se dépenser.  Il est 18 heures quand il empoigne son skate-board et file en direction de la grande descente qui va juste au lac. Puis, s’étant fait un copain, ils se rendent sur le terrain de basket, courir et faire des paniers. Le lendemain matin, il refera les mêmes activités, en y ajoutant de nombreuses parties de ping-pong, après avoir demandé des raquettes et une balle à l’accueil du village de vacances. Mais, même lui va trouver son rythme de vacances, laissant les tensions de la vie quotidienne. Le tout jeune adolescent, qui a encore des airs poupons, s’est enthousiasmé pour une promenade en bateau sur le lac. Pendant, que le Louisiane fait des ronds dans l’eau, Maël fini par poser sa tête sur le bastingage et par fermer les yeux. Il profite du moment présent, au soleil, entouré de sa mère et de sa sœur, apaisé.

Basket, skate, ping-pong, randonnée, Maël passe une partie du séjour à se dépenser.

Basket, skate, ping-pong, randonnée, Maël passe une partie du séjour à se dépenser.



Du bonheur partout cet été
Comme chaque été, le Secours populaire lance sa campagne afin de faire respecter le droit aux vacances. Mi-mai, 120 personnes, qui n’auraient pas pu partir faute de moyens, ont séjourné dans 7 centres des Villages Vacances Familles (VVF), partenaires de l’opération.
Avec la crise, familles monoparentales, personnes âgées, jeunes, étudiants, mais aussi intérimaires ou travailleurs indépendants ont basculé dans la précarité. Les bénévoles favorisent leur départ en séjours, leur participation aux « Journées bonheur » (sorties à la plage, au parc ou en forêt ; activités culturelles ou sportives…).
Deux classiques des étés solidaires auront lieu : les villages d’enfants « copain du Monde » pour découvrir d’autres cultures et les « Journées des oubliés des vacances » pour les enfants qui ne sont toujours pas partis le 15 août.

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