Solidarité dans les territoires ultra-marins

Mis à jour le par Anne-Marie Cousin
A Mayotte les bénévoles de l'association Wema Wakou rencontrent les familles pour les sensibiliser aux gestes barrières

A des milliers de kilomètres de Paris, en Guadeloupe, à Mayotte et en Guyane le coronavirus est présent. Avec ses partenaires sur place le SPF agit pour que les plus fragiles ne soient pas oubliés.

Alors que le Covid 19 n’est apparu que le 12 mars en Guadeloupe l’Ile compte aujourd’hui 145 cas et 10 décès. Si la propagation du virus est si rapide cela s’explique en partie par une situation sanitaire très précaire. Le système d’assainissement des eaux est défectueux quasi sur tout le territoire. Comme l’explique Max Bordey responsable de l’association Soleil d’Or, l’association locale partenaire du SPF depuis l’ouragan Irma : « En Guadeloupe, se laver les mains plusieurs fois par jour et utiliser du gel hydro alcoolique est juste impossible. Peu de gens ont l’eau courante, alors les gestes barrières sont inapplicables. » L’accès à l’eau courante est un problème qui existe depuis presque 30 ans maintenant sur l’ensemble de l’Ile. Des tours d’eau s’organisent dans les villages pour permettre une alimentation en eau potable par alternance. Les coupures brutales sont aussi nombreuses. Pour y faire face les foyers font des réserves avec des dizaines de bouteilles d’eau.

Une aide alimentaire essentielle

Actuellement les activités de Soleil d’Or se concentrent essentiellement sur de l’aide alimentaire ainsi que sur des actions de prévention auprès des familles en difficulté pour freiner la propagation du virus. En partenariat avec des producteurs et des agriculteurs de la région de Basse-Terre et de Saint-Claude des paniers de fruits et légumes vont être distribués à des personnes sans revenus. Car depuis le confinement instauré le 17 mars dernier, beaucoup de personnes ayant des petits boulots se retrouvent sans aucun revenus. La distributions de paniers a démarré le 15 avril dernier et devrait se poursuivre durant toute la période de crise sanitaire. Par ailleurs, avec ces fruits et légumes les familles recevront du gel hydro alcoolique. Un produit qui faisait défaut mais qui depuis plusieurs jours est à nouveau disponible grâce à la reconversion des Rhumeries qui ont mis leurs moyens de production au service de la population. Et même si les gestes barrières de protection sont difficiles à mettre en oeuvre dans cette partie du monde, Max Bordey souligne que « le peu de place dans le seul CHU de l’Ile conduit la population à se protéger le plus possible. Les images de la métropole font très peur. » Soleil d’or est aussi en contact avec les indiens Kalinagos de la Dominique, communauté qui recense déjà 13 cas. Isolés, loin de tout et sans accès aux soins, leur situation inquiète les bénévoles de l’association.

Un système sanitaire inadapté

Même inquiétude dans l’archipel français de l’Océan indien. A Mayotte, si le nombre de cas reste bas en apparence c’est que la détection médicale est bien plus faible qu’en métropole. On y compte un nombre de médecins par habitant 20 fois inférieur à la moyenne nationale. Autre crainte, le centre hospitalier de Mayotte compte 16 lits de réanimation pour une île qui recense 257 000 habitants. Les bénévoles de la fédération de l’Orne en contact avec l’association Wema Wakou sont préoccupés par la situation des mahorais. Camille Lecorgne, responsable de l’antenne d’Argentan en témoigne : « Habituellement les bénévoles de Wema Wakou soutiennent les enfants dans leur scolarité. A l’école à mi-temps faute de place dans les école les élèves sont accueillis la reste de la journée pour du soutien éducatif. Avec la fermeture des écoles, les enfants sont livrés à eux-mêmes dans les rues. »

« Avec la fermeture des écoles les enfants sont livrés à eux-mêmes »

Les bénévoles ont donc décidé de consacrer leur temps à faire de la prévention auprès des familles, notamment sur l’importance des gestes barrières. Pour cela ils se positionnent aux fontaines à eau pour sensibiliser les personnes qui viennent chercher de l’eau. Une prévention sanitaire compliquée à faire au regard des conditions de vie de la population. Entassée dans des « Bangas » maisons en tôle ou actuellement il fait presque 50°,  les familles ont du mal à respecter le confinement imposé par le gouvernement. Une aide financière de la fédération devrait être attribuée aux populations. Celle-ci permettrait d’acheter des masque et du gel. Alors que 12 enfants de Mayotte devaient participer à un village copain du Monde en juillet prochain, le SPF réfléchit plutôt à offrir des vacances à ces 12 enfants mais sur leur Ile.Même situation en Guyane, où un village copain du Monde devait avait lieu avec les CMEA et les fédérations de la Vienne et de la Charente-Maritime. Au vue de la situation, cette action est bien évidemment reportée.