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Rue d’Aubagne, un an après

Mis à jour le par Anne-Marie Cousin
Les sinistrés de la rue d'Aubagne à Marseille sont toujours aidés par le SPF

Le 5 novembre 2018, des immeubles insalubres et vétustes de la rue d’Aubagne à Marseille s’effondraient provoquant la mort de 8 personnes. L’antenne du centre-ville du SPF est immédiatement intervenue auprès des sinistrés. Aux aides d’urgence ont succédé des actions d’accompagnement qui se poursuivent encore aujourd’hui.

Touria El Bassiri se souvient de cette terrible nuit du 4 novembre 2018 : « Nous avons eu 10 minutes pour évacuer notre logement. Les pompiers sont venus nous chercher en nous demandant de prendre l’essentiel. Je n’ai pas beaucoup réfléchi, j’ai pris mon sac à main et les cartables de mes enfants. » Depuis, cette famille a été hébergée dans plusieurs hôtels, et dispose aujourd’hui d’un logement temporaire. Comme pour les 50 familles aidées par l’antenne du centre-ville, les bénévoles ont d’abord distribué des produits d’hygiène, des vêtements et tout le nécessaire pour vivre à minima. Car toutes les familles évacuées ont tout laissé sur place et n’ont toujours pas pu retourner chez elle, les immeubles et appartements étant condamnés pour des raisons de sécurité. Bien que logée un peu loin de l’école et du collège des enfants, la famille El Bassiri apprécie son logement temporaire sain et confortable. En effet, dans le trois pièces de la rue d’Aubagne, les murs se fissuraient et les rats étaient présents. Même si la vie semble reprendre son cours normal, le traumatisme est encore présent. Youssef, a son meilleur copain de classe qui a perdu sa maman ce jour là. Difficile pour lui de faire comme si tout allait bien. D’ailleurs ses résultats scolaires ont chuté et il a dû pendant plusieurs mois se rendre au sein de la cellule psychologique mise en place par la mairie.

Une écoute indispensable

C’est pour cela que le SPF a tout au long de l’année organisé des sorties, des repas partagés, une galette des rois, un séjour à la montagne pour que les familles se sentent bien. Certes la dimension matérielle est importante mais elle ne fait pas tout. La plupart d’entre elles ont obtenu des vêtements et de l’aide alimentaire très rapidement mais ce qui leur manquait aussi, c’était de pouvoir se changer les idées, s’évader un peu d’un quotidien devenu difficile. Djawida Achaibou, la bénévole responsable de l’antenne du SPF qui ne compte pas son temps depuis le drame, est toujours présente pour les familles : « L’aide qu’on leur apporte n’est pas que matérielle, il y a l’écoute et la parole aussi. C’est important !  Aujourd’hui il y a une dizaine de personnes qui vivent encore à l’hôtel. Notre mission est de répondre présent à chaque fois que l’on nous appelle. Le 5 novembre 2019, une cérémonie est organisée dans le quartier avec les sinistrés et les associations qui se sont mobilisées. L’antenne du SPF y sera. » Une sinistrée, qui vient d’obtenir les clefs de son logement temporaire, vient d’ailleurs annoncer la bonne nouvelle aux bénévoles. Soulagée et fière elle montre le trousseau de clés de son nouvel appartement. Pour Faten Othmani ne plus vivre à l’hôtel est un  vrai soulagement : « Avoir enfin un logement est un vrai bonheur. Avec mon mari et mes trois enfants nous avons vécu dans trois hôtels. C’était dur, nous ne pouvions pas faire à manger. Nous allions  du coup deux fois par jour dans  un gymnase pour les repas, c’était la course permanente. Ma fille ainée a été très perturbée. Aujourd’hui je respire enfin. »

Encore difficile de faire des projets

Pour beaucoup de sinistrés, même si l’obtention d’un logement provisoire est une bonne nouvelle, ils ont conscience de la précarité de leur situation. En effet, à ce jour aucun travaux n’ont été engagés rue d’Aubagne ni dans les autres lieux concernés par les évacuations. Touria El Bassiri sait qu’elle n’a toujours pas de chez maison. Installée depuis six mois dan son logement elle n’a toujours rien accroché aux murs ni acheté de mobilier. « Je ne souhaite pas me projeter car je sais qu’à tout moment on peut me demander de partir ».Un an après les bénévoles de l’antenne sont toujours présents. Tant que la situation des sinistrés ne sera pas véritablement réglée, les bénévoles continueront à les épauler autant qu’ils le pourront. Un séjour au ski est d’ailleurs programmé en début d’année pour les parents et leurs enfants.

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