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Alléger et soulager les peines des sinistrés du Maroc et de Libye

Mis à jour le par Anne-Marie Cousin
Le Secours populaire et ses partenaires ont apporté une aide matérielle aux sinistrés, notamment en leur fournissant des lampes solaires. ©Stéphane Duprat/SPF

Le 8 septembre, un terrible séisme frappait le Maroc. Immédiatement, le Secours populaire débloquait une aide d’urgence de 150 000 euros et, en contact avec ses partenaires locaux, agissait pour aider les sinistrés. Dans le même temps, des actions en Libye se mettent en place après des inondations meurtrières.

« Le pays est dévasté, des villages entiers ont été rayés de la carte. De nombreuses familles ont perdu un ou plusieurs membres de leur famille. Toutes les personnes que nous rencontrons sont touchées et veulent en parler. » Cette description du Maroc aujourd’hui est faite par Houria Tareb, secrétaire nationale du Secours populaire, au retour de la première mission de l’association. A ce témoignage s’ajoutent les chiffres des autorités : le bilan de ce tremblement de terre serait de 2900 morts et 5530 blessés. La région d’Al Haouz, où se trouve l’épicentre du séisme, et celle de Taroudant ont été les plus touchées et celles accusant le plus de pertes humaines : 1 684 personnes ont perdu la vie à Al Haouz et 980 à Taroudant. Quant aux dégâts matériels, ils sont nombreux : 6000 maisons détruites et plus de 20 000 endommagées. Des milliers de familles se retrouvent sans toit.Présent depuis 1960 au Maroc, le Secours populaire intervient dans différentes zones géographiques du pays avec des associations locales. Immédiatement contactées, elles ont permis d’évaluer les besoins des sinistrés et de rendre efficace la solidarité. L’envoi de deux missions sur place a permis d’évaluer rapidement les besoins des populations. Des achats de tentes collectives et de lampes solaires ont déjà été faits, permettant aux familles de se mettre à l’abri et de se protéger du froid nocturne. Du petit matériel de déblaiement, comme des pelles, ont été achetées : les personnes sinistrées veulent à tout prix rester chez elles et fouillent les décombres à la recherche d’effets personnels à sauver. Des tentes ont également été achetées pour construire une école provisoire accueillant 178 enfants du douar de Tassa. 

« Nous sommes très tristes et pleurons souvent »

Au-delà de l’aide matérielle, le Secours populaire et ses partenaires réfléchissent aussi à la mise en place d’un accompagnement psychologique, notamment pour les enfants. Certains sont à présent orphelins. Il y a les blessures physiques mais aussi toutes celles liées au traumatisme, qui ne sont pas visibles. L’aide matérielle est vitale mais il faut aussi alléger les peines et les souffrances. Des contacts ont été pris avec des psychologues de différents hôpitaux de Marrakech pour mettre en place des équipes de soutien dans des zones reculées et fortement touchées par le séisme. Les projets ne vont pas manquer. Car, comme l’expriment les autorités et les familles soutenues par les partenaires, la reconstruction va être longue et difficile. Jawa, âgé de 21 ans et né dans le douar de Agedim n’a plus de maison et a perdu son frère. Sans toit aujourd’hui, il vit avec sa mère sous une toile de tente comme le reste des habitants de son village. « Cela est très difficile, avec ma maman on n’arrête pas de penser à mon frère qui a disparu si rapidement. Nous sommes très tristes et pleurons souvent. Pourquoi cela nous est-il arrivé ? », nous dit-il. Quant à l’avenir, il lui est difficile de l’envisager : « Pour l’instant, on ne sait pas car la souffrance est trop présente. Il est difficile de vivre sans lui. Nous sommes aussi très inquiets pour cet hiver car nous serons toujours sous les tentes. Nous espérons reconstruire rapidement et essayer de reprendre une vie normale. »

La solidarité des marocains est énorme

Dix jours après le drame les sinistrés sont toujours très choqués, même si la solidarité des marocains est énorme et que de tout le pays les dons affluent pour apporter nourriture et vêtements. Pour Fatma A, âgée de 65 ans et veuve depuis trente ans, l’inquiétude est palpable. « J’ai eu beaucoup de chance. Personne de ma famille n’a été blessé. Deux voisines sont mortes chez elles. Ma maison a des fissures partout. On ne m’autorise pas à y revenir. C’est très dangereux. Je vis sous une bâche avec ce que j’ai pu sauver. L’hiver sera rude et je m’inquiète de la pluie qu’on annonce dans quelques jours. » Aujourd’hui, alors que le froid arrive et que les familles vivent dans des abris de fortune, la solidarité avec les sinistrés est plus que nécessaire.Dans le même temps, la Lybie connaissait une de ses plus grandes catastrophes naturelles. Déjà affaiblie par une crise humanitaire très grave, à laquelle s’est ajouté le passage de la tempête Daniel, l’est du pays et plus particulièrement la ville de Darna viennent de subir des inondations sans précédents, ayant fait rompre deux barrages. Des quartiers entiers ont été ravagés, le paysage est apocalyptique : des maisons, des logements, des écoles, des routes et bien d’autres infrastructures importantes ont été endommagées, voire complètement détruites par les inondations et les coulées de boue. Actuellement, 43 000 personnes sont déplacées de ces régions. Après avoir débloqué une aide d’urgence de 100 000 euros de son fonds d’urgence le Secours populaire a établi des contacts avec son Réseau Euro-Méditerranéen, notamment avec DPNA et trois associations libyennes qui vont organiser des distributions d’urgence dans les jours à venir.

Bilan Urgence Maroc-Libye

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