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Près d’Orléans, les ‘‘Copain du Monde’’ défendent planète et sans-abri

Mis à jour le par Olivier Vilain
Les enfants ''Copain du Monde'' font la brocante de livres avec une idée en tête : "Collecter de l'argent pour mettre sur pieds des maraudes à Saint-Jean-de-la-Ruelle", la ville où ils habitent à côté d'Orléans.

À Saint-Jean-de-la-Ruelle, les jeunes membres de “Copain du Monde” se mobilisent pour plusieurs causes : la sauvegarde de la biodiversité et l’aide aux sans-abri. Ils multiplient les actions. Rencontre avec des petits qui ont de la suite dans les idées.

En haut de l’échelle double, Amina, 12 ans, se penche vers les grandes branches du marronnier et y dépose un nichoir en bois. Tandis qu’à ses pieds, les applaudissements crépitent. Il y a, frappant dans leurs mains, des élus de Saint-Jean-de-la-Ruelle, une commune adossée à Orléans (Loiret), des habitants et une bonne vingtaine de ses amis “Copain du Monde”, tout sourire.

C’est la fin d’après-midi. Tout ce petit monde s’était réuni pour passer une journée, au parc des Dominicaines, qui donne à la fois sur une médiathèque municipale et le local du Secours populaire, pour le Forum du développement durable. L’idée était de présenter dans une ambiance festive – grâce à un groupe de musiciens jouant depuis le kiosque au centre du parc – les producteurs bio (maraîchers, apiculteurs, etc.), des acteurs du recyclage et de la réduction des déchets, l’association de réparation de vélos….

A la brocante, tous mettent la main à la pâte

« Tout comme la médiathèque, nous nous inscrivons dans l’économie circulaire ; elle en vendant les livres dont elle se sépare, nous en vendant à petits prix nos livres d’occasion, finançant de cette manière les projets de “Copain du Monde”», explique Leïla, très fière de l’implication des membres du club de Saint-Jean-de-la-Ruelle, dont elle est l’animatrice avec Magali et une seconde Leïla.

Doua, 13 ans, met la dernière main à l'hôtel à insectes, que les "Copain du Monde" ont fabriqué l'été dernier dans le but de protéger la biodiversité. Il est installé dans le parc des Dominicaines.

Doua, 13 ans, met la dernière main à l’hôtel à insectes, que les « Copain du Monde » ont fabriqué l’été dernier dans le but de protéger la biodiversité. Il est installé dans le parc des Dominicaines.


Il faut dire que les enfants n’ont pas arrêté de la matinée, durant le pic d’affluence. Léna et Inès, 13 et 12 ans, disposent des petits objets d’artisanat, comme des flûtes et des pots décorés, à l’arrière du stand. « Cest vrai, jai sorti des cartons de livres des réserves et les ai apportés au stand, juste à lextérieur du local. Je nai pas arrêté », récapitule Doua, 13 ans. Cette jeune fille s’implique dans toutes les actions du club depuis qu’elle est arrivée en France, il y a deux ans. Derrière le comptoir, Adam dispose avec soin et malice les livres apportés par Doua : « Les livres daventure, ensemble ; les livres pour enfants, plus loin… »

Les petits ont collecté 200 euros le matin, et presque autant l’après-midi. « Ce nest pas la seule collecte que nous faisons en ce moment parce que nous voulons organiser des maraudes dans notre ville », raconte Nafissa, très déterminée. « Il ny a pas de maraudes ici, alors que nous voyons des gens à la rue », ajoute Alaa, 10 ans. « Quand je les vois, je ressens de la tristesse, de la peine, je me mets à leur place », s’ouvre Jamil. De manière très maligne, ils ont décidé d’apprendre à faire des maraudes, c’est-à-dire comment organiser les parcours dans les rues ? Qu’apporter aux personnes qui n’ont pas de domicile ? Comment les aborder ?

Les enfants veulent organiser des maraudes

« Pour cela, nous irons rencontrer les ‘‘Copain du Monde’’ de Marseille, qui nous montreront comment ils s’y prennent », anticipe Nafissa, très mature. Les membres de ce club “Copain du Monde” sont peut-être sensibilisés à la pauvreté mais ils sont loin d’être les seuls parmi les jeunes de leur âge : « 53 % des enfants ont l’impression qu’il y a un peu, voire beaucoup de personnes pauvres dans leur quartier », indique le Baromètre Ipsos / Secours populaire de la pauvreté et de la précarité, publié le 7 septembre dernier.

Les “Copain du Monde” de Marseille agissent depuis plusieurs années auprès des personnes sans domicile autour du Vieux-Port. En décembre, par exemple, ils vont parcourir les rues du centre-ville, proposant tous les matins du café, du thé et des viennoiseries aux personnes qui dorment dans la rue. Ils le feront même le 1er janvier, alors qu’ils seront passés la veille au soir pour distribuer une soupe bien chaude. Une semaine avant, leurs parents auront préparé un repas pour que les “Copain du Monde” le partagent, le jour de Noël, en bas de la Canebière avec les personnes qu’ils aident tous les jours. C’est dire si ces enfants ont une expérience à apporter à ceux de la périphérie d’Orléans.

Après la brocante et avant le goûter, les enfants placent leurs nichoirs dans le parc. L'hôtel à insectes qu'ils ont construit est installé à proximité de la médiathèque et du Secours populaire.

Après la brocante et avant le goûter, les enfants placent leurs nichoirs dans le parc. L’hôtel à insectes qu’ils ont construit est installé à proximité de la médiathèque et du Secours populaire.


Ces derniers sont habitués, malgré leur jeune âge, à mener à bien des chantiers de longue haleine. En matière de sensibilisation à l’environnement, par exemple. L’hôtel à insectes installé au parc des Dominicaines et les nichoirs à oiseaux ont été réalisés lors de leur Village “Copain du Monde” de l’été dernier. « On a tout fait de A à Z », se rappelle Léna. Auparavant, lors des réunions du club, les enfants s’étaient renseignés sur la manière de construire ces éléments et sur leur utilité pour contribuer à maintenir la biodiversité. Il faut dire que 94 % des enfants âgés de 8 à 14 ans souhaitent « agir pour protéger l’environnement et la planète », comme l’a révélé le focus du 16e Baromètre Ipsos / Secours populaire de la pauvreté et de la précarité.

« C’est un groupe très bienveillant, qui s’entend très bien, qui intègre bien, quelles que soient les différences », confie une jeune mère de famille accompagnant son fils, nouveau venu. « C’est vrai qu’ils s’entendent bien. C’est dû aux nombreuses activités qu’ils mènent ensemble et au fait que bien souvent leurs frères et sœurs sont déjà passés par ce club », explique Magali. C’est le cas de Nafissa, qui résume en peu de mots ce que pensent tous ses copains et copines : « On trouve aussi qu’aider les gens et préserver l’idée de justice, c’est important.»  

Prochaine étape : Marseille et son Vieux-Port

Doua vit en France avec sa mère. C’est cette dernière qui l’a convaincue de participer au club avec des enfants de son âge. « Elle m’avait détaillé toutes les actions : redécouvrir les espaces de nature dans notre ville, effectuer les collectes alimentaires ou de fournitures scolaires, faire les braderies… J’avais envie de tout faire. » Pour ces enfants solidaires, la prochaine étape sera donc Marseille pour apprendre à mener une maraude.

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