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Des cadeaux pour les familles hébergées dans les hôtels sociaux

Mis à jour le par Olivier Vilain
Adama, dans la chambre d'hôtel qu'il partage avec sa famille, brandit le cadeau qu'il vient de recevoir des bénévoles du Secours populaire.

Pour que Noël n’oublie personne, les bénévoles de l’Essonne parcourent le département en "solidaribus" pour apporter des cadeaux aux enfants de migrants hébergés en hôtel social. Ce 10 décembre, ils faisaient escale à Tigery, dans une zone très isolée.

Le petit Adama rentre vite dans la chaleur de sa chambre d’hôtel, avec sa sœur, leur ami et leur mère. Sa chambre ? Enfin, la chambre où vit toute la famille. Son père est sorti. Aujourd’hui, c’est la fête. Adama a reçu une voiture rouge et sa sœur un mini dressing pour poupée. Tous les enfants de l’hôtel social ont reçu un cadeau des mains des bénévoles du Secours populaire.

L’équipe est arrivée dans la zone d’activité de Tigery vers 9h30 et a garé le « solidaribus » sur le parking en face de la chambre de la famille d’Adama. « C’est à une quarantaine de kilomètres au sud de Paris. C’est très isolé. Les 50 familles vivant là sont loin du centre-ville, loin de la capitale, loin de tout », regrette Camille Rousselot, de la fédération de l’Essonne du Secours populaire.

Les Pères Noël verts arrivent sur le parking

C’est le Samu social, le 115, qui héberge ici les enfants et leurs parents. La plupart sont des migrants dont la procédure d’asile est en cours d’examen. « J’étais journaliste au Bangladesh et le gouvernement menace quand on ne respecte pas la ligne », indique Sypda, souriant derrière ses petites lunettes et frissonnant de sa petite moustache. Parfois, l’hôtel perdu au milieu de nulle part sert de refuge à des femmes battues, sans ressources, comme Sonia, qui est arrivée il y a un mois avec sa fille qui ne peut pas encore être scolarisée : « Je ne mange que ce que le Secours populaire apporte. »

Le vent est fort. Il vient de pleuvoir. La distribution alimentaire, qui se déroule toutes les semaines, se fera dehors malgré le froid dans le but d’éviter que les participants soient contaminés par le Covid-19. Les bénévoles installent des barnums et, quand tout est prêt, les familles viennent. En général, ce sont des femmes, emmitouflées dans d’épais manteaux mais portant malgré tout des tongs.

Il y a des œufs, des fromages, des légumes frais, des boîtes de conserve, des pâtes. Hervé, qui fait partie de l’équipe depuis le début, en 2015, se démène tout autant que Caroline, qui est arrivée il y a à peine quatre mois. « Bonjour madame, vous êtes combien ? Quatre ? Alors voici le lait pour quatre personnes », répète à chaque fois Philippe, très attentif. « La distribution alimentaire ici nous permet un contact direct avec les familles », explique Caroline.

Des cadeaux pour les familles hébergées dans les hôtels sociaux

Sara, son mari et sa fille sont sans ressources. Elle attend de pouvoir retravailler. ©Anaïs Oudart

L’hôtel social est au milieu de nulle part

Au bout du comptoir improvisé, c’est Mohamed, élève ingénieur à Supélec, qui distribue les jouets dans le cadre de la campagne des Pères Noël verts du Secours populaire. Celle-ci est menée chaque année parce que de très nombreuses familles n’ont pas les moyens d’offrir des cadeaux à leurs enfants ou de passer des fêtes de fin d’année comme tout le monde. « C’est difficile, ici, on n’a rien. J’ai dû arrêter mon travail au noir dans un supermarché pour m’occuper de ma fille », raconte Sara, qui se plaint de l’humidité qui perce sous la fenêtre de sa chambre et qui fait moisir son matelas.


A l’écart, Camille reçoit tour à tour une dizaine de femmes dans le « solidaribus ». Elle fait le point sur la situation de chacune et note les besoins. « Il y a beaucoup de demandes de vêtements. Je note tout et on ramène ce qu’il faut la fois d’après. » Elle a reçu Sara qui attend depuis plusieurs mois une opération du ventre. Camille va aider la jeune femme de 23 ans dans des démarches administratives auprès de la caisse d’assurance maladie qui lui refuse l’Aide médicale d’Etat. Et puis, Sara « alerte encore une fois sur l’impact de l’humidité » de sa chambre sur « l’asthme sévère » de sa fille.

C’est à Tigery que le Secours populaire a commencé à organiser des distributions auprès des migrants et demandeurs d’asile hébergés dans des hôtels sociaux. C’était en 2015. Depuis, le « solidaribus » se rend dans six hôtels d’urgence et aide 300 familles au total. L’hébergement est une situation temporaire mais les procédures sont longues. « Ce matin, j’ai reçu une personne qui a été régularisée donc on a lancé une demande de logement social, mais cela ne devrait pas déboucher avant deux ans », confie Camille.

Des existences suspendues à des procédures

Des enfants sont même nés dans cet hôtel. « Je suis arrivé ici il y a deux ans et deux mois et ma fille a deux ans et un mois », sourit Sypda. La petite est assise sur le lit et termine son petit-déjeuner quand son père revient avec le jouet que les bénévoles lui ont donné. Il rapporte aussi un grand carton d’aliments dont débordent deux régimes de bananes. « Notre demande d’asile sera examinée ce mois-ci. J’ai rempli tous les dossiers, je me suis déplacé pour les entretiens. Maintenant, j’attends, je ne peux pas faire plus. » Les bénévoles achèvent cette première escale et vont continuer à apporter de la chaleur et du bonheur dans les autres hôtels sociaux d’ici la veille de Noël.

La fille de Sypda est née il y a deux ans et un mois. Cela faisait un mois que la petite famille était arrivée dans l'hôtel social de Tigery. Cette année, la petite a eu un cadeau apporté par le Père Noël vert.

La fille de Sypda est née il y a deux ans et un mois. Cela faisait un mois que la petite famille était arrivée dans l’hôtel social de Tigery. Cette année, elle a eu un cadeau apporté par le Père Noël vert. ©Anaïs Oudart

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