Copain du Monde
Les Copain du Monde sur les ondes de la solidarité

À Colmar, les bénévoles ont fêté les 80 ans du Secours populaire dans une ambiance festive et fraternelle. Grande première, les Copain du Monde du Haut-Rhin ont animé une émission de radio en direct, invitant habitants et promeneurs à venir participer à la fête.
Le ciel est clair au-dessus de Colmar, ce samedi 27 septembre. Le soleil de la mi-journée réchauffe doucement la place Rapp. La lumière accroche le grès rose des villas Art nouveau qui la délimitent, se glisse entre les arbres des allées du Champ-de-Mars, tout proche, et se mêle aux éclats de voix des passants.
« Je suis très fière de cette fête, qui braque les projecteurs sur l’engagement des bénévoles et de nos partenaires, à l’occasion des 80 ans de notre association », se réjouit Amandine Grieneisen, secrétaire générale du Secours populaire dans le Haut-Rhin, à l’antenne de Radio Mulhouse Nouvelle Expérience (Radio MNE).
Ce jour-là, le studio mobile de la radio associative s’est déplacé près du centre-ville Renaissance de Colmar, ses maisons à colombages et ses toits pentus qui ressemblent aux chapeaux des Trois brigands. La table de mixage a été posée entre le stand de Copain du Monde et la braderie, d’où s’échappe une odeur de crêpes caramélisées et de café chaud.
Fiches dans les mains, micros ouverts, les trois ados se lancent
Casques ajustés sur la tête et micros ouverts face à eux, Aymen, Emil et Malek se lancent pour deux heures et demie d’émission. Ils ont entre 15 et 16 ans et invitent gaiement, tour à tour, les habitants à venir à la fête. Arborant chacun le t-shirt blanc de Copain du Monde, les trois ados enchaînent leurs questions avec une énergie communicative incitant leurs invités à présenter les activités du Secours populaire et de Copain du Monde.
Créé en 1945 à la Libération, le Secours populaire trouve ses racines dans la résistance au fascisme et à l’injustice sociale. Tout juste sorti de la clandestinité dans laquelle il s’était réfugié durant l’Occupation, l’ancêtre du Secours populaire s’est associé à deux organisations de déportés et de prisonniers de guerre pour donner naissance à l’association que tout le monde connaît aujourd’hui et dont une ribambelle d’enfants et d’adultes porte les valeurs de solidarité.

« En direct, c’est vraiment une première », s’exclame Emil, très à l’aise devant le micro. Les trois Copain du Monde n’ont rien laissé au hasard. Chacun a devant lui une pile de fiches soigneusement préparées. Quatre samedis de suite, ils ont établi le déroulé précis de l’émission, réfléchissant aux messages qu’ils voulaient faire passer, soignant les enchaînements d’une séquence à l’autre. « Ils ont tout écrit. Du début à la fin », précise la très dynamique Veronika Allahverdiyev, qui accompagne l’équipe de Copain du Monde dans le Haut-Rhin. Elle a chuchoté sa remarque, comme si elle ne voulait pas troubler la magie du moment.
Les jeunes entendent par à-coups les accords joyeux d’un orchestre qui réjouit les passants un peu plus loin sur la place. Ses notes enveloppent l’émission d’un halo bienveillant. Aux côtés des trois ados, Morgane Eydmann, chargée de l’action pédagogique à Radio MNE, veille discrètement à la mise en ondes : « Si vous rencontrez un problème, vous me faites signe, je lance la playlist et pendant qu’un morceau passe, on règle le problème sereinement », lance-t-elle peu avant l’ouverture des micros.
Mais la musique ne sert, finalement, qu’à habiller les transitions. Une main sur la console, l’oreille tendue vers les micros, elle sourit de l’à-propos des interventions des jeunes intervieweurs et relance parfois les invités de sa voix chaude. « C’est rare de diffuser un format aussi long », salue celle qui a joué le rôle d’animatrice et de réalisatrice de l’émission. Cela représente beaucoup de préparation et d’engagement.



Il s’agit déjà de la 4e émission réalisée par les Copain du Monde sur Radio MNE, avec Morgane. Depuis quelques mois, la petite équipe a installé un rendez-vous régulier, appelé Les Jeunes voix où les enfants réinventent le monde. Lors de la précédente émission, fin juillet, les enfants ont abordé le thème du handicap. La prochaine portera sur les enjeux de l’environnement.
À la fin du direct, trois nouveaux visages prennent place devant les micros : Yani, Rania et Salim, 11 ans à peine. Ils ont quitté le stand de Copain du Monde, à 100 mètres du studio mobile, où ils proposaient aux passants des attrape-rêves et des cadres qu’ils avaient fabriqués. L’argent collecté servira à soutenir leurs actions de solidarité.
Une chaîne humaine pour fêter 80 ans de fraternité
Malgré l’aide des ados, les petits sont moins volubiles que durant les précédentes émissions, à la grande surprise de Morgane et Veronika. Un peu intimidés, ils répondent avec retenue, jusqu’à ce que Malek les lance : « Qu’est-ce que vous aimeriez voir changer dans le monde ? » En réponse, les mots jaillissent : « Arrêter toutes les guerres », dit Yani dans le micro. « Supprimer le racisme », poursuit Rania. « Et la pollution », ajoute Salim. Trois voix d’enfants d’une intensité saisissante qui, l’espace d’un instant, dessinent un nouvel horizon.
Ils n’hésitent pas à le faire partager, même si Salim avouera, hors antenne, que durant l’émission, il avait eu peur du direct, peur de heurter le micro, peur de dire une « bêtise » dont les auditeurs présents se moqueraient plus tard. Mais personne ne s’est moqué. Au contraire, autour de la place, les yeux brillent davantage. Comme ses amis, il se dit prêt à recommencer pour lors des prochaines émissions.
Pour écouter ou réécouter le direct des Copain du Monde, il suffit de cliquer sur les flèches ci-dessous. L’émission a été découpée en quatre parties.
Une fois les micros coupés, l’émotion se lit sur les visages. Morgane félicite les trois ados. Emil se dit « heureux d’avoir contribué à mieux faire connaître le Secours populaire ». Aymen confie avoir « beaucoup appris des différentes personnes interrogées » et a trouvé « les trois enfants très inspirants ».

Les badauds ont répondu présent. Les éclats de rire fusent à nouveau autour des jeux en bois installés par la ludothèque de Kaysersberg, une commune située dans les vignes à une encablure de Colmar. Les familles tirent les quilles, chamboulent de grands dés, tandis que les plus petits courent d’un stand à l’autre en dégustant des crêpes. Un brassage joyeux, partagé sans calcul ni frontière.
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En début d’après-midi, 120 à 130 personnes se sont donné la main pour former une chaîne humaine qui, vue du ciel, dessinait un grand huit et un immense zéro : « 80 », vivant, symbole de huit décennies de fraternité. Un geste simple, reliant enfants, bénévoles, habitants et personnes aidées.