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L’humain au coeur de la solidarité

Mis à jour le par Anne-Marie Cousin
A Lyon, comme dans toutes les permanences d'accueil du SPF l'humain est au coeur de la solidarité.

Le Bureau national du Secours populaire réuni début juin a souhaité interpeller le plus grand nombre sur les difficultés des personnes aidées ainsi que sur celles également rencontrées par ses bénévoles. Alors qu’une crise sans précédent traverse notre pays, le SPF revient sur les fondamentaux de ses missions. Nicolas Champion, membre du Bureau national nous explique le sens de cette déclaration.

Le SPF vient de faire une déclaration dans laquelle il appelle « à mettre l’humain au coeur des préoccupations de la population de notre pays ». Quel est son objectif ?

Avec cette déclaration, le Secours populaire souhaite mettre en lumière les difficultés qu’il rencontre depuis quelques temps. Depuis un an, le nombre de personnes accueillies ne cesse d’augmenter, plus 15% depuis 2022. Nous ne pouvions pas rester silencieux face à une telle situation. Ce texte s’adresse au grand public, à la presse, aux institutions… Son but est d’alerter. Celui-ci s’inscrit dans notre démarche historique d’aiguillon des pouvoirs publics.Sur le terrain, dans nos fédérations, les files d’attente s’allongent et les moyens ne sont pas à la hauteur. Cette situation interroge sur l’avenir de la solidarité dans notre société. Tous les jours, des bénévoles se demandent comment faire pour répondre à la fois à la massification des demandes tout en préservant l’accompagnement et la dignité des personnes. Aujourd’hui, il nous faut être vigilant sur notre rôle et notre place dans la société et cette déclaration vise à le réaffirmer.

Dans ce texte, le Secours populaire parle « d’un manque total d’humanité, voire d’une chosification dans la façon dont les personnes sont considérées ». A quoi cela fait-il référence ?

Aujourd’hui, nous constatons que la pauvreté et la précarité se réduisent souvent à des chiffres, des statistiques, des revenus médians mais, derrière ces chiffres, il y a des hommes et des femmes qui souffrent. Parler uniquement de la pauvreté à travers ces données, c’est prendre le risque de chosifier les « pauvres ».La dématérialisation que ces personnes subissent accentue également ce phénomène : ne plus avoir de contact direct déshumanise les démarches quotidiennes et éloigne des lieux d’accueil. Autre problème, les personnes aidées sont bien trop souvent mises dans des cases, on parle de la catégorie des gens qui vivent avec les minimas sociaux, des allocations, des dispositifs de retour à l’emploi… Tout cela nous éloigne véritablement de ce qui fait l’essence même de notre association : « Tout ce qui est humain est nôtre ». Ces dérives sont préoccupantes et il nous faut être attentifs à ce que la dimension humaine reste la priorité.

Vous rappelez également que le Secours populaire n’est en aucun cas un service public à bas coût. Qu’entendez-vous par là ?

Certes, nous disposons parfois de fonds publics pour financer nos actions mais cela ne veut pas dire que nous sommes des opérateurs de la puissance publique. Notre ambition est de construire de véritables actions de solidarité, allant bien au-delà de la seule aide alimentaire, qui reste avant tout une réponse d’urgence. Notre rôle est de faire entendre et de relayer la parole des plus démunis auprès des institutions. Notre mission de solidarité est le fruit d’une démarche libre et volontaire issue de la liberté d’association (loi 1901). Celle-ci doit être complémentaire de la solidarité obligatoire exercée à partir de la contribution de tous les citoyens au travers des impôts et des taxes. Ce ne peut être l’inverse. Cette déclaration réaffirme que la puissance publique ne peut se décharger de ses obligations sur le Secours populaire.

En conclusion, vous rappelez l’importance de créer les conditions d’un monde plus juste et plus solidaire. Comment agissez-vous au quotidien pour y parvenir ?

C’est essentiellement au sein de nos permanences d’accueil que nous agissons. En partant de l’écoute des personnes qui franchissent nos portes. De leurs besoins découlent nos actions de solidarité. Après la réponse à l’urgence alimentaire, nous déployons de l’accompagnement : accès aux vacances, aux droits, aux loisirs, aux sports, à la culture comptent tout autant.  Pour créer les conditions d’un monde plus juste et plus solidaire nous nous appuyons sur notre démarche d’éducation populaire qui permet à tous, bénévoles et personnes aidées, d’être acteurs de la solidarité. Au sein de notre association il n’y pas ceux qui reçoivent et ceux qui aident, notre association met tout le monde sur le même pied d’égalité.Par ailleurs, nos actions à l’international nous permettent également de construire ce monde plus juste et plus solidaire avec les personnes accueillies. Avec nos programmes d’Education à la citoyenneté et à la solidarité internationale (ECSI), la solidarité devient l’affaire de tous et n’est pas réservée qu’à un petit nombre. Les personnes aidées sont invitées à nous rejoindre, participer activement à nos projets y compris dans leur dimension européenne et mondiale. C’est bien l’inverse de l’anonymisation dénoncée par notre déclaration.

 

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