La solidarité au bout de la plume

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Guillaume Chansarel, artiste peintre vient de publier son premier ouvrage Ange Ségur, un livre portant les valeurs de solidarité

 « Des petits riens naissent les plus grands héros », ainsi pourrait-on résumer le roman jeunesse Ange Ségur, paru aux éditions Du Cerny et signé Guillaume Chansarel. Un auteur artiste peintre qui a choisi de transmettre ses valeurs solidaires en mêlant astucieusement mots et dessins. Plongeons avec lui dans l’univers unique d’Ange Ségur. Texte :  Lucie Scaillet / Photo : Joël Lumien

Qui est Ange Ségur, cette jeune fille intrépide qui vit au cœur des beaux quartiers parisiens ? Elle n’est autre que le personnage principal du roman éponyme écrit par Guillaume Chansarel. Un ouvrage dont l’auteur reversera la totalité des bénéfices issus de sa vente au Secours populaire. Il témoigne de cette décision : « Il était évident que ce projet se fasse avec le Secours populaire… Qu’il puisse partir avec de nouvelles ailes ! » Au fil des pages, mêlant texte et bande dessinée, on plonge dans le quotidien d’une enfant de 11 ans qui, entrant en 6e, découvre le monde du collège, la solitude, l’angoisse de l’exclusion, mais également la solidarité et le partage.

Une leçon de patience et de réflexion 

Parmi les nombreux personnages dépeints par l’auteur, il y a Joey, un SDF venant des États-Unis, dépourvu de l’essentiel et présenté d’abord comme un « tas de fringues » ou encore une « étrange créature ». Comme un écho aux stéréotypes et idées reçues dont sont victimes les personnes sans domicile, l’auteur explique avoir voulu évoquer « la peur de ce qui est étranger, un côté parasite, un élément perturbateur […] » Il raconte notamment « une scène de terreur qui reflète la peur de ce qu’on ne connaît pas : elle symbolise la peur de la pauvreté et aussi quelque part une menace ». Mais dès le premier contact, cet homme arrivé comme un « zombie » dans le quotidien de la petite Ange devient un véritable ami pour la jeune fille. Dès lors, elle mettra tout en œuvre pour lui venir en aide, et mobilisera son entourage par tous les moyens pour parvenir à ses fin

Un roman pour les plus jeunes, mais pas que 

Ce roman jeunesse est celui de la persévérance et de l’ambition sans bornes des enfants entrant dans l’âge à deux chiffres. Il est une leçon de patience et de réflexion ! Le flip book qui l’accompagne amusera tous les lecteurs, qui pourront également apprécier le « cru » des mots d’enfants, leur naïveté et les milliers de questions qu’ils se posent durant leur croissance. Le message est universel : les différences qui font nos sociétés sont leur force et non leur faiblesse. Mélange habile de réalité et de fiction, Ange Ségur s’adresse au plus grand nombre et propose une approche inédite de la puissance des relations amicales et de la fidélité aux principes solidaires et altruistes. Par de simples mots et des dessins enfantins, ce sont des barrières sociales et économiques qui s’effondrent, laissant espérer un combat collectif contre toutes les formes de pauvreté et de précarité. Car, insiste l’auteur : « Aimer les autres, ça surpasse tout, c’est bien plus fort que la haine. »

Se battre pour les autres

Lorsqu’on demande à Guillaume Chansarel si la solidarité ne relèverait pas quelque peu de la science-fiction, il répond : « Il faudrait bien que ça ne soit pas le cas… Il y a des petits gestes très simples au quotidien : aller voir quelqu’un et lui demander comment il va, s’il a besoin de quelque chose […] Demander aux gens s’ils sont heureux… La solidarité devrait être naturelle. »Pour l’auteur, cette sensibilité à l’Autre et à son bonheur doit venir en priorité de l’éducation : « Ça pourrait être une approche adoptée dans les écoles, de faire faire un tour aux élèves pour aller voir les sans-abri du quartier, parce que finalement ils les connaissent sans les connaître. » C’est dans cette optique que l’écrivain a pensé Ange Ségur, comme une porte d’entrée pour les plus jeunes vers une solidarité nécessaire et accessible à tous ! Parmi les nombreux déboires de la jeune héroïne, on reconnaît sans peine les obstacles que chaque enfant doit franchir pour atteindre la vie d’adulte, et la solidarité y est perçue comme une béquille, un soutien pour relever ces nouveaux défis. Si le roman est divisé en deux actes « Survivre » et « Vivre », c’est bien pour illustrer les bienfaits de l’entraide et de la solidarité. Guillaume Chansarel en parle ainsi : « Se sentir vivant finalement, c’est quand on se bat pour les autres. On peut se sentir surpuissant quand on accomplit quelque chose pour les autres… de quelque manière que ce soit. C’est dans ces moments-là que l’on sait pourquoi on est sur terre. »

Un lien avec « Copain du Monde »

Cette solidarité décrite dans le roman revêt de multiples formes : du don matériel au soutien financier, en passant par l’action collective. L’auteur y tisse un lien avec les actions menées par le Secours populaire partout en France, et notamment avec les « Copain du Monde » dont la vocation est l’éducation à la solidarité et aux droits humains. En ce sens, Ange Ségur ferait une parfaite bénévole, au même titre que les milliers de jeunes engagés pour la solidarité et l’entraide. Guillaume Chansarel explique par ailleurs avoir l’espoir que son livre « suscite des envies auprès des enfants qui le liront, il peut donner des idées de petites actions… » Et de conclure : « C’est un gros bouquin qui ressemble à un livre pour les grands : il y a beaucoup de pages et c’est écrit petit. Les enfants qui le liront entreront dans ce qui sera peut-être leur premier roman. » Une étape à passer. Un roman jeunesse qui sera, à n’en pas douter, le début d’une longue série, car les aventures d’Ange sont bien loin d’être terminées.Pour plonger dans le monde presque réel d’Ange Ségur, vous pouvez visiter le site internet d’Ange Ségur ainsi que sa page Instagram !

Ange Ségur, de Guillaume Chansarel, Éditions Du Cerny, 488 pages