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L’eau n’est toujours pas le bien de tous

Mis à jour le par Olivier Vilain
L’arrivée de l’eau potable change la vie des villages. Les maladies diminuent. Les corvées d’eau disparaissent.

La journée internationale de l’eau représente, chaque 22 mars, la possibilité de s’informer sur les enjeux de cette ressource indispensable, dans un monde très inégalitaire. Le Secours populaire mène des programmes d’adduction d’eau en Afrique et dans les Caraïbes. Son programme phare est néanmoins mené au Vietnam depuis plus de 30 ans.

« Tous les ans, depuis des décennies, nous menons des programmes au Vietnam dans la province de Bac Kan, au nord du pays. La fédération du Rhône du Secours populaire est la seule association internationale présente dans cette région reculée, rurale et montagneuse », indique Sébastien Thollot, son secrétaire général, au sujet des programmes qui s’articulent autour de l’eau, l’éducation et la santé. « On alterne entre les thématiques. » Cela dépend des besoins que détecte leur partenaire local, la Croix rouge de la province. En ce moment, l’accent est mis sur la réhabilitation de deux dispensaires.

L’accès à l’eau est un droit fondamental reconnu par les Nations unies. Mais il reste à mettre en pratique car un quart de l’humanité ne dispose pas à domicile d’eau en quantité et en qualité suffisantes. « Pour l’assainissement, c’est encore pire : près de la moitié de la population mondiale n’a pas accès à un service de qualité. (…) Cela n’est pas sans conséquences sanitaires, sociales, économiques et environnementales », relève Céline Robert, responsable de la division Eau et assainissement au sein de l’Agence française de développement (AFD).

Une quart de l’humanité manque d’eau potable

Dans la province de Bac Kan, les programmes d’adduction d’eau vont reprendre, « car la santé c’est aussi l’eau ». L’accès à cette ressource vitale conditionne en partie la prévention et la réduction des maladies, notamment les maladies gastriques. En outre, mettre un terme aux corvées d’eau, c’est aussi, compte tenu de la société vietnamienne, diminuer la charge de travail des femmes. C’est l’une des retombées, par exemple, des travaux lancés en 2017, suite à une mission du Secours populaire sur place.

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L’aménagement de l’adduction d’eau dans le village de Na Lan, toujours dans la province de Bac Kan, a bénéficié à 85 familles, soit 340 personnes au total. Habitant une zone montagneuse, les villageois n’avaient alors accès qu’à des fluides insalubres. Et les villageoises devaient aller chercher de l’eau chaque jour sur de longues distances avec des seaux à chaque extrémité de leur palanque posée sur les épaules. Parallèlement, les établissements publics (2 écoles, un internat, un dispensaire, la mairie) ont été reliés au nouveau réseau qui captait l’eau dans deux torrents en hauteur du village.

Au total, plusieurs milliers de villageois et villageoises ont été raccordés depuis le début de l’implication de la fédération du Rhône du Secours populaire en 1993. « Ces travaux dans des villages de montagne représentent la pose de kilomètres et de kilomètres de réseau », résume Sébastien Thollot. Un volet scolaire est ajouté en 2000 ; depuis 2010, des réalisations sont entreprises dans les dispensaires. « On cherche à prendre en compte une approche globale, afin d’améliorer les conditions de vie et la santé. Dans cette approche, l’eau est au centre. »

Au Vietnam, mais aussi ailleurs dans le monde

Des programmes sont menés par d’autres fédérations du Secours populaire ou par son association nationale dans des pays comme Madagascar, confronté à une sécheresse qui dure depuis des années, provoquant la première famine liée au réchauffement climatique. En Haïti, les bénévoles ont construit une station de traitement d’eau dans le complexe scolaire de Rivière-Froide et financé la construction d’un château d’eau afin de satisfaire les besoins de la commune en eau potable. Une réalisation qui a permis d’éviter de puiser dans la rivière, pleine de détritus, qui passe en contrebas de l’école et qui véhicule des maladies.

L'accès à l'eau potable est crucial pour les sinistré en Haïti. Dans une première phase, les partenaires du Secours populaire en ont distribué, avec son appui. Désormais, L'association finance la fourniture de 1000 filtres à eau.

L’accès à l’eau potable est crucial pour les sinistrés en Haïti. Dans une première phase, les partenaires du Secours populaire en ont distribué, avec son appui. Désormais, l’association finance la fourniture de 1000 filtres à eau.


Même si Haïti est le pays du continent américain dont le revenu par habitant est le plus faible, l’eau n’est pas un enjeu que pour les pays pauvres. Non loin de là, toujours dans les Caraïbes, la Guadeloupe est plongée dans « le cauchemar des coupures d’eau incessantes » en raison de la vétusté des canalisations. Une situation qui avait alerté au tout début de la pandémie de Covid-19 alors que les habitants ne pouvaient même pas se laver les mains*.

L’accès à l’eau et sa préservation sont des chantiers d’une importance primordiale. Cette ressource, vitale, est menacée par des « prélèvements trop importants ou par les pollutions : 80 % des eaux usées sont aujourd’hui rejetées sans traitement dans la nature », note ainsi Céline Robert, à l’AFD. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que le nombre d’espèces animales d’eau douce se soit effondré de 84 % depuis les années 1970. « Le réchauffement climatique accentue et accentuera ces tensions. » Des températures plus élevées auront de multiples conséquences, dont la prolifération des bactéries, rendant l’accès à l’eau potable et le traitement des eaux usées encore plus important.

* Depuis, la recherche a établi que le virus se diffuse dans l’air et non par les mains.

Le Secours populaire créé des réseaux d’eau potable dans les villages du nord du Vietnam depuis 1993.

Le Secours populaire créé des réseaux d’eau potable dans les villages du nord du Vietnam depuis 1993. L’arrivée de l’eau potable change la vie des villages. Les maladies diminuent. Les corvées d’eau disparaissent. 

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