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L’atelier conversation, ce n’est pas que du « bla bla »

Mis à jour le par Anne-Marie Cousin
Depuis trois ans le comité de Villejuif gère un atelier conversation pour ceux qui souhaitent apprendre le français.

Tous les vendredis après-midi, Hélène, bénévole à Villejuif, anime un atelier conversation. Discussions informelles en français pour les uns et préparation à l’examen d’accès à la nationalité française pour les autres. Depuis trois ans ce rendez-vous rassemble 20 personnes d’horizons très divers.

Un peu avant 14 heures, les premiers participants arrivent à la Maison pour tous Gérard Philippe de Villejuif, dans le Val-de-Marne. Accueillie par Hélène, bénévole et professeur de FLE ( Français Langue Etrangère), Rosa annonce tout de suite qu’aujourd’hui elle ne pourra pas rester jusqu’à la fin de l’atelier. Elle doit aller chercher son fils handicapé plus tôt car il a rendez-vous chez le médecin. Une fois tout le monde arrivé et installé dans la salle, l’atelier peut démarrer. Aujourd’hui, il est question des droits de la femme dans le monde. Chacun devait travailler la question dans son pays et trouver le nom de femmes célèbres. Youssef est le premier à prendre la parole ; « Chez moi, en Algérie, les femmes ont des droits. Ce n’est pas vraiment comme en France mais le code de la famille leur permet de travailler et de faire des études ». Sandika, du Sri-Lanka, enchaîne et explique que dans son pays : « les femmes sont harcelées sexuellement, que les jeunes filles sont victimes de mariages arrangés. Ici c’est plus facile, on a plus de droits : en France les femmes peuvent voter et se syndiquer. Au Sri-Lanka les femmes doivent rester chez elles et s’occuper de leur mari » explique-t-elle. Au Liban, les femmes aussi n’ont pas beaucoup de droit. Comme le raconte Mei, en France depuis 9 ans, « dans mon pays nous n’avons pas beaucoup de droits, nous sommes souvent considérées comme des citoyennes de deuxième zone. »

Echanges sur le droit des femmes

Née à Port-au-Prince, Magali telle une élève appliquée, sort les feuilles sur lesquelles elle a préparé son intervention sur les droits des femmes à Haïti. Lecture difficile de certains mots qu’elle a recopiés mais dont elle ne maîtrise pas toujours le sens. Elle explique que son pays , Haïti vit sous un régime « patriarcal ». Terme que s’empresse de décrypter Hélène pour l’ensemble du groupe. Suit ensuite une discussion collective sur les femmes célèbres. Arrivée de Bulgarie il y a 5 ans, Loubianna cite Sylvie Vartan mais aussi Edith Piaf. Marie Curie et Brigitte Bardot sont aussi citées. Mais quand Hélène demande qui connaît Simone Veil, tous et toutes disent savoir qui elle est et ce qu’elle a fait. « Elle a fait avancer le droit des femmes, notamment en leur permettant d’avorter en toute légalité » raconte Rosa de Tchéchénie. On parle aussi de Georges Sand, une femme célèbre qui s’habillait en homme. « Quelle drôle d’idée !» commente Ida. Pablo, jeune homme argentin connaît aussi cette femme célèbre. Timide et ne maîtrisant que peu le français il n’ose prendre la parole. « Dans le groupe, il y a des personnes qui se connaissent très bien car elles sont présentes depuis longtemps alors que d’autres viennent tout juste d’arriver. Mais en général, en quelques semaines les plus timides se détendent  » explique Béatrice responsable du comité de Villejuif.

Candidats à la nationalité française

Après cet échange sur les droits des femmes, le groupe se scinde en deux. D’un côté Mei et Rosa qui révisent l’examen d’accès à la nationalité qui comporte des QCM( Questions à choix multiples) sur la France, son histoire et sa géographie, de l’autre ceux qui vont travailler des notions de conjugaison et de grammaire. Sandika considère le français comme une langue difficile : « Je travaille à l’ambassade du Sri-Lanka en France où l’on ne parle que l’anglais. À la maison avec mes enfants on ne parle pas français alors pour progresser, je télécharge des vidéos sur Youtube pour pratiquer. En venant ici, je peux parler français tout en passant un agréable moment. » Studieux tous les participants sortent leur cahier d’exercices. Mei souhaite s’inscrire en avril pour passer le TCF( Test de connaissance du Français), examen obligatoire depuis 2012 pour tous les candidats à la nationalité française. Pas sûre d’être prête, elle se dit stressée mais ses enfants la poussent à se lancer. Ils la font même réviser certains soirs après l’école.

Sorties culturelles et repas partagés

En trois ans, grâce à l’atelier conversation, quatre personnes ont obtenu la nationalité française. Passer du temps ensemble c’est aussi ce que font les membres du groupe lors des sorties culturelles organisées par le comité. Des visites que proposent les bénévoles ou que les personnes aidées demandent. Avant Noël, une visite du Moulin Rouge a eu lieu, sortie que tous ne sont pas prêts d’oublier. Hélène s’en souvient bien :« ce jour-là nous nous sommes retrouvés en plein milieu de la Gay pride, un vrai choc des cultures !». Rosa y va de son commentaire : « J’ai été très choquée. Je me suis demandée où j’étais et ce qui se passait. » Autre moment de convivialité : les repas partagés. En effet, tous les trois mois, un repas est organisé par une communauté de l’atelier dans une salle de la maison pour tous. Prochain rendez-vous fin mars avec un repas libanais. Pour Sadine « ici il y a plein de nationalités différentes, mais on a quand même le sentiment de faire partie de la même famille. Merci au Secours populaire ! »

 

 

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