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Jhon Rachid: «Un souvenir magnifique» de ma famille de vacances

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Mohamed (Jhon Rachid), 8 ans, entre Michel et Christian, les enfants de Bernadette et Paul, sa famille de vacances ©DR

L’auteur et comédien Mohamed Ketfi, 40 ans – plus connu sous le nom de Jhon Rachid sous lequel ses vidéos sur internet rencontrent un grand succès – témoigne des vacances qu’il a vécues, petit, grâce aux bénévoles et aux familles de vacances du Secours populaire.

« De 7 à 14 ans, je suis allé en vacances chez une famille d’agriculteurs de la Haute-Loire. Ils avaient des chevaux, c’est l’un de mes plus beaux souvenirs d’enfance. » À l’époque, le petit Mohamed et futur Jhon Rachid vivait avec ses parents dans un quartier périphérique de Lyon et voyager jusque chez Bernadette et Paul lui semblait un très grand voyage. «Pourtant, ça n’était qu’à deux heures de voiture de chez moi, mais la campagne, je ne connaissais pas. »

« Cette expérience en famille de vacances ne m’a jamais quitté. Quelle chance de vivre ça ! »

Sur place, il y avait une maison, une grange et quelque 150 moutons. « J’ai tout de suite changé d’univers : on m’emmenait garder les vaches dans les prés, partout il y avait de grands espaces. On me faisait découvrir plein de choses. Je me souviens particulièrement des foins en été et de leur odeur incroyable. »

Là-bas, il a toujours été très bien accueilli, y compris vingt ans plus tard, quand il est retourné voir sa famille de vacances : « J’ai tout de suite retrouvé les mêmes sensations. » Dans la maison, rien n’avait changé. « Tout était comme dans mes souvenirs. Même la toise était toujours là au dos de la porte de la cuisine. On pouvait encore y voir les marques faites au crayon pour mesurer les enfants. À un endroit, j’ai remarqué : “Mohamed, 12 ans’’. »

Mohamed (Jhon Rachid), 8 ans, entre Michel et Christian, les enfants de Bernadette et Paul, sa famille de vacances. La même sépare prise de vue a été refaite une trentaine d’années plus tard ©DR

Le comédien n’était pas retourné chez Bernadette et Paul pendant des années mais ce jour-là, il tenait à leur remettre des exemplaires de la bande dessinée (*) qu’il avait réalisée sur le thème de son enfance. Il y évoque les souvenirs qu’il a moissonnés auprès d’eux. « J’allais tout le temps là-bas : en été, en hiver, à la Toussaint – à toutes les vacances. » Quand il a franchi à nouveau le pas de la porte, Bernadette s’est tournée vers les membres de la famille réunis : « Je vous avais bien dit qu’il reviendrait ! » « Tout ça, c’est grâce au Secours populaire, relève l’auteur qui est en train de préparer un film sur son enfance. Mes parents n’avaient pas les moyens de me faire partir en vacances et je restais chez moi. Sans les bénévoles, jamais je n’aurais pu avoir ces souvenirs-là. Aujourd’hui, ils sont toujours là, c’est incroyable. »

Il voit le jour en Algérie en 1984. Son père et sa mère traversent la Méditerranée et l’emmènent avec eux alors qu’il n’a que 6 mois. « On a grandi à cinq dans une pièce unique dans le bâtiment d’une ancienne conserverie, avec toilettes sur le palier et douche dans une bassine. » C’était difficile de vivre dans ces conditions, « mais quand tu es petit, ça passe… tu vis au jour le jour. » Un jour, les services sociaux se sont présentés dans l’ancienne conserverie. Le petit a alors connu la vie en foyer dès l’âge de 7 ans et, à partir de l’adolescence, la situation lui a beaucoup pesé. Vers 17 ans, il a traversé une période de rébellion contre ce quotidien compliqué, avant de se lancer dans une carrière artistique.

Paul, Bernadette et Mohamed (Jhon Rachid) au début des années 1990. Une veillée  »en famille », un feu de cheminée, le bonheur ©DR

Aujourd’hui, quand il a besoin de se reposer, de se ressourcer, il part s’installer dans un champ, « avec une nappe et un livre ». Les images venant de Haute-Loire l’accompagnent, tout comme « les odeurs de l’enfance : ça marque vraiment ». De tout cela, il garde « un souvenir magnifique ». « Cette expérience ne m’a jamais quitté. Quelle chance de vivre ça ! »

(*) Comme on peut (Tome 1 : Grandir en foyer), Jhon Rachid et Leni Malki (Michel Lafon, 2019).
Pour voir les vidéos réalisées par Jhon Rachid ou les films dans lesquels il a joué, il suffit de cliquer ici.

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