Les 13 années de l’Observatoire de la pauvreté

Chaque année depuis 2007, le Secours populaire publie un baromètre et un sondage thématique, menés par Ipsos, sur la manière dont  les Français définissent et, pour certains, vivent la pauvreté. Cette initiative a pour but d’alerter sur l’ampleur de ce phénomène et sur la nécessité que le plus grand nombre de personnes agissent pour la solidarité. C’est l’Observatoire de la pauvreté.

Depuis 13 ans, le Secours populaire publie un baromètre et un sondage thématique, menés par Ipsos, sur la manière dont les Français définissent et, pour certains,vivent la pauvreté.

« L’activité du Secours populaire est un capteur de ce qui bouge dans la société. (…) Encore faut-il pouvoir expliquer la peur, l’inquiétude que nous ressentons chez celles et ceux qui nous lancent des appels de détresse, démontrer que c’est un sentiment partagé. » C’est de cette manière, qu’en 2007, cette initiative était justifiée. Toutes les éditions suivent la même perspective : restituer « l’éminente dignité des pauvres », selon le célèbre texte de Bossuet.

Pas seulement des tubes digestifs

En donnant la parole aux Françaises et aux Français, l’association à la main ailée avait pour espoir, et a toujours, de montrer que le vécu des privations et des inégalités dépasse les moyennes statistiques, pourtant très sérieuses. « Le sondage que nous présentons est un puissant levier pour l’interpellation, pour l’action, pour affirmer que les gens qui subissent une injustice, une difficulté, ne se réduisent pas à un tube digestif », poursuit encore la première édition de l’Observatoire de la pauvreté, en 2007.

Quels sont les principaux enseignements ? Dès le début apparait une demande forte : être pauvre, ce n’est pas seulement ne pas manger à sa faim, ne pas pouvoir s’habiller comme on le souhaite ; c’est aussi ne pas accéder à la santé, être privé de biens culturels, devoir se passer de loisirs, sans oublier les vacances.

Au fil des années, on observe une hausse continue, et qui va s’accélérant, du seuil de pauvreté subjectif, c’est-à-dire du niveau de revenu minimal permettant, selon les personnes interrogées, à une personne seule de vivre décemment. Il est aujourd’hui de 1 193 euros, soit un bond de 75 euros sur les 188 euros de hausse que cet indicateur a connu en treize ans. L’augmentation de tous les indicateurs sur les dépenses pré-engagées (logement, énergie, etc.) explique en grande partie cette tendance.

La pauvreté s’étend et s’intensifie

Si l’existence de la pauvreté dans une société pauvre a été condamnée par de nombreux philosophes, au fil du temps, elle est aussi interrogée par nombre de personnes qui se rendent dans les permanences du Secours populaire. Il n’en reste pas moins que la précarisation du travail et sa déstructuration de manière accentuée depuis 2007 et l’envolée du chômage se sont traduites par une augmentation du nombre de pauvres, selon les données collectées par l’Observatoire de la pauvreté. Dans le même temps, l’Insee a comptabilisé 1 million de personnes supplémentaires n’arrivant pas à « joindre les deux bouts ».

On constate aussi une augmentation de la part des personnes interrogées craignant de connaitre un jour la pauvreté. Au total, plus du tiers de la population déclare avoir connu la pauvreté à un moment de leur vie. Une donnée que corroborent les statistiques du service de recherche du ministère de la Santé et de la Solidarité, ainsi que l’Insee.

Ce baromètre est complété chaque année par un sondage thématique comme la santé en 2008, les inégalités en Europe en 2009, les jeunes en 2010, les femmes en 2013, les retraités pauvres en 2017, sur l’alimentation en 2011 et en 2018 ; ou encore les enfants en 2012, 2015 et encore en 2019. Une série qui donne des informations très précises sur l’état de la pauvreté en France : la pauvreté n’est pas liée à un manquement de ceux qu’elle frappe. Elle s’intensifie et concerne toutes les catégories de la population.