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Indonésie : passée l’urgence vitale, l’urgence demeure

Mis à jour le par Olivier Vilain
Les sinistrés font preuve d'une grande détermination dans l'adversité. Ils posent ici avec la 3e mission du Secours populaire et les partenaires du SPF.

Il y a un mois, un violent séisme, suivi d’un tsunami, dévastait la province de Palu, sur l’île des Célèbes, en Indonésie. Le Secours Populaire Français a déjà mené trois missions auprès des sinistrés. La plus récente a préparé, la semaine dernière, des actions pérennes.

Petobo. District de Palu. Indonésie. Campés sur un amoncellement de sacs de riz, des enfants s’agitent, les yeux rieurs. Assises par terre, les femmes sont impatientes. Tous attendent la distribution de colis alimentaires (riz, lait, thon, biscuits, huile…) et de kits de potabilisation de l’eau, assurée par le Secours Populaire français (SPF), l’une des rares ONG présentes sur les lieux de la catastrophe.

Des vivres pour des centaines de familles démunies

« Grâce à la nourriture qu’on nous donne, mes deux enfants ne souffrent pas de la faim », assure Imelda, mère de deux enfants, qui sursautent dès qu’ils entendent un bruit inconnu. « Le trauma », chuchote-t-elle, encore sous le choc. Sur la côte, les habitations ont été entièrement englouties. Dans les terres, des centaines d’hectares ont été ravagés. Les récoltes ont été balayées. Celles qui ont été épargnées ne suffisent pas à nourrir les 200 000 sinistrés.

« Les colis alimentaires, ça nous permet de nous nourrir. J’ai un peu d’argent, mais c’est insuffisant pour acheter à manger. Quand la terre a tremblé, je me suis enfuie, sans rien. Je n’avais même pas de chaussures. J’ai tout perdu », témoigne Nur Hayati, coquette cinquantenaire, qui vit avec ses deux sœurs sous une tente elle aussi fournie par le Secours populaire, dans un camp à Petobo, qui compte 800 familles.

Le Secours populaire et ses partenaires ont mis à l'abri des centaines de sinistrés.

Le Secours populaire et ses partenaires ont mis à l’abri des centaines de sinistrés. © Arif Ariadi

 

« Après le séisme, j’ai dormi pendant trois jours sous un arbre, confie pour sa part Musdalifah, les yeux embués, après avoir perdu deux de ses trois enfants. Ma maison est détruite, je ne savais pas où aller. On a marché longtemps avant d’arriver ici, où on nous a donné une tente. Ici, je peux manger, je peux même cuisiner. »

Un mois avant, un puissant séisme, doublé d’un tsunami, a ravagé la zone, faisant plusieurs milliers de victimes et plus de 70 000 sinistrés. « C’est le phénomène de liquéfaction qui a fait le plus de victimes, explique Hendra, bénévole indonésien venu prêter main forte au Secours populaire, l’un des premiers à s’être rendu sur place après la catastrophe. La pression tellurique transforme le sol en une soupe, mélange des eaux des nappes phréatiques, de la terre et du sable, qui emporte tout : bâtiments, êtres humains, animaux… »

L’avenir à préparer, des écoles à reconstruire

« L’urgence vitale est passée, mais l’urgence demeure », estime aujourd’hui le maire de Palu, Mr Hidayat. Si nul ne sait quand il aura un nouveau toit « en dur », la destruction des écoles tourmente particulièrement les parents. « Les cours se tiennent sous des tentes et il n’y a quasiment plus de professeurs », s’inquiète Imelda pour ses deux enfants. Rizka, jeune infirmière et mère elle aussi de deux enfants, s’interroge sur « leur avenir, dans ces conditions ».

Les kits de filtration distribués sont indispensables pour mettre la population à l'abri des maladies véhiculées par l'eau souillée.

Les kits de filtration sont indispensables
pour préserver la population des maladies véhiculées par l’eau souillée.
© Arif Ariadi

 

Venue sur place pour évaluer les besoins, la délégation du Secours populaire a bien compris cette préoccupation : « L’éducation, c’est une de nos priorités, confirme Henriette Steinberg, secrétaire générale du conseil d’administration du SPF. Quand l’école rouvre, l’espoir renaît ! » Celle de Jono Oge pourrait être reconstruite. Coût estimé : 220 000 euros. « Il y a manifestement une forte adhésion au projet, qui a commencé à être réfléchi », constate Henriette Steinberg. « Si on décide de reconstruire cette école, beaucoup dépendra de la capacité du gouvernement local à mettre un terrain à disposition », développe le docteur Ismaïl Hassouneh, secrétaire national du Secours populaire, qui a échangé à ce sujet avec le maire de Palu, lors d’une entrevue organisée par les partenaires indonésiens de l’ONG.

« Nous survivrons ! », s’exclament les sinistrés

Avec ses partenaires locaux, la délégation a distribué, à Palu, 150 kits qui peuvent filtrer l’eau nécessaire aux besoins de 80 000 personnes. Une nécessité pour empêcher toute propagation du choléra et des autres maladies que peuvent véhiculer les eaux, qui sont souillées depuis le tsunami. « Ce système, équipé d’un filtre en céramique, d’une durée de vie de 5 ans, a déjà aidé des milliers de personnes dans le monde », expose Dany Rayos, président de la fondation Mirasol, le partenaire philippin du SPF, menant d’une main de maître sa démonstration devant une foule essentiellement composée de femmes et d’enfants.

« C’est déjà généreux de nous apporter cette aide, ce qui l’est plus encore, c’est d’être venu à nous avec votre cœur ouvert », a chaleureusement remercié Mr Suhato, le chef de la communauté, tout en levant les yeux vers la foule, qui acclame d’une même voix : « Palu Bangkit » ! Autrement dit : « Nous survivrons ! »

Une troisième mission du Secours populaire s’est rendue à Palu, la semaine dernière.

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