Notre histoire

Créé en 1945 et enfant de la Résistance, le Secours populaire français est l'héritier de mouvements populaires dont il a, au long des décennies, conservé les valeurs tout en évoluant considérablement vers une association généraliste de la solidarité.

Assises nationales de la solidarité, 1945
Affiche Assises nationales de la solidarité ©Archives du SPF -source : Gallica.bnf.fr

Créé en 1945, enfant de la Résistance et héritier de mouvements populaires, le Secours populaire est lucide sur les obstacles et clairement désireux de peser sur les conséquences ; sa façon d’y contribuer est d’inviter chacune et chacun à y prendre part en s’abstenant de tout clivage : il rassemble et crée du lien autour des valeurs partagées.

Dans les années 1920, la Première Guerre mondiale a profondément marqué la France. Des millions de civils ont été victimes des combats et des destructions. A sa création en 1923, le Secours rouge est un mouvement international essaimant en Europe et dans le monde. Des militants communistes vont créer la section française à laquelle participent des antifascistes, des intellectuels de renom comme Henri Barbusse, Romain Rolland ou Francis Jourdain.

L’association va s’intéresser au sort des bagnards, des militants anticolonialistes, des ouvriers licenciés pour activité syndicale ou politique, des prisonniers politiques et de leurs familles en France. De par sa dimension internationale, elle va largement participer aux rassemblements en France demandant la grâce de Sacco et Vanzetti, injustement condamnés à mort et pourtant exécutés en 1927 aux États-Unis, et engager une grande campagne pour soutenir de jeunes Noirs américains soupçonnés de meurtre en 1931.

Dès cette période, l’association est très engagée dans la dénonciation des conditions de vie des populations natives dans les colonies, ce dont elle rend compte sous forme de feuilletons dans son journal, La Défense, créé en décembre 1927 ainsi que des conditions d’accueil des réfugiés fuyant les régimes oppresseurs de toute l’Europe.

En 1931, pour dénoncer les conditions de vie et de travail des populations colonisées, le Secours rouge international édite une brochure qui sera insérée dans le programme officiel de l’exposition coloniale. Elle sera distribuée à l’entrée de l’exposition coloniale à des dizaines de milliers d’exemplaires. ©Archives nationales d’outre-mer

Contre le fascisme et la colonisation

En 1936, le Secours devient « populaire »

A la faveur du Front populaire et dans l’intention de s’ouvrir plus largement à la société civile, l’association change de nom pour devenir le Secours populaire de France en 1936. Elle entérine dans ses statuts le développement des actions en faveur des « victimes des injustices sociales et des calamités naturelles ».

C’est en 1938 que le slogan Tout ce qui est humain est nôtre devient la devise de l’association, toujours en vigueur aujourd’hui.

Durant la guerre d’Espagne, le Secours populaire s’impose comme un acteur majeur de la solidarité internationale, soutenant les combattants et les civils républicains jusqu’à l’épisode de la Retirada, premier et plus massif exode vécu sur le continent européen avant la Seconde Guerre mondiale. Il mène alors une de ses dernières batailles pour l’accueil inconditionnel sur le sol français des réfugiés fuyant les régimes fascistes et nazi.

Solidarité dans la guerre et sous l’Occupation

Durant la Seconde Guerre mondiale, le Secours populaire est interdit par le gouvernement Daladier le 26 septembre 1939 puis passe dans la clandestinité sous l’Occupation allemande. Il poursuit néanmoins ses actions de solidarité, édite des numéros de La Défense clandestins, participe aux actions de la Résistance française.

La moitié des cadres dirigeants sont fusillés ou déportés pendant l’Occupation allemande.

L’association se réorganise dans le Paris de la Libération, participe à l’accueil des déportés à l’Hôtel Lutecia et met en place un pont aérien pour en rapatrier certains depuis les camps de concentration.

Dès décembre 1944, les bénévoles envoient en vacances, au Mont-Dore, 400 enfants de résistants.

Affiche de 1945 pour un meeting commun entre le Secours populaire de France, ressorti de la clandestinité, le Mouvement National contre le racisme et la très récente Association nationale des victimes du nazisme. ©National Library of Australia

Le Secours populaire français depuis 1945

Le Secours populaire français nait en 1945 de la fusion du Secours populaire de France et de l’Association nationale des victimes du nazisme (ANVN).
Après le traumatisme de la guerre, l’association s’investit dans les vacances, Noël et les personnes âgées. Elle soutient toujours les grévistes et victimes des répressions politiques.

Elle intervient auprès des populations victimes des répressions coloniales de Madagascar (1947-1948), d’Indochine (1945-1954), d’Algérie (1954-1962) et du Vietnam (1960-1975) en offrant un soutien juridique important prodigué par les « Avocats du Secours populaire ».

Le Secours populaire aidera aussi les victimes des dictatures en Grèce et en Espagne, continuant ainsi son action d’avant-guerre jusqu’au décès de Franco.

Dès la fin des années 1950, l’idée de solidarité s’élargit : elle est désormais morale et matérielle. En 1959, le Secours populaire français aide les victimes de l’effondrement du barrage de Malpasset, près de Fréjus, et ceux du tremblement de terre d’Agadir au Maroc en 1960.

Il aide les enfants des grévistes lors de la lutte des mineurs en 1963 et des grandes grèves de 1968. La campagne de Noël pour les enfants et les personnes âgées s’intensifie. De nombreuses personnalités du monde artistique et culturel soutiennent ses actions, notamment Jean Cocteau qui donne des illustrations pour des affiches ou des publications.

Le tournant de la solidarité

Au cours des années 1970, le Secours populaire français développe de nouveaux axes de réflexion et d’action. Ainsi, l’aide à l’enfance passe par la création de la campagne des Pères Noël verts et de la Journée des oubliés des vacances. Considérant qu’après le 15 août, un enfant qui n’est pas parti ne partira plus, le Secours populaire organise depuis 1979 une journée inoubliable qui permet aux enfants de partager un souvenir de vacances comme tout le monde.

Sur tous les fronts. L’association engage tous ses militants dans la récupération des surplus agricoles d’abord français (puis européens à partir de 1984). Enfin, la solidarité mondiale s’exerce dans les pays frappés par la dictature comme l’Espagne, la Grèce ou le Chili où le Secours populaire se rend dès 1973. Plusieurs campagnes se succèderont pour apporter de l’aide matérielle aux victimes politiques et à leurs familles.

(Ci-contre : Le disque ‘Chants pour les enfants du Chili’ sort en 1977, avec les chansons des plus grands artistes de l’époque / ©Archives du SPF)

Dans les années 1980, le Secours populaire français prend en compte les grands changements de la société liés à la crise et au développement de la misère. Par le choix de son logo, signé Grapus, et son nouveau magazine, Convergence, l’association affirme pleinement sa stratégie dans de nouvelles formes de solidarité.

La permanence d’accueil et de solidarité devient le pivot des actions. Autour d’elle peuvent s’organiser les libre-service alimentaires nés des surplus, l’accès aux soins, l’accès aux vacances, l’accès à la culture pour tous, les « Points jeunes » pour lutter contre l’exclusion et redonner de la dignité à ceux qui croient l’avoir perdue.

Fort de son expérience, le Secours populaire français encourage et favorise la participation des personnes aidées dans un souci de refus de l’assistanat.

Les Nouveaux cahiers de doléances de 1989 recueillent la parole des « sans voix » pour être remis à Matignon, dans les préfectures et les conseils généraux. Le prolongement de l’action prendra le nom « Le dire pour agir » pour inciter, au-delà de la parole, à l’action, aux initiatives.

Les enfants au cœur

L’association est alors agréée comme association nationale d’éducation populaire le 10 janvier 1983, puis reconnue d’utilité publique le 12 mars 1985.

En 1991, le Secours populaire français se voit décerner le label « Grande cause nationale ». Dès lors, il élargit considérablement son activité et sa notoriété.


Avec la création du mouvement Copain du Monde en 1992, le Secours populaire offre aux enfants l’opportunité de prendre la parole, d’agir, de s’organiser. Il leur permet d’être auteurs et acteurs de projets solidaires. Il favorise ainsi l’éducation à la solidarité et à la citoyenneté en s’appuyant sur les principes de l’éducation populaire. Les enfants y découvrent la « Convention internationale des droits de l’enfant » pour devenir des citoyens responsables, conscients et capables d’agir pour le respect de ces droits.

Son travail en faveur des enfants vaut au Secours populaire français d’être reconnu comme association complémentaire de l’enseignement public.

En lutte contre la pauvreté et pour le respect de la dignité

« Pauvre France », enquête photographique réalisée dans dix départements par deux photographes du Bar floréal (Marie-Paule Nègre, printemps 1988. ©Archives du SPF)

Indépendance et accueil inconditionnel

Au tournant du 21e siècle, de grandes manifestations sont organisées pour la Journée des oubliés des vacances à Paris Bercy, au Stade de France et au Champ-de-Mars, rencontrant des succès populaires.

L’aide internationale s’intensifie via des projets de développement toujours portés avec des partenaires locaux. Dans le même temps, les actions menées par l’association lors des grandes catastrophes comme le tremblement de terre en Haïti et le tsunami en Asie du Sud-Est confirment sa place dans le champ de l’aide au développement à une échelle jamais atteinte. 

Aujourd’hui, affirmant son indépendance totale à l’égard de l’Etat, des partis politiques, des syndicats comme de tous les pouvoirs, le Secours populaire français se veut « aiguillon des pouvoirs publics ». Il est avant tout, l’avocat des pauvres.

« Tout ce qui est

humain est nôtre »


La devise du Secours populaire apparait dès 1938 dans un contexte marqué par des crises économiques, sociales et politiques majeures. Elle illustre un courant humaniste qui plonge ses racines jusqu’au dramaturge romain Térence (190/159 av. J.C.) : « Je suis un homme ; j’estime que rien d’humain ne m’est étranger. »

Il favorise également les partenariats avec les entreprises pour développer ses actions de solidarité tout en continuant de coopérer avec d’autres associations.

Dans ce sens, pour défendre une aide alimentaire européenne à la hauteur des besoins, le Secours populaire français a, depuis 2010, engagé tous ses moyens pour maintenir le Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) avec les Banques Alimentaires, la Croix-Rouge française et les Restos du Cœur.

La mise en place du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) a été obtenu, il est aujourd’hui poursuivi dans le programme du fonds social européen « Soutien européen à l’aide alimentaire » renforcé jusqu’en 2027 grâce à la ténacité des associations.

En 2019, le Secours populaire perd son président qui aura œuvré pendant 65 ans à la tête de l’association.

Julien Lauprêtre serrant la main d'un jeune indonésien
Julien Lauprêtre en Indonésie en 2005 à la suite du tsunami meurtrier de décembre 2004. ©DR/SPF

Né en 1926 dans le 12ème arrondissement de Paris, Julien Lauprêtre est un ancien résistant, secrétaire général à partir de 1955 puis président du Secours populaire français entre 1985 et 2019.

Sous son influence, l’association est devenue indépendante. C’est en faisant priorité à l’action humanitaire devant l’action politique qu’il a œuvré pour faire du Secours populaire français une des plus grandes associations de solidarité de France.

Henriette Steinberg (photo ci-contre – ©Joël Lumien) lui a succédé en tant que secrétaire générale.

Des crises multiples ont secoué la France et le monde entier : tempête Alex, explosion au port de Beyrouth, guerre en Ukraine, impacts du changement climatique. La plus grave, la crise Covid, a été l’occasion pour le Secours populaire de montrer sa résilience et son adaptabilité à toute épreuve, ainsi que le dévouement des bénévoles.

En 2024, la France accueillera les J.O. et le Secours populaire est la première association de solidarité à bénéficier d’une billetterie solidaire qui offre au grand public la possibilité de participer à l’élan de solidarité en permettant à des personnes en situation de précarité de vivre les Jeux « en vrai ». Enfin, en 2025, le Secours populaire français fêtera ses 80 ans ; 80 ans qui constitueront le socle de nouvelles ambitions de solidarités locales et mondiales.

SOURCES :

. Archives du Secours populaire français – 9/11, rue Froissart 75003 Paris

. Nos vies s’appellent Solidarité. Julien Lauprêtre. Geai bleu éditions, 2005

. Vigie et aiguillon des Pouvoirs publics : le Secours populaire français. Henriette Steinberg. Les Balustres, 2014

. Archives nationales du monde du travail, dont les affiches du Secours populaire

. Archives nationales et Archives de France

. Gallica, bibliothèque numérique de la BNF

. Le Secours populaire 1945 – 2000, du communisme à l’humanitaire. Axelle Brodiez Ed. Presses de Sciences Po, 2006

. La Solidarité comme arme. Thèse d’histoire contemporaine de Corentin Lahu. 2022