Hérault, une journée inoubliable pour 300 personnes

Un enfant qui n’est pas parti le 15 août en vacances ne partira plus. C’est pourquoi depuis 40 ans le SPF organise partout en France des « Journées des oubliés des vacances » entre le 15 et le 30 août. Mer, montagne, parc d’attractions, activités sportives, les programmes sont riches et variés. Cette année dans l’Hérault, tout a été fait pour que cette journée soit la plus belle possible. Reportage.

Crème solaire, casquettes, bouteilles d’eau fraîche, brumisateurs et 500 parasols : les bénévoles ont tout prévu pour que la Journée des oubliés des vacances (JOV) de la fédération de l’Hérault du Secours populaire, qui s’est déroulée jeudi 24 août sur la plage des Aresquiers de Frontignan, soit un succès malgré la canicule ‒ vigilance rouge, 31°C à 15 heures, 44° de ressentis. Venues de tout le département, plus de 300 personnes aidées (familles et adultes isolés), dont 195 enfants, ont vite trouvé leurs marques sur cette grande plage le long de laquelle a été aménagé un large espace dédié où se sont déployés les ateliers animés par les bénévoles. Avec une mer rafraîchissante à 27-28 °C et des conditions de baignade idéale ‒ pavillon bleu et drapeau vert ‒, enfants et parents n’ont pas tardé à se jeter à l’eau. « Je me régale trop ici et il y a les meilleurs chouchous du monde ! » résume Baptiste, 9 ans, venu de Nîmes.

Dans la matinée, les personnes aidées se sont réparties sur quatre lieux pour découvrir différentes activités sportives, dont le bowling à Gignac pratiqué par celles du comité de Clermont-l’Hérault et de Saint-André-de-Sangonis. À la salle Sport Break de Baillargue, les enfants des antennes de Lunel, Montpellier et Marsillargues ont pu s’initier aux sports virtuels ‒escalade connectée, simulateur de sports extrêmes, de tennis, de ski, de snowboard… Ceux de Lodève ont découvert l’accrobranche à Aniane sur le site Accrodiable Aventure. Arrivés au parc des Bessilles de Montagnac vers 9 h 30, les enfants des comités de Sète, de Mèze, de Frontignan, d’Agde et de deux antennes de Montpellier ont également expérimenté cette activité de plein air consistant à grimper aux cimes des arbres à l’aide de cordes, une première pour la plupart d’entre eux.

« La plus grande surprise du monde »

Divisés en trois groupes selon leur âge, les enfants, attentifs aux directives de l’instructeur, s’équipent d’un baudrier adapté à leur taille, d’une longe et apprennent à manier leurs deux mousquetons. Ils sont prêts à partir à l’assaut des arbres de la Forêt d’acrobates du parc. Venue en famille de Montpellier, Fatima, « 7 ans en octobre », se lance avec le groupe des petits, les lilliputiens, âgés de 3 à 7 ans. Un parcours d’une heure, qui s’élève progressivement et au cours duquel les enfants prennent de l’assurance et se familiarisent avec les techniques de l’escalade que ce sport, également connu sous le nom d’escalarbre, leur permet d’acquérir. Quand il faut se lancer entre deux arbres accrochés à une tyrolienne, certains lilliputiens bloquent. Encouragés par leurs parents, en majorité des mamans, la plupart s’élancent bravant leur peur : « Si on tombe, on se fait mourir ! »

À la fin du parcours, la fierté des parents et la joie des enfants sont communicatives. « C’était trop bien ! » résume Fatima, prête à recommencer. « J’ai préféré toutes les tyroliennes : oh my god, elles vont vite, on a l’impression de marcher dans le vide. L’une d’elles ressemble à une noix de coco : j’avais envie de la manger !  C’est des belles vacances : cela m’a appris à avoir peur de rien », conclut-elle de sa jolie voix grave. « Tu devras dire à tes copines : “J’ai fait de l’accrobranche pendant les vacances” », lui recommande sa maman. Vers 11 h, les enfants des trois groupes rendent leur matériel et retrouvent leurs parents à l’ombre des pins d’Alep et des cyprès du parc qui procurent un peu de fraîcheur bienvenue.

Un « super moment » à la mer

Toutes les personnes aidées sont arrivées en bus à la plage des Aresquiers entre midi et demi et treize heures, avec leur pique-nique glissé dans leur sac qu’ils vont pouvoir déguster face à la Grande Bleue. « Beaucoup de familles, comme de celles de Ganges [à 70 km de Palavas-les-Flots] ou de Lodève, qui n’ont pas de voiture pour se déplacer, sont contentes de pouvoir profiter d’une journée à la mer », explique Anne-Marie Petit, secrétaire départementale de la fédération de l’Hérault et coordinatrice vacances. Et il n’y a pas de limite d’âge pour participer à cette JOV : « Le seul critère : ne pas être parti en vacances cet été », précise Anne-Marie.

Sur la plage, différentes activités rythment l’après-midi : badminton, origami, frisbee, jeux d’adresse, tirs au but, atelier dessin et animations proposées par les « Copain du Monde ». Mais la baignade et la plage permettent à tous de s’inventer des jeux (de ballon, dans l’eau…), de se retrouver en famille parfois élargie aux cousins, tantes… ou de se faire des amis. À l’instar de Sami, 11 ans, venu de Ganges, qui s’affaire à renforcer les fondations d’un château de sable : « C’est le plus gros château du monde : je suis trop content et trop fier de l’avoir fait avec mes copains ! » Pelle en main, Gao, 22 ans et Sélya, 21 ans, des bénévoles reconnaissables à leur tee-shirt jaune, continuent de creuser les douves dudit « plus gros château du monde ». « On joue avec les enfants : ils passent un super moment et nous aussi ! » confirme Gao.

« On est là, on est là ! On est là pour jouer, on est là pour se faire plaisir ! »

Vers 15 h 15, les danseurs de Dimension 34 proposent une démonstration de break dance et de double dutch, un mélange de corde à sauter et de hip-hop. Les champions Cléa et Lindsay enchaînent les figures. Aux platines, DJ Dodjay met l’ambiance. « Sous le soleil, on est là, on est là ! On est là pour jouer, on est là pour se faire plaisir : même avec la chaleur, le Secours populaire assure ! » lance au micro Driss, ancien danseur et professeur de break dance, une discipline qui fera ses débuts aux JO de Paris 2024. Speaker Youval, autre personnalité centrale de la culture hip-hop présente cet après-midi, ne résiste pas à s’emparer du micro pour inviter le public à s’essayer au double dutch. Après quelques tentatives hésitantes, une douzaine d’enfants et une maman qui a osé se lancer réussissent plusieurs sauts enchaînés déclenchant des cris d’admiration de la petite foule qui assiste au spectacle. Dans le bus du retour, les bénévoles offriront des ballons et des cordes à sauter aux enfants, qui ont découvert le double dutch à l’occasion de cette journée : une belle occasion de susciter des vocations !

Vers 16 h 45, un goûter est distribué aux enfants, qui profitent des derniers moments sur la plage. « On s’est bien amusés. On a bien sauté [du ponton qui se trouve à la limite de la zone de baignade surveillée] », résume Shaïn, 10 ans, venus de Clermont-L’Hérault avec ses deux cousins et leur maman. « On a bien aimé cette journée : merci au Secours populaire ! »