Émanciper
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Tornade de bonheur à Saint-Martin
« C’est génial ! » « Du bonheur ! » « Une journée comme on les aime ! » Toute la journée du 22 juillet, 270 enfants de 6 à 12 ans, vivant dans des familles confrontées à la pauvreté, ont profité d’activités sportives, de détente à la plage et même de la visite d’une réserve naturelle. Ils ne sont pas près d’oublier cette première « Journée des Oubliés des Vacances - Olympiades de la Solidarité » organisée à Saint-Martin par le Secours populaire et ses partenaires des Caraïbes.
« C’était génial ! Quand tu vois les visages des enfants à l’issue des activités… ça résume la journée », lâche, ravie, Danielle Alexandre, secrétaire générale de la fédération de Loire-Atlantique du Secours populaire, une fois à l’aéroport de l’île de Saint-Martin, située dans les Caraïbes entre Porto Rico et la Guadeloupe. Toute la journée du 22 juillet, 270 enfants ont participé à la première « Journée des Oubliés des Vacances » organisée à Saint-Martin par le Secours populaire et ses partenaires dans les Caraïbes, grâce à 55 bénévoles.
L’opération est destinée à tourner la page ouverte le 6 septembre 2017, quand Irma, l’un des plus puissants ouragans jamais enregistrés dans l’Atlantique, a ravagé l’île et le bassin des Caraïbes. Le Secours populaire s’était rapidement rendu sur place pour apporter une aide d’urgence et soutenir plusieurs associations locales, travaillant en particulier auprès des jeunes et des enfants.
« On est à la plage, témoigne Alicia, venue de Guadeloupe et qui a bientôt 12 ans. On s’est baigné et, avec des amies qui viennent de Guadeloupe, je suis en train de faire la queue pour jouer au château gonflable. On parle avec des enfants venus d’autres îles. » Les enfants réunis pour la journée habitent principalement dans les quartiers populaires de Saint-Martin et de l’île où habite Alicia. « Les enfants se sont bien mélangés. Je vois ceux d’Anguilla avec ceux de Saint-Martin et de Guadeloupe. Il y a une super cohésion », relève Marion Jaffart, cheffe de projet au Secours populaire pour l’accès aux vacances et les villages « Copain du Monde ». Ils sont tous arrivés sur place au matin pour la journée, sauf les Guadeloupéens qui ont repris l’avion le lendemain.
« La nature est plus présente qu’à la plage de Saint-Anne, chez moi. » Pour Alicia, la nature a une place importante d’autant qu’« elle est en danger, je le sais ». Habillée d’un t-shirt tricolore, d’un short, rouge et noir comme sa casquette, la petite n’était jamais venue dans cette île partagée entre une zone française et une autre néerlandaise. « Ce que je découvre me fait penser à Marie-Galante, en plus montagneux, en moins vert et surtout en moins peuplé. » La collégienne a remarqué pas mal « de maisons un peu délabrées avec des graffitis sur les murs », ce qui lui fait dire que la pauvreté est assez visible, « même s’il y a aussi de belles maisons ».
Les familles de tous les participants de la journée sont aidées au cours de l’année par les partenaires du Secours populaire, leurs revenus étant trop bas ou trop irréguliers pour couvrir leurs besoins, parfois élémentaires. « Ces enfants ont peu accès à des activités, à des sorties. Beaucoup ne partent pas en vacances et restent dans leurs quartiers tout l’été. Aujourd’hui, ils ont quand même découvert les animaux de la réserve naturelle du Galion, en plus des autres activités », détaille Houria Tareb, secrétaire nationale du Secours populaire. La mère d’Alicia travaille dans le dépannage automobile et vit séparée du père de sa fille, qui s’est installé dans l’Hexagone. La petite va le voir de temps en temps sinon elle passe le plus souvent ses vacances dans le centre de la Guadeloupe, « pour voir [s]es mamies ».
Le matin, avec 150 autres enfants, elle était au stade Jean-Louis-Vanterpool, pour les « Olympiades de la Solidarité », pendant que 150 autres étaient à la plage. Elle a joué au badminton, un sport qu’elle a déjà pratiqué à l’école. « Aujourd’hui, c’était juste pour s’amuser. » Des associations locales ont assuré la découverte des différents sports olympiques, ainsi que des animations autour du sport, de la santé (nutrition, bienfait de l’activité physique…) et de la préservation de l’environnement. « Elles sont bien mobilisées pour organiser des tournois de football, de volley, etc. Le Secours populaire a acheté les ballons, les volants de badminton et les gants de base-ball que nous laissons à nos partenaires », rapporte Marion Jaffart, qui témoigne depuis le stade.
« C’est une journée comme on les aime »
Ce qui a particulièrement plu à Alicia, avant de partir pour la plage, est le « show avec des enfants qui dansaient un peu comme à la TV », notamment un groupe qui a fait une démonstration de break dance. Il y a aussi de la musique locale, des danseuses. Sortant de scène, Tyriick, un jeune chanteur de 24 ans, a joué trois titres, que les enfants ont repris en chœur : « J’étais animateur avant, ça me fait d’autant plus plaisir de voir qu’ils ont aimé mes sons, mes rythmes. » Sur la plage comme Alicia, Houria Tareb observe les enfants profiter des jeux d’eau : « C’est une journée comme on aime les voir au Secours populaire : festive, avec des enfants pleins de bonheur. »
