Accompagner

  • Aide alimentaire

Guadeloupe : la solidarité apportée sous un Soleil d’Or

Mis à jour le par Pierre Lemarchand
Les bénévoles de Soleil d'Or (à dr., Gilbert Balthus, président) préparent les colis d'urgence qui sont remis aux familles en difficulté de Basse-Terre. ©Yannick Mondelo / SPF

Du 13 au 19 décembre, une mission du SPF s’est rendue aux Antilles afin de rencontrer son partenaire guadeloupéen Soleil d’Or, implanté dans la région de Basse-Terre. La crise sociale qui secoue le département ultramarin rappelle des maux plus profonds : la cherté de la vie et le fort taux de chômage concourent au sentiment d’abandon qu’éprouve la population. Jean-Louis Rolland, membre du Bureau national du SPF en charge de l’Outre-mer, membre de cette mission, témoigne.

Nous sommes le vendredi 17 décembre, il est midi. Où êtes-vous, au moment où nous nous parlons ?

Je suis au local de l’association Soleil d’Or, basée à Basse-Terre, la capitale administrative de la Guadeloupe. La ville est située sur l’île montagneuse. Si l’on compare les deux îles de la Guadeloupe aux ailes d’un papillon, alors nous sommes situés en bas de son aile gauche !

Pouvez-vous me résumer les objectifs de cette mission du SPF que vous conduisez ici en Guadeloupe ?

C’est pour répondre à une urgence liée à la crise sociale qui se combine à la crise sanitaire et ses effets sur l’économie. Notre partenaire Soleil d’Or nous avait interpellés le mois dernier sur une amplification de la grande précarité et la grande pauvreté et avait relayé la demande pressante des habitants de cette région de Guadeloupe, Basse-Terre. Le Secours populaire a donc décidé de débloquer une aide de 50 000 euros afin d’aider près d’un millier de familles sur une durée de deux mois. L’opération a commencé véritablement ce matin, ici, à Basse-Terre ; à Saint-Claude également, aujourd’hui, une distribution est organisée. Parallèlement à ces actions de solidarité, notre mission s’est aussi donnée pour objectif de rencontrer les acteurs locaux : la Communauté de communes, les mairies, le Département et la préfecture.

Dans quelles conditions s’est déroulée cette première action de solidarité qui vient juste de se terminer ?

Avec les fonds que nous leur avons confié, notre partenaire Soleil d’Or a pu procéder à l’achat de produits de première nécessité sur place. J’insiste sur ce point car cela concoure à la relance de l’économie locale, nous achetons dans les communes mêmes où s’organise la solidarité. A Basse-Terre s’est déroulée la première grande distribution, que nous avons lancée sitôt les approvisionnements livrés. D’autres suivront bien sûr, dans cinq autres localités : Gourbeyre, Baillif, Saint-Claude, Vieux habitants et Bouillante. La première distribution a été particulière car il y avait beaucoup de monde : les médias ainsi que les élus locaux étaient présents. Le fait que le SPF travaille avec des partenaires implantés sur le terrain et partageant la même philosophie d’action a été souligné par tous – c’est quelque chose qui a surpris, impressionné.

« La solidarité s’organise avec Soleil d’Or selon les mêmes principes que dans les permanences du SPF : j’ai retrouvé le même souci de chaleur et de dignité. »

Jean-Louis Rolland, membre du Bureau national du Secours populaire en charge de l’Outre-mer

De quels produits sont constitués les colis qui sont remis aux familles en difficulté ?

Hier soir, tandis que nous rencontrions, avec la direction de Soleil d’Or, la CAF de Basse-Terre, les bénévoles de l’association conditionnaient les colis et y répartissaient les produits d’hygiène et bien sûr les vivres : eau, huile, vinaigre, sel, haricots rouges, farine, pâtes, riz, sucre, lait en poudre, beurre, sardines, morue, pommes de terre, ail, oignons… Ainsi tout était prêt quand ce matin est venue la centaine de familles invitée, sur la base de listes élaborées par Soleil d’Or avec le centre communal d’action sociale et les comités de quartier. Dans les cinq autres localités, les familles ont été identifiées de cette même manière. Avec chaque colis, une famille peut tenir pendant une semaine.

Comment avez-vous ressenti ce premier moment de distribution, qui donne le « la » de la solidarité qui s’effectuera les deux prochains mois dans toute la région de Basse-Terre ?

La solidarité s’organise avec Soleil d’Or selon les mêmes principes qu’au Secours populaire, les valeurs que nous faisons vivre dans les permanences de nos fédérations en métropole : j’ai retrouvé le même souci de chaleur et de dignité. Il y a même eu quelques rires – ici en Guadeloupe, les gens aiment bien blaguer ! J’ai aussi senti, dans les rendez-vous avec les autorités, un grand respect et une grande attention pour notre action. Nous avons posé également les bases d’actions futures, notamment notre souhait d’organiser, avec Soleil d’Or et la CAF, des villages Copain du Monde afin de fêter les 30 ans de notre mouvement d’enfants solidaires en 2022 !

A l’occasion de son déplacement dans les Antilles, la mission du Secours populaire s’est aussi rendue à Saint-Martin et en Martinique afin de rencontrer ses partenaires sur place, de faire le point sur les actions de solidarité qui y ont cours et d’imaginer des actions futures sur ces territoires.

Guadeloupe : la solidarité apportée sous un Soleil d’Or
Une mère de famille reçoit un colis d’urgence, composé de vivres et produits d’hygiène. Basse-Terre, le 17 décembre 2021 – ©Yannick Mondelo / SPF

Thématiques d’action