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Faire de l’aide alimentaire une priorité européenne

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Quatre groupes du Parlement européens soutiennent le maintien de l'aide alimentaire européenne.

A deux mois des élections des députés européens, des associations qui distribuent l’aide alimentaire européenne ont organisé, mercredi 20 mars, une table-ronde au Parlement européen, à Bruxelles, afin de souligner l’importance de son maintien.

Le Secours populaire français, les Banques alimentaires, les Restos du cœur et la Croix-Rouge française sont inquiets. En France, ces associations qui fournissent des vivres aux personnes vulnérables (chômeurs, allocataires de minima sociaux, retraités pauvres, etc.) s’inquiètent des menaces pesant actuellement sur le maintien du Fonds européen d’aide alimentaire (FEAD). Celui-ci représente pourtant moins de 0,4% du budget européen.

Une aide nécessaire à 16 millions de personnes

Sur le continent, ce sont 16 millions d’Européens, dont 4 millions d’hommes, de femmes et d’enfants en France, qui dépendent de ce fonds pour manger à leur faim. En effet, une grande partie des denrées distribuées par les associations de solidarité sont fournies par le FEAD. Cet apport représente un tiers du volume distribué par les grandes associations françaises.

Cette même inquiétude est partagée par leurs homologues actifs dans d’autres pays, comme la Fédération des services sociaux ou Source et l’association pour la solidarité étudiante (Belgique), la Mid West Simon Community (Irlande), Kirkkopalvelut (Finlande), PKPS (Pologne), ARCI (Italie), Cent Buttek (Luxembourg), Solidarité populaire (Grèce). « Nos associations sont souvent le dernier rempart pour éviter que des millions de personnes sombrent », avait transmis comme message Julien Lauprêtre, président du Secours populaire.

Les discussions budgétaires européennes privilégient des secteurs comme la défense au détriment de la solidarité.

Les discussions budgétaires européennes privilégient des secteurs comme la défense au détriment de la solidarité.

 

Il faut reconnaitre que les nouvelles à Bruxelles sont alarmantes alors que le budget européen est discuté dans un contexte où les recettes sont revues à la baisse. Les budgets sociaux sont sur la sellette, d’autant que les Etats souhaitent développer les crédits pour la défense et a surveillance des frontières. Le schéma délivré par la Commission européenne, avec l’accord des Etats membres, prévoit l’intégration des 500 millions d’euros par an du FEAD dans les énormes Fonds sociaux européens (FSE), qui eux-mêmes seraient absorbés dans une grande enveloppe destinée à l’aménagement du territoire. L’importance de la question de l’alimentation et du rôle joué par les 378.000 tonnes de vivres dispensées chaque année perdrait toute visibilité.

Sans mobilisation, plus de fonds dédié

« Dans cette configuration, il sera très difficile de plaider pour une augmentation de la dotation afin de répondre aux besoins exprimés sur le terrain, alors que les statistiques officielles montrent que 40 millions d’européens souffrent de carences », indique Sébastien Thollot, responsable de l’aide alimentaire au Secours populaire, qui rappelle que « la mission de l’Union européenne est d’assurer la participation de tous à la vie sociale, notamment en favorisant des niveaux de vie suffisants ». Plus pessimiste encore Elisabeth Morin, eurodéputée du PPE (droite), s’est alarmée : « Une telle fusion entre les différents fonds signerait tout simplement l’utilisation des fonds sociaux au profit de la construction d’infrastructures, de routes, de coulées de béton. »

Plusieurs associations, dont le Secours populaire, ont plaidé la cause de l'aide alimentaire européenne au Parlement de Bruxelles, le 21 mars.

Plusieurs associations, dont le Secours populaire, ont plaidé la cause de l’aide alimentaire européenne au Parlement de Bruxelles, le 21 mars.

Sylvie Guillaume, vice-présidente du Parlement européen, s’oppose également à ce scénario catastrophe. Pour elle, ces moyens destinés à la solidarité « n’ont rien d’un confort ; ils sont juste indispensables pour soutenir les personnes en état de vulnérabilité ». Et l’eurodéputée de mentionner les différentes situations sociales qui provoquent la venue des gens en difficulté dans les permanences d’accueil des associations car leur réfrigérateurs sont vides : chômage, travail précaire, séparation, famille monoparentale, faible retraite, migration. Au total, 90 millions de personnes sont frappées dans l’Union européenne par la pauvreté, les privations matérielles ou un travail ne respectant pas la dignité.

La table-ronde était soutenue par des parlementaires de quatre groupes : Nathalie Griesbeck (ALDE – centristes, libéraux), Sylvie Guillaume (S&D – socialistes et démocrates), Elisabeth Morin-Chartier (PPE – droites) et Patrick Le Hyaric (GUE/NGL – gauche alternative). Cette présence souligne, dans le contexte bruxellois, le soutien que porte le Parlement à l’aide alimentaire européenne. Patrick Le Hyaric a d’ailleurs rappelé que les eurodéputés avaient voté, en 2011 et en 2013, à la quasi-unanimité pour défendre cette action sociale. « Il avait fallu beaucoup se mobiliser et que les associations fassent du bruit », a-t-il dit, traçant du même coup la perspective pour les mois à venir jusqu’à l’adoption du budget européen pour 2021 / 2027.

Un appel commun à renforcer le FEAD

Pourtant, aujourd’hui, le budget européen de l’aide alimentaire devrait diminuer après 2020. Les associations présentes ont produites un appel commun (voir plus bas) pour faire de « l’aide alimentaire une priorité en Europe » car elle permet d’apporter « une aide vitale pour des millions de personnes (…) dans le cadre d’un accueil inconditionnel » et de « développer, au-delà d’autres mesures d’accompagnement », comme la recherche d’emploi, l’accès à la culture et aux loisirs, aux droits, aux soins, aux vacances, à la pratique sportive… Les associations demandent donc à l’ensemble des Etats-membres « à renforcer les moyens dédiés à l’aide alimentaire ».

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