Copain du Monde

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Des petits messagers de paix

Mis à jour le par Olivier Vilain
« Ce que j’aime, c’est que ça montre que peu importe notre culture, notre âge, on peut être amis », raconte Nyah, une petite fille de la région de Matoury, en Guyane. Le village "Copain du Monde" a en effet été un creuset pour ce territoire multiculturel. @DR / SPF

Des villages « Copain du Monde » viennent de se dérouler, cet automne, dans le sud de l’Italie et sur le littoral de la Guyane pour que les enfants puissent « apprendre à s'aimer plutôt qu'à se faire la guerre », comme l’a rappelé Rose Papi, membre du bureau national du Secours populaire, ajoutant à la fin du séjour à Riace, une commune de Calabre, « Julien serait fier » en référence à Julien Lauprêtre, ancien président du Secours populaire qui avait créé le mouvement «Copain du Monde» en 1992.

« C’était super bien, se réjouit encore Lina, 15 ans, qui est venu d’Avignon. On a rencontré des enfants migrants et d’autres de Calabre. » En effet, 18 enfants « Copain du Monde » ont fait partie du voyage et ont rencontré sur place 12 enfants, certains originaires de Riace et d’autres étant des enfants migrants ayant traversé la Méditerranée à leurs risques et périls. La Calabre est une région pauvre de l’Italie. Située au sud du pays, elle est l’un des points d’arrivée de personnes encore plus pauvres : les demandeurs d’asile et les migrants.

A Riace, avec le soutien d’Arci, le partenaire italien du Secours populaire, les enfants ont multiplié les activités permettant de faire connaissance : visite d’une usine d’huile olive, d’un potager solidaire… « Ils ont découvert des fruits comme le kaki ou la figue de barbarie, ou retrouvé d’autres qu’ils connaissaient déjà mais avec un goût bien meilleur que ce qu’ils ont l’habitude de manger, provenant de supermarchés », explique Chloé, qui a fait partie de l’équipe d’accompagnement. Autre moment inoubliable, la soirée où chacun a pu préparer, sous les conseils d’un cuisinier local, une pizza avant de la cuire dans un four à bois.  

Deux olympiades sur deux continents

Les petits ont aussi participé à des Olympiades, comme en Guyane. De l’autre côté de l’Atlantique, cette journée d’épreuves sportives a sans doute constituée le point fort du séjour où les 40 participants au Village « Copain du Monde » ont rejoints d’autres adolescents à Macouria pour se mesurer au lancer de fléchettes, au saut en sac ou au tir à l’arc ; tout en appuyant sur la cohésion et la coopération dans les épreuves par équipes.

Le séjour s’est déroulé pendant les vacances de la Toussaint, à Kourou, grâce à cinq partenaires locaux, dont le Ceméa local. Chaque partenaire assure une activité, sportive ou ludique. Le projet est piloté dans son ensemble par le Secours populaire de Charente-Maritime.

Dix-huit enfants « Copain du Monde » ont rencontré 12 enfants à Riace en Calabre, certains étant des enfants migrants ayant traversé la Méditerranée à leurs risques et périls. Située au sud de l’Italie, la Calabre est l’un des points d’arrivée des demandeurs d’asile et des migrants. @DR / SPF

Le premier village « Copain du Monde » a été organisé dans cette collectivité d’outre-mer en 2018, déjà à la Toussaint. C’est la saison sèche, ce qui facilite les déplacements, sachant que certains enfants sont venus de zones où le trajet ne se fait qu’en pirogue depuis le dépôt de bilan de la seule compagnie qui assurait la liaison. Cette année, les enfants venaient aussi bien de l’arrondissement de Saint-Laurent-du-Maroni que de la région de Canopi, à la frontière brésilienne ou encore du littoral.

Ce type de séjour est rare en Guyane

« Ce que j’aime, c’est que ça montre que peu importe notre culture, notre âge, on peut être amis », évoque Nyah, de Matoury. La Guyane est en effet multiculturelle, entre les afro descendants, les amérindiens, les différentes émigrations européennes ou asiatiques. Les derniers arrivés étant des demandeurs d’asile de Syrie ou d’Afghanistan. C’est aussi une région jeune : la moitié de la population a moins de 30 ans. « Ce type de séjour collectif est très rare sur ce territoire, par manque d’infrastructures pouvant accueillir plusieurs dizaines d’enfants », indique Dalila Benboukha au Secours populaire de Charente-Maritime. Elle pilote le projet en compagnie de Lucie Forsans Guegan, elle aussi animatrice, et Jean-Louis Rolland, secrétaire général de la fédération.

Valérie Beausoleil, référente de « Copain du Monde » à Caen est venue mener des ateliers sur les droits de l’enfant, la fédération du Calvados du Secours populaire étant partenaire du séjour. D’autres partenaires ont organisé des ateliers sur le thème « comment changer son quartier » ou « comment apporter la solidarité ». « Ça nous permet de réfléchir, d’aider les autres qui en ont besoin », souligne la petite Perla, originaire de Saint-Laurent-du-Maroni.

Pour beaucoup, c’était les toutes premières vacances

Un village « Copain du Monde » est un outil, pas une finalité. « Copain du Monde permet aux enfants de prendre la parole, de faire grandir la confiance en eux-mêmes et, pourquoi pas, de changer les choses sur leur lieu de vie », ajoute Dalila. Ce type de séjour n’est pas organisé juste pour passer des vacances entre enfants, ce qui est déjà une réussite, mais c’est surtout pour ouvrir des horizons et cultiver la connaissance réciproque des entre petits et adolescents vivant dans des endroits différents, évoluant des milieux distincts et des cultures singulières. « Pour beaucoup d’enfants, c’était les premières vacances qu’ils passaient hors de chez eux », rapporte Karine, membre de Tangram, l’un des partenaires de l’opération.

De retour de Riace, Djibril a encore plein de souvenirs dans sa tête de 11 ans. Le meilleur d’entre eux ? « J’ai joué tous les jours avec mes amis à ‘‘Trap Trap’’ (un jeu de chat et de souris) dans le parc », rigole encore ce petit vivant à Grasse.  « Il y a eu des sanglots quand il a fallu prendre l’avion pour rentrer », observe Nathalie, référente des « Copain du Monde » du Vaucluse. On les comprend.

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