Copain du Monde

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Une joyeuse chasse aux œufs à Tours

Mis à jour le par Olivier Vilain
Toute à sa joie, la petite vient de trouver l'un des nombreux gros œufs colorés disséminés autour des stands du Secours populaire. Il lui reste à récupérer les vrais œufs en chocolat auprès des enfants « Copain du Monde ».

Les chasses aux œufs battent leur plein jusqu’au 30 avril. Au parc Sainte-Radegonde, à Tours, le Secours populaire et les « Copain du Monde » ont organisé la leur, le dimanche 9. Elle a diffusé de la bonne humeur pendant toute la journée et assuré une collecte pour l’achat de livres destinés à un bibliobus en Afrique du Sud. Au milieu des festivités, les « Copain du Monde » ont expliqué ce projet de solidarité entre enfants.

« J’ai trois enfants : j’aurai besoin de trois permis », demande Solène, une maman qui connaît bien le fonctionnement de la chasse aux œufs organisée toute la journée du dimanche 9 avril dans le parc Sainte-Radegonde de Tours par la fédération d’Indre-et-Loire du Secours populaire. « C’est parti : la chasse est ouverte ! », lui sourit Inès, 24 ans, une ancienne enfant « Copain du Monde » ; ceux-ci, depuis 10 heures, vendent le fameux permis à deux euros et distribuent un gros œuf en chocolat aux enfants qui ramènent trois œufs en plastique cachés dans ce parc de 14 hectares.

Guidés par Émilie, leur grande sœur de 14 ans, une participante aguerrie de la chasse aux œufs depuis qu’elle est petite, Damien et Antoine, 10 ans ‒ « faux jumeaux », précisent-ils ‒, trouvent « trop facile[ment] » ces gros œufs colorés disséminés autour des stands du SPF. Après avoir récupéré les vrais œufs en chocolat auprès des enfants « Copain du Monde », qui s’activent pour accueillir les familles patientant vers 11 h 15 devant leur stand, Solène et ses trois enfants pique-niqueront sous le soleil dans ce parc arboré qui borde la Loire.

Il y a du monde régulièrement et les gens sont fiers d’acheter pour quelque chose de concret

Juliette et Lucie, deux lycéennes, bénévoles au Secours populaire

Les autres stands (jeu de quilles, livres, peluches) font aussi le plein, notamment celui de pêche à la ligne. À celui des livres, Juliette et Lucie, deux lycéennes de 17 ans, anciennes « Copain du Monde » et aujourd’hui bénévoles au SPF, confirment : « Il y a du monde régulièrement et les gens sont fiers d’acheter pour quelque chose de concret. »

La vente de ces livres, des dons en très bon état, servira à financer l’acquisition d’ouvrages pour équiper un bibliobus pour l’Afrique du Sud. Après avoir participé en octobre-novembre 2022 au village « Copain du Monde » à Johannesburg, elles parlent avec passion de ce projet qui leur tient à cœur. Via un groupe Instagram, elles gardent le contact avec les jeunes Sud-Africains rencontrés sur place. « On connaît un succès que l’on n’a jamais eu », s’enthousiasme Danielle, une bénévole, qui coordonne ce projet mené avec le partenaire local, l’ONG Valued Citizens.

Un rendez-vous joyeux pour les habitués et les promeneurs du dimanche

Des familles présentes ce dimanche sont fidèles à cette action organisée dans ce parc depuis 2019. « Avant, cela se passait au jardin des Prébendes. C’est de génération en génération », confirme Inès, qui y participe en tant que « Copain du Monde » depuis qu’elle a 8-9 ans. « Je kiffe toujours : il n’y a que de bons moments à partager avec les enfants qui sont dans la joie quand ils ramassent les œufs. »

À l’instar de Gustave, 4 ans, qui, trop pressé pour descendre de selle, part à la chasse sur son vélo, qu’il lâche dans l’herbe dès qu’il voit un œuf. Rejoint par son père, il dépose délicatement sa trouvaille dans son panier à vélo et poursuit sa quête tenant fermement, dans sa main droite, son permis de chasse. Mais il ne suffit pas de trouver les œufs : il faut aussi les cacher. C’est la mission d’Alice, une fillette blonde aux baskets roses âgée de 7 ans, « née à la sainte Alice » et de Nadine, 10 ans, qui font partie de la « team de cinq Copain du Monde » gérant la chasse aux œufs. « Les gens nous suivent pour repérer les œufs », déplore Alice. « Au début, on pouvait cacher facilement. Maintenant, il y a du monde : c’est la guerre ! », renchérit sa copine Nadine, qui s’en amuse.

« Les enfants ont fait toutes les activités »

Dans la matinée, des familles aidées par le Secours populaire sont arrivées en bus affrété par l’antenne Tours centre installée dans le quartier Sanitas : une cinquantaine de personnes, majoritairement des mères accompagnées de leurs enfants vivant à Sanitas, l’un des quartiers les plus pauvres de France. Parmi elles, Radia, qui assiste à sa première chasse aux œufs. « Les enfants ont fait toutes les activités : ma fille de 8 ans et demi, qui a participé l’année dernière, a aimé », souligne cette maman, qui surveille du coin de l’œil son fils Moudher, 21 mois.

« Les enfants sont contents et nous aussi », remercie Susanna entourée de ses quatre enfants. Accompagnant ces familles pour la journée, Rania, bénévole « depuis plus de vingt ans » à l’antenne Tours-Centre, leur propose toute l’année des activités ‒ sortie piscine (dispositif J’apprends à nager), au parc d’attractions (Family Park) ; Pères Noëls verts et colis de Noël, assurance et fournitures scolaires ; Journée des oubliés des vacances et séjours en famille. Entre mamans de différentes origines, l’information sur les actions de l’antenne circule lors de rencontres informelles et certaines, comme Zohra, bénévole à la distribution de colis alimentaires, y contribuent. Pour les sorties comme aujourd’hui, elles partagent les bons moments via des groupes WhatsApp.

Devant le stand chasse aux œufs, Saddika accompagne sa fille Aya, 6 ans, et son fils Mohamed, 4 ans, des découvreurs « d’œufs bien cachés » qui veulent renouveler l’expérience. Après leur deuxième chasse, les enfants de Saddika et des autres familles aidées dessinent sur le thème de la solidarité, qui, sur les feuilles A3 blanches, prend des formes colorées de maison au toit violet, de bateau, d’arc-en-ciel et de bonhomme rigolo à grosse tête. Puis par petits groupes, ils participent au jeu de l’oie « Objectifs développement durable » animé par Fathia, qui encadre les « Copain du Monde » d’Indre-et-Loire, une vingtaine d’inscrits âgés de 6 à 17 ans.

Sur ce stand, les « Copain du Monde » expliquent pourquoi et comment ils collectent pour acheter des livres destinés à équiper un bibliobus en Afrique du Sud. Certains se sont rendus en octobre-novembre 2022 à Johannesburg.

Sur ce stand, les « Copain du Monde » expliquent pourquoi et comment ils collectent pour acheter des livres destinés à équiper un bibliobus en Afrique du Sud. Certains se sont rendus en octobre-novembre 2022 à Johannesburg.


« Je travaille avec eux sur les droits des enfants et les 17 objectifs de développement durable des Nations unies, précise Fathia. C’est eux qui changeront les choses demain. La chasse aux œufs, c’est les enfants qui l’organisent : ce sont les acteurs du projet. » La relève semble assurée : une quinzaine d’enfants de familles aidées ont laissé leurs coordonnées pour devenir des « Copain du monde » – en tout, une quarantaine de questionnaires minutes enfants ont été récoltés.

Arrivé en renfort en début d’après-midi, Jordan, 23 ans, « un ancien » « Copain du monde » depuis qu’il a 8 ans résume cette belle journée : « On est trop bons : on a vendu tous les chocolats ! » Régis Groyer, secrétaire général de la fédération, confirme : « Les gens ont été généreux et il y a eu beaucoup de monde, plus que l’année dernière. On a manqué d’œufs : on a dû se réapprovisionner. » Les « Copain du Monde » ont assuré : « Ils ont l’habitude et transmettent aux plus jeunes leur savoir-faire. »

Les fruits de la collecte de cette chasse aux œufs et de deux autres organisées dans le département par des comités financeront les actions de solidarité internationale. « Ce sont les enfants qui choisiront sur quel projet seront affectées ces collectes : celui en Afrique du Sud, au Maroc ou vers un projet d’urgence, précise Régis Groyer. Ce sont eux qui décideront. »

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