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Les jeunes très impliqués au sein des associations

Mis à jour le par Olivier Vilain
Les jeunes sont nombreux à s'engager auprès du Secours populaire, contre les inégalités.

Que seraient les associations sans les bénévoles ? En France, ces derniers sont très nombreux : près de 22 millions selon la dernière étude réalisée par Lionel Prouteau, chercheur à l'université de Nantes, et publiée par La Revue associations (octobre 2018). Ils sont des millions – Français, Françaises, résidants, réfugiés… – à donner du temps et à s’investir pour les autres.

Deux évolutions sont particulièrement intéressantes. Sur les quinze dernières années, les associations humanitaires ont vu le nombre de leurs bénévoles augmenter. Et, contrairement à une idée reçue, ils n’ont pas tous plus de 60 ans. La participation des jeunes est importante.

A Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne), l’équipe du Secours populaire compte une trentaine de jeunes, très dynamiques. Quelle est la recette pour leur permettre de s’investir ? « Nous menons des activités qui nécessitent beaucoup de monde : collectes alimentaires, Don’actions… Ainsi, il y a de la place pour les arrivants et même pour les amis que les jeunes bénévoles invitent. Leur présence fait boule de neige », souligne Jean-Georges, secrétaire général du comité de Bonneuil-sur-Marne.

Divers chemins vers l’engagement associatif

Il y a plusieurs manières d’arriver au Secours populaire. Certains finissent leurs études, d’autres sont déjà engagés dans le monde professionnel, d’autres encore sont membres d’associations partenaires, d’autres enfin y viennent faire du volontariat.

Les jeunes bénévoles les plus dynamiques permettent au groupe de se constituer. « Nous sommes allés, en petit groupe au Festival des solidarités de Bruxelles, du 19 au 21 octobre derniers. Nous sommes revenus avec beaucoup de projets », indique Kaltouma, ingénieure en informatique de 28 ans. L’un d’eux est le développement prochain d’une antenne à la résidence étudiante de la ville. « Ces jeunes connaissent la précarité, je pense que nous pourrons très vite tisser des liens et programmer des actions », lance Jessica, très sûre d’elle.

Confrontés à la précarité, les jeunes prennent toute leur part dans le bénévolat.

Confrontés à la précarité, les jeunes prennent toute leur part dans le bénévolat.

« Tu as envie de leur permettre de se sortir de la galère »

La confrontation avec la précarité est une source d’engagement pour les jeunes. « Quand tu es aidée par le Secours populaire, tu as envie d’être utile aux autres, de leur permettre de se sortir de la galère, même si ce n’est pas toujours facile pour eux de venir chercher de l’aide », explique Marine, future aide-soignante de 23 ans et mère d’une petite Sofia de 10 mois. Ce qu’elle préfère ? « Participer aux grandes opérations du Secours populaire, comme les collectes. »

Les jeunes développent leurs relations au sein des associations. « Mes amis sont tous membres du Secours populaire ou d’autres associations partenaires », confie Emilie, la sœur de Marine, 19 ans, qui va commencer sa formation pour devenir animatrice de centres de loisirs et de vacances (BAFA). « Ils sont plus matures, ils connaissent la galère donc je peux leur parler de ce qui me semble important. Je sais que je serai comprise. » Un cadre idéal pour se réaliser.

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Témoignages

Quel est le panorama du bénévolat en 2018 ?

Une enquête fait un point bienvenu sur le bénévolat. La précédente datait de 2002. Selon les derniers chiffres, la France compte près de 22 millions de bénévoles, c’est un habitant sur trois. Le nombre de bénévoles montre que les personnes sont prêtes à agir, à s’engager, à construire dans le temps. Autre enseignement, en 2002, c’était les domaines de la culture, du sport et des loisirs qui attiraient le plus. Désormais, on constate l’engouement pour les associations humanitaires et de défense des droits. Une des explications est la relative désaffection des gens pour d’autres institutions, comme les partis politiques ou les syndicats. Dernière ce chiffre, il y a des engagements différents : une minorité est active dans plusieurs associations et concentre un grand nombre d’heures de bénévolat. En moyenne, chaque bénévole donne 110 heures par an. C’est beaucoup. Cela montre que les gens sont généreux, même si ceux-ci organisent leur bénévolat en fonction de leur disponibilité, et non plus selon un modèle sacrificiel.

Les jeunes s’engagent-ils aussi facilement que les autres catégories d’âges ?

A lire un peu mécaniquement les chiffres de l’enquête, on pourrait s’arrêter sur un léger vieillissement des bénévoles. Mais, cela masque un engagement très important des jeunes. Dans le cadre du Secours populaire, je constate que les propositions de bénévolat sont en nette augmentation de la part des jeunes. Ils ont envie de faire quelque chose, de ne pas rester les bras croisés devant des gens qui dorment dans la rue ou devant les images d’une catastrophe. Cela interroge sur les capacités des associations à accueillir ces propositions, qui sont parfois en décalage avec les pratiques instituées, comme les horaires par exemple. Pour qu’ils concrétisent leur envie d’agir, les associations doivent sortir de leurs murs, ne pas limiter leurs actions aux activités les plus traditionnelles : développer les maraudes, l’accompagnement scolaire…

Que fait le Secours populaire pour développer le bénévolat ?

Nous constatons des progrès significatifs, après des années de réflexion. Le Festival des solidarités, qui s’est tenu à Bruxelles du 19 au 21 octobre dernier, a montré une vraie mobilisation d’une cinquantaine de jeunes, avec une organisation décentralisée, tout au long de l’année. Ils ont montré, à l’issue du festival, une grande volonté de s’engager davantage, y compris en s’impliquant dans les instances départementales et nationale du Secours populaire. Autre indicateur, les antennes sur les lieux d’études ou de formation fonctionnant grâce à l’implication des jeunes se sont multipliées. Elles sont désormais une vingtaine dans toute la France. Les étudiants et les jeunes en formation sont sensibles à la précarité de leurs copains. Une précarité dont l’enquête Ipsos/SPF, publiée en octobre dernier, donne un aperçu saisissant. Les jeunes bénévoles s’impliquent dans ces espaces d’appuis et y développent des formes d’entraide.

Joëlle Bottalico, dirigeante nationale du Secours populaire, vice-présidente du Haut Conseil à la vie associative

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