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Un demi-siècle d’engagement au Bangladesh

Mis à jour le par Olivier Vilain
Les équipes de GK Savar ont apporté des denrées et des produits de première nécessité aux sinistrés. Plus de 2 millions d'habitants de la région de Sylhet, à mi-chemin entre le fleuve Brahmapoutre et la baie du Bengale, ont vu leurs terres inondées.

Le 18 juin, un événement est organisé à Paris pour célébrer les 50 ans de GK Savar, le partenaire du Secours populaire français au Bangladesh. L’ONG promeut la santé des communautés rurales, leur accès à l’éducation, l’émancipation économique des paysannes et apporte de l’aide d’urgence lors de catastrophes naturelles, comme les terribles inondations provoquées en 2022 par les pluies de mousson.

A partir du 16 juin 2022, la région de Sylhet, au nord-est du Bangladesh, a été recouverte par les eaux de la mousson : 60 % de la surface de la région étaient submergés, faisant au moins 59 morts et 2 millions de sinistrés. « C’est un des pays les plus vulnérables aux inondations à cause de sa localisation au croisement de plusieurs fleuves immenses, alimentés par les neiges de l’Himalaya, sans compter la montée des eaux de l’océan Indien, en lien avec le réchauffement climatique », explique Cyprien Gaschignard, chef de projets internationaux pour la zone Asie au Secours populaire.

L’association française a alors débloqué un fonds d’urgence de 50 000 euros afin de financer la distribution de denrées aux sinistrés : près de 14 000 familles (environ 70 000 personnes) ont chacune reçu 5 kg de riz, des biscuits, 3 kg de pommes de terre, de l’eau potable, des tablettes pour potabiliser l’eau, « ainsi que de la nourriture pour le bétail, un élément inhabituel mais très important dans cette région rurale », ajoute Cyprien Gaschignard.

De l’aide d’urgence pour les sinistrés et leur bétail

Les équipes de secours de GK Savar ont fourni « des aliments pour le bétail, dans les zones affectées par les inondations, car les animaux étaient sur le point de mourir de faim. Au total, 300 sacs d’aliments pour bétail (50 kg par sac) ont été distribués à 1 400 agriculteurs pour 3 160 bovins dans les villages du canton de Santiganj », confirme Halimur Reza, directeur de la santé rurale à GK Savar, dans un rapport adressé au Secours populaire.

Les centres de santé de GK Savar, le partenaire du Secours populaire au Bangladesh, ont servi d'abris pour de nombreux sinistrés dont les habitations étaient inondées. Ici, il s'agit du centre de santé de Pagla Bazaar.
Les centres de santé de GK Savar, le partenaire du Secours populaire au Bangladesh, ont servi d’abris pour de nombreux sinistrés dont les habitations étaient inondées. Ici, il s’agit du centre de santé de Pagla Bazaar.

Auparavant, GK Savar avait déjà fait appel au Secours populaire après le passage du cyclone Amphan, le 21 mai 2020, pour la région de Sundarban, au sud du pays cette fois. L’association avait alors financé, à hauteur de 15 000 euros, la réhabilitation des circuits d’eau potable, grâce à des filtres à eau, et la reconstruction de latrines. Le Sundarban est une région où GK Savar développe depuis des années des programmes de sécurité alimentaire et des programmes de soutien des activités agricoles et de pêche afin de sortir les familles les plus pauvres de la misère.

GK Savar a été créée en 1972, dans la capitale Dhaka, aux lendemains de la terrible guerre d’indépendance opposant ce qui s’appelait alors « le Pakistan oriental » de son pendant occidental, désormais appelé le Pakistan. Selon les estimations les plus élevées, le nombre de victimes civiles aurait été de 1 million de morts, sans compter les blessés, les déplacés, etc. De son nom complet « Gonoshasthaya Kendra Savar Dhaka », littéralement « Centre de santé pour le peuple », l’ONG a alors débuté ses actions par l’ouverture d’un hôpital destiné à l’accueil des blessés et des réfugiés.

Un partenariat de 20 ans avec le Secours populaire

GK Savar est devenue une des premières organisations à promouvoir l’accès à la santé pour les communautés rurales défavorisées du Bangladesh et s’est orientée peu à peu vers les domaines de l’urgence et du développement. Il faut dire que le Bangladesh est un pays de 170 millions d’habitants, dont le revenu annuel se limite à 2400 dollars par personne, cinq fois moins que la moyenne mondiale.

L'un des camps montés par les membres de l'ONG GK Savar pour répondre aux urgences médicales des sinistrés. Ici, dans le district administratif de Kurigram.
L’un des camps montés par les membres de l’ONG GK Savar pour répondre aux urgences médicales des sinistrés. Ici, dans le district administratif de Kurigram.

La lutte contre le Covid-19 a marqué une étape du partenariat entre l’ONG et le Secours populaire. Dès 2020, GK Savar a mis en œuvre un projet de sensibilisation aux bonnes pratiques destiné à limiter la propagation du virus et à permettre au plus grand nombre d’accéder aux tests. Le programme comprenait un volet de distribution alimentaire auprès des familles les plus pauvres qui ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins à cause des confinements. La même année, le Secours populaire a financé ces colis alimentaires à hauteur de 20 000 euros. Ils ont permis au total à plus de 100 000 personnes de se nourrir.

Quelques mois avant, le Secours populaire avait soutenu l’engagement de GK Savar auprès des réfugiés Rohingya, en 2019. Le programme portait sur l’amélioration de la santé de 4 000 enfants et 1 500 personnes âgées vivant dans le camp de réfugiés de Cox’s Bazar. Les équipes ont organisé des visites médicales régulières et fourni les traitements nécessaires, tout en conduisant des activités de prévention auprès des enfants.

D’autres programmes d’urgence et de développement

D’autres programmes sont plus anciens. De 2004 à 2008, le Secours populaire a travaillé avec GK Savar pour améliorer la situation économique et sociale de femmes vivant dans un grand dénuement, à travers une formation à la conduite automobile et un approfondissement des compétences scolaires pour leur permettre d’accéder à un travail rémunéré. Ce programme a ensuite été repris entre 2012 et 2015 par la fédération de Loire-Atlantique du Secours populaire. « Nous allons continuer notre partenariat, aussi bien dans le domaine de l’urgence, car malheureusement c’est assez cyclique, que dans les programmes de développement », souligne Cyprien Gaschignard, qui sera présent le 18 juin aux 50 ans de GK Savar, l’événement réunissant plusieurs associations françaises qui soutiennent l’ONG.

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