Protéger
Au Maroc, les projets se poursuivent

Il y a deux ans, le terrible séisme qui a ravagé le sud du Maroc avait suscité un grand élan de générosité de ce côté-ci de la Méditerranée. Deux missions du Secours populaire se sont rendues sur place, en début d’année, pour faire le point sur les programmes de reconstruction qui restent à mener.
Dans la nuit de vendredi 8 au samedi 9 septembre 2023, un séisme de magnitude 7 a frappé le Maroc, faisant près de 3 000 morts et plus de 6 000 blessés. L’épicentre du séisme se situait à environ 70 km au sud de Marrakech, dans la province d’Al Haouz. Les familles habitant dans cette zone ont tout perdu.
Les villageois de la vallée de Taroundant ont tout perdu
Tout de suite après le séisme, le Secours populaire s’était rapproché de ses différents partenaires locaux et avait très rapidement mené avec eux des distributions de produits de première nécessité – semoule, sardines, comme dans la région d’Agadir – et lancé un appel à la solidarité.
Puis, les bénévoles avaient mené des programmes de reconstruction dans des villages enclavés, où les aides gouvernementales ne couvrent pas la totalité du coût des matériaux ni de leur transport, qui se termine dans certains cas à dos d’ânes.

« Distribution de colis alimentaire et d’hygiène, jouets pour enfants, soutien psychosocial, distribution de vêtements d’hiver ou construction d’abris, les projets menés par nos partenaires ont permis aux victimes de cette catastrophe de retrouver dignité et espoir », rappelle Hélène Bottalico, chargée de mission, de retour de la région.

C’est pour faire le point sur ces chantiers et sur ce qu’il reste à faire que deux missions du Secours populaire se sont rendues sur place. Première étape, les membres de la première mission sont allés dans les villages de Zrit, Touyalin et Amndar, sur la commune d’Aghbar. Le programme a consisté à assembler 109 préfabriqués. Un programme mené par la Fondation Ytto, l’un des partenaires locaux, avec le soutien des fédérations d’Île-de-France du Secours populaire. Au total, « 1 000 personnes ont été mises à l’abri. Il reste 150 sinistrés à reloger », relève Jean Guilvout, bénévole chargé de la solidarité internationale à la fédération de Paris.
La mise à l’abri reste encore une priorité dans la vallée de Taroudant, notamment dans le douar (village) d’Ait Yahya, à une demi-journée d’Agadir. « Lors de notre visite, nous avons constaté que les familles vivent sous de grandes tentes recouvertes de bâches, que certaines maisons sont en cours de reconstruction, mais les travaux restent inachevés », rapporte Hélène Bottalico.
Pour les écoles, les chantiers continuent
Les familles vivent dans ces conditions le temps que leurs maisons soient reconstruites. Problème : « Les villageois rencontrent des difficultés à terminer les travaux en raison de l’augmentation des prix des matériaux de construction et de leur acheminement », précise Hélène Bottalico. C’est pourquoi, après concertation avec le Forum jeunes Targa, un autre partenaire local, le Secours populaire va programmer l’achèvement de la reconstruction de 48 maisons.

Au chapitre reconstruction, il y a aussi les écoles. Sur la commune d’Abadou, deux salles de classe et deux sanitaires ont été reconstruits dans l’école du village d’Imenogoug avec le soutien du Secours populaire, en lien avec l’association partenaire IFLAN. Jusque-là, les élèves suivaient les cours dans des Algeco. Du mobilier scolaire neuf a également été fourni. Une réalisation qui a été répliquée pour une salle de classe de l’école Tcharafte, dans la commune de Marrakech.

La réhabilitation de ces deux écoles, aux normes antisismiques, soutenue par les fédérations de la Gironde, de la Haute-Vienne et du Lot-et-Garonne, bénéficie à 520 élèves. À Imenogoug, « il faut encore clôturer la cour, dans laquelle des gravats jonchent encore le sol, réhabiliter et équiper la salle de bibliothèque et rénover deux cabinets de toilette vétustes », précise Hélène Bottalico. « Ce gros projet de reconstruction représente un budget de 235 000 », poursuit Annie Garat, secrétaire départementale de la fédération de la Gironde.
Pour prendre soin des enfants, l’association IFLAN va poursuivre son programme de caravanes qui se déplacent auprès des écoliers et des équipes éducatives dans les écoles sinistrées, pour la somme de 75 000 euros. Ces caravanes, dont neuf sur les douze programmées se sont d’ores et déjà rendues dans les villages sinistrés, œuvrent avec les associations locales et les professeurs. Elles ont déjà aidé plus de 6 500 enfants à exprimer leurs émotions, à se reconstruire et à renforcer leurs liens sociaux. Un total de 275 professeurs et directeurs d’écoles ont également bénéficié des activités de ces caravanes.
Le but : assurer l’autosuffisance alimentaire
Le dernier domaine d’intervention est l’agriculture, principalement dans les douars de la région de Taroudant : les villageois ont perdu leur cheptel dans le séisme. L’objectif est de donner des chèvres et des brebis aux familles d’éleveurs. Pour favoriser l’agriculture vivrière, le forage de puits est prévu. Ils fonctionneront avec des pompes à énergie solaire. Pour faire redémarrer la production, le Secours populaire fournira des semences et financera des formations à l’agriculture durable et à la gestion de l’eau. « Le but est d’assurer l’autosuffisance alimentaire des villages », souligne Jean Stellittano, secrétaire général de la fédération des Alpes-Maritimes.
Son partenaire local, le Forum jeunes Targa a fait l’acquisition, sur ses fonds propres, d’un terrain de sept hectares, sur lequel il construit actuellement une ferme coopérative. Elle servira de base d’appui au programme de soutien à l’agriculture vivrière. Elle accueillera un petit cheptel de dix chèvres et brebis. Les animaux seront confiés petit à petit aux habitants des douars de Taroudant. De même, ses champs serviront à préparer les semis qui seront ensuite distribués aux villageois pour qu’ils redémarrent leur propre production.