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À Grenoble, on a l’art de s’amuser !

Mis à jour le par import
Avec Brigitte, les familles s'initient au dessin à la craie.

Après deux ans d’interruption, les activités culturelles du Secours populaire de l’Isère reprennent enfin. Bénévoles et personnes aidées attendaient ce rendez-vous avec impatience. Ce samedi 7 mai, 150 personnes venues de tout le département étaient invitées au musée de Grenoble. Au programme : ateliers sur la couleur et la lumière.

« J’adore dessiner et peindre. Chez moi il y a beaucoup de tableaux faits par mon grand-père. C’était un artiste et il aimait beaucoup peindre les animaux », nous explique Léa, accompagnée de son papa. Un visage rieur, des taches de rousseur et une joie communicative, elle n’a de cesse de parler. Comme elle, une vingtaine de personnes participent à l’atelier « Couleur et lumière » animé par Béatrice, médiatrice culturelle du musée tandis que le reste des participants découvre d’autres ateliers dont « Le récit sur la couleur », « Chaque couleur à sa place », « Culture Pop », « Des couleurs plein les yeux », « Jeux d’optiques colorés »… Installés dans une petite salle du premier étage, les enfants et leurs parents écoutent attentivement les consignes données par Béatrice. Après avoir accroché une reproduction du peintre Pierre Bonnard, elle explique ce qu’elle attend des uns et des autres. Sur chaque feuille de calque distribuée, les artistes en herbe devront reproduire une partie du tableau.

C’est avec des craies que les dessins seront réalisés, ce qui en surprend plus d’un ; comme ils le disent, ils ne connaissent que les feutres et la peinture à l’eau. Léa a très vite fait son choix : c’est un bosquet qui l’inspire. A ses côtés, Sonia et Fatimata, ses amies d’un jour, préfèrent dessiner la fontaine et un arbre. Seule frustration pour Sonia, elle aurait aimé ajouter un soleil. Mais la règle est stricte, ne rien inventer, tout copier, telle est la règle imposée mais à laquelle tous se plient sans trop de difficulté. Circulant entre les tables, Béatrice prend le temps de conseiller et d’orienter ceux pour qui l’exercice semble plus difficile, notamment les parents qui sont parfois gênés et intimidés par le regard de leurs enfants sur leurs travaux. Elle profite de cet atelier pour transmettre certaines de ses connaissances. Couleurs chaudes, couleurs froides sont expliquées. Pour Tom et sa sœur Camilia, l’exercice rappelle les cours d’arts plastiques du collège.

Bien s’appliquer pour ne pas déborder du cadre

Quant à Ourdia et Hamid, venus avec leurs deux garçons âgés de 7 et 9 ans, mais aussi avec Lila tout juste deux ans, c’est un vrai moment de partage. Les enfants donnant des conseils à leurs parents, notamment sur la fragilité des craies ou l’importance de bien s’appliquer pour ne pas déborder du cadre. Aidés par le Secours populaire depuis plusieurs années, ils ont notamment découvert les Vosges en famille en 2019. « C’était magnifique, nous avons passé un séjour exceptionnel. Les bénévoles du comité nous proposent souvent de participer à des activités, cela nous fait du bien de sortir de chez nous. Cela nous permet de faire des choses en famille », nous disent-ils.

L’aide de l’association est ponctuelle pour eux ; en effet, intérimaire dans le bâtiment, Hamid n’a pas toujours les mêmes revenus et quand les fins de mois sont difficiles il sait pouvoir compter sur l’aide et le soutien des bénévoles du comité de Fontaine. Bien que la petite Lila ait du mal à rester en place, ses parents tentent de se concentrer sur la mission que leur a confiée la médiatrice. Une fois toutes les reproductions achevées, elles viennent remplir les fenêtres d’un grand panneau. Et c’est à cet instant que le choix du papier calque est compris de tous. Avec la lumière qui passe au travers des dessins, les couleurs changent. Émerveillés, petits et grands s’exclament en chœur : « C’est beau, on dirait que le soleil transforme les couleurs ».

À Grenoble, on a l'art de s'amuser !

Chacun a participé aux ateliers. Et en a retiré beaucoup de richesses.


Alors que l’été s’invite ce samedi après-midi-là, 150 familles accompagnées par le Secours populaire ont fait le choix de visiter un musée. Jacky Rey, responsable des activités culturelles du Secours populaire de l’Isère est satisfaite de cette belle participation. Elle revient sur l’objectif de cette journée. « Aujourd’hui, enfants et parents auront la chance de participer à des ateliers artistiques mis en place par l’équipe des médiateurs culturels. Avec cette activité, nous voulons ouvrir de nouveaux horizons aux familles que nous accompagnons tout au long de l’année. Cela permet aussi de donner une autre vision de la culture. Ici, avec cet espace pédagogique, l’art n’est pas qu’académique : il est aussi ludique. Ce sont des sorties qui sont attendues par tous. »

L’art n’est pas académique mais ludique

Depuis deux ans, tout a été suspendu et les moments de fête peu nombreux, c’est pourquoi elle apprécie « ses retrouvailles » avec l’équipe du musée qui depuis de nombreuses années organise ateliers et visites en partenariat avec l’association. Pour beaucoup, ces instants sont précieux ; être ensemble et participer en famille à des sorties comme celle-ci est souvent demandé. « Les enfants font beaucoup de choses avec l’école, le collège ou les centres de loisirs et seul le Secours populaire leur propose de partager des moments en famille », précise Sylvie Loyau, la secrétaire générale du Secours populaire de l’Isère.

Quarante-cinq minutes après leur entrée au musée, le premier atelier est terminé et un second s’enchaîne sans trop laisser de temps aux participants pour souffler. Mais c’est sans problème que Sonia, Ouardia, Hamid, Tom, Léa et tous repartent avec Candice qui leur fait traverser de nombreuses salles dans lesquelles les découvertes sont multiples et surprenantes. C’est devant le plus grand tableau du musée que les enfants se font prendre en photo avec leur téléphone. Peint par Rubens, celui-ci mesure cinq mètres de haut et pèse plus de 500 kg. Pour l’accrocher, il a fallu que l’architecte du musée réalise des plans spéciaux et adaptés à la taille hors norme de cette œuvre. « Saint-Grégoire pape, entouré de Saints et de Saintes » est mondialement connu.

Les tableaux racontent des histoires

Quelques minutes après, un petit garçon s’arrête devant plusieurs tableaux où l’on peut voir des hommes avec des perruques. Très surpris il s’interroge sur ces tenues un peu hors du temps pour lui et interpelle Christiane, une bénévole du SPF, en lui disant qu’il pensait que seules les femmes portaient des perruques. Amusée, celle-ci lui fait rapidement un cours d’histoire de la mode.

Après cette déambulation dans plusieurs salles, Candice propose au groupe de s’arrêter devant un tableau de Jean-Marie Vien, « L’enlèvement de Proserpine ». Assis par terre, les enfants doivent répondre à de nombreuses questions posées par la médiatrice culturelle responsable de l’atelier intitulé « L’histoire se raconte par la couleur ». Qu’est-ce que vous voyez dans ce tableau ?  Il y a des femmes ? Il y a des hommes ? Que font les personnages ? Quelle est la couleur du ciel ? Autant de questions qui permettent de décortiquer tous les éléments du tableau et d’en comprendre l’histoire. En prenant le temps de tout regarder en détail, elle leur permet de décrypter ce qu’a voulu peindre l’artiste. « Vous voyez les enfants, quand un artiste réalise une œuvre, c’est souvent pour raconter une histoire », explique-t-elle. Patrick et Maria, bénévoles, sont également captivés par les propos de Candice. « Elle sait intéresser les enfants et les parents. On apprend des choses sur l’art et la peinture tout en s’amusant et c’est vraiment chouette. »

« Cette sortie a fait du bien à tout le monde »

Alors que la journée s’achève, les familles et les bénévoles se retrouvent dans le hall d’accueil pour partager un goûter offert par le musée. L’enthousiasme et la joie sont perceptibles dans les regards et les expressions des familles et de leurs enfants. « Ma fille a adoré, elle s’est beaucoup amusée même si elle était déjà venue avec son école. Elle n’avait d’ailleurs pas fait d’atelier mais une simple visite des expositions », nous explique Florence, la maman de Jennifer. Pour les organisateurs (Secours populaire, musée de Grenoble et mairie de Grenoble), cette reprise du partenariat qui était très attendue a atteint son objectif : ouvrir de nouveaux horizons à des familles souvent en situation de précarité tout en leur offrant du plaisir. « Cette sortie a fait du bien à tout le monde, aux familles comme aux bénévoles. Cette journée donne le sentiment que la vie reprend et que de nouveaux projets sont possibles », conclut Jacky Rey. Une belle journée qui n’est certainement que le début d’une longue série.

À Grenoble on a l'art de s'amuser !

Enfants, ados et parents ont apprécié les ateliers qui leur ont permis d’exprimer leur compréhension et leurs sensations de leur immersion dans cet univers artistique

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